Le ministre du Tourisme égyptien et l'OT en France pointent la responsabilité du Quai d’Orsay et des réseaux de distribution dans la baisse importante du nombre de touristes français en Egypte.
A l’occasion de sa venue en France, le ministre égyptien du Tourisme, Hisham Zaazou, a fait part à la presse de son incompréhension face aux conseils aux voyageurs publiés par le ministère des Affaires étrangères (MAE) français. "Ces recommandations ne sont pas justes mais servent les intérêts de la France", a déclaré Hisham Zaazou, s’appuyant sur l’exemple du mois de septembre 2013.
"Le Caire était en vert sur la carte du Quai d’Orsay alors que la capitale égyptienne n’avait jamais connu autant de troubles mais il fallait bien que les travailleurs et étudiants français puissent retourner en Egypte après les vacances d’été. Pendant ce temps, Charm el-Cheikh restait en rouge alors qu’il n’y avait pas de problème", explique-t-il.
Le marché français enregistre la baisse la plus significative
Selon le ministre du Tourisme, il s'agit là d'un manque de logique qu'il ne peut s’empêcher de fustiger tant "les conséquences pour la fréquentation touristique sont importantes". Il a aussi fait remarquer que la France, avec une chute de près de 80% par rapport à sa fréquentation d'avant le Printemps arabe, représentait le marché dont la baisse était la plus significative.
Pour le ministre, cette désaffection des Français s’explique par "les inquiétudes face aux problèmes de sécurité et par la conjoncture économique en France".
Nahed Rizk, directrice de l’office de tourisme d’Egypte à Paris, impute cette énorme baisse au secteur BtoB. "Même lorsque le Quai d’Orsay ne déconseillait pas la destination, les agences de voyages ne la vendaient pas. Nous avons beaucoup investi pour faire venir les réseaux de distribution sur place constater que la situation était calme pour les touristes. De retour en France, ils ne conseillaient toujours pas la destination à leurs clients."
Déçue par l’attitude du BtoB qui "a longtemps considéré l’Egypte comme la poule aux œufs d'or avant de se détourner complètement d’elle", la directrice a décidé de mettre l’accent sur le BtoC avec un budget de 2 millions d’euros pour 2014. En 2013, aucun budget n’a été dépensé en communication, seulement pour assurer le fonctionnement de l’OT parisien. "L'an dernier, 190 000 Français se sont rendus en Egypte, contre 700 000 en 2010, une année qui avait déjà été marquée par le volcan islandais. Cette année, j'espère atteindre 300 000 Français", détaille-t-elle.
La porte n'est pas totalement fermée
Même si la directrice se montre réservée quant au rôle joué par les intermédiaires qui "déconseillent l’Egypte même quand le Quai d’Orsay ne le fait pas et quand les clients demandent à partir", la porte n’est pas totalement fermée au BtoB. "Ils peuvent revenir vers nous, en prouvant par leurs ventes qu’ils sont à nouveau prêts à soutenir l’Egypte, et nous les aiderons", déclare la directrice qui assure que le budget alloué par l’OT d’Egypte à la France peut encore être étoffé selon la réaction du marché.
Quoi qu’il en soit, la stratégie publicitaire et les canaux choisis sont encore un sujet de réflexion pour la directrice de l’OT. Autre sujet qui n’est pas clairement défini à ce jour : l’aide apportée aux charters. Jusqu’à présent, l’office de tourisme aide les opérateurs en subventionnant les sièges vides. L’OT voudrait inverser la stratégie en donnant des incentives sur les sièges vendus. "Sur le marché français, les brokers à qui nous avons demandé leur avis sont partants", assure Nahed Rizk.
Dans cette atmosphère un peu tendue, on peut tout de même mettre en avant une avancée pour le marché français : Egypt Air ouvrira un vol hebdomadaire entre Paris et Louxor à partir du 15 février. Selon la directrice de l'OT, "le premier vol est déjà complet". Les Français étant surtout adeptes des croisières sur le Nil, c'est une bonne nouvelle.
Florence Brunel