C'est le souhait du ministre du Tourisme Jamel Gamra et des professionnels locaux, échaudés par des manifestations à Hammamet.
Cela s'est passé le 2 mai, sur la grande plage d'Hammamet, juste à côté de la médina. Une foule de quelques milliers de personnes (2 000 à 3 000 selon un témoin) se rassemble (voir les photos sur Facebook), femmes et hommes séparés, pour écouter le prédicateur égyptien Mohamed Hassen, en tournée pour une semaine en Tunisie.
Salafiste tendance "scientifique" (qui ne se confronte pas aux régimes), connu pour ses positions ultra-conservatrices, Mohamed Hassen a été invité par plusieurs associations islamistes et accueilli en grande pompe par deux députés radicaux du parti au pouvoir Ennahda.
Seuls "quelques touristes étonnés" ont assisté à la scène, rapporte l'agent de voyages Douraied Ben M'rad. Mais la scène a agacé les professionnels du tourisme, déjà confrontés à la désaffection des vacanciers français.
D'autant que, si celui-ci est le plus spectaculaire, ce n'est pas la première fois qu'un tel rassemblement a lieu en plein Hammamet : en août dernier, la grande prière de l'Aïd s'était tenue sur la même plage, certes très tôt le matin. En novembre, un cheikh saoudien avait tenu conférence sur la place principale. La très active association Fajr al-Islam (L'aube de l'Islam) installe de temps en temps des tentes de prédication, parfois à destination des touristes.
Hammamet n'est pas seule concernée : la photo d'une petite tente, devant le souk de Port el-Kantaoui, a fait le tour des réseaux sociaux, la semaine dernière.
Le lendemain du prêche sur la plage d'Hammamet, les professionnels ont fait part de leur mécontentement, lors d'une réunion avec les autorités locales et le ministre du Tourisme. "On veut nous faire comprendre que ces gens ont le droit de cité, tant qu'ils sont pacifiques", rapporte Habib Bouslama, le président de la Fédération régionale de l'hôtellerie.
Comme beaucoup de ses confrères, il n'est pas en désaccord avec cette position, "mais les touristes, eux, peuvent le prendre de travers". Avis partagé par le ministre Jamel Gamra, qui a promis que "les espaces touristiques ne seront plus jamais ouverts aux réunions de prédication". "On attend les faits", dit Habib Bouslama.
Ces derniers jours, sur fond de traque d'un groupe de jihadistes armés dans les montagnes du Nord-Ouest, les autorités ont durci le ton, partout dans le pays : plusieurs tentes de prédication ont été délogées, empêchées de s'installer par la police, faisant monter la tension entre pouvoir et jihadistes.
Elodie Auffray, à Tunis