Alors que les négociations entre la Grèce et ses créanciers se prolongent, le gouvernement semble prêt à relever la TVA dans les îles de la mer Egée.
La Grèce et ses créanciers sont toujours embourbés dans les négociations, au grand dam des professionnels du tourisme, inquiets de cette prolongation. "La Grèce est dans une période d’incertitudes tant qu’aucun accord n’est trouvé et le tourisme risque d’en subir les conséquences. L’objectif des 25 millions de touristes en 2015 doit encore être confirmé, sachant que le mois de mars par exemple a été plutôt négatif", a déclaré à la radio Skai le président de la Confédération du tourisme grec, Andreas Andreadis.
Le président de l’Union des hôteliers d’Héraklion (Crète), Nikos Chalkiadakis, note surtout "une diminution des réservations en provenance d’Allemagne et de Grande-Bretagne. Les demandes venant de France et d’Italie restent positives".
Le secteur est aussi préoccupé par les mesures qui pourraient être prises dans le cadre d’un accord. Le gouvernement d’Alexis Tsipras doit en effet transmettre une liste de réformes à ses partenaires européens pour obtenir le versement d'une dernière tranche d'aide financière de 7,2 milliards d'euros. Parmi les réformes qui sont dans la balance, il est question de mettre fin au régime préférentiel de TVA dont bénéficie la région de la mer Egée.
TVA dans les îles de la mer Egée
Dans ces îles, la TVA sur les hôtels s’élevait jusqu’à présent à 5%, contre 6,5% sur le continent grec, la TVA sur les restaurants n’était que de 9%, contre 13% dans le reste du pays. Ces avantages fiscaux s’expliquent notamment par le coût du transport, les produits consommés dans les îles étant en général plus chers qu’ailleurs en Grèce.
D’après la presse grecque, le gouvernement d’Alexis Tsipras envisage plusieurs options : soit une unification de la TVA à 15% dans tout le pays sur tous les produits (sauf les médicaments, les journaux et la nourriture), soit l’augmentation de la TVA dans les îles de la mer Egée afin d’uniformiser les taux avec ceux du continent. Mais les créanciers de la Grèce font également pression pour augmenter la TVA sur les hôtels de 6,5% à 13%.
Une taxe de séjour à l'étude sur les hôtels de luxe
Cette nouvelle fiscalité pourrait rapporter 250 millions d’euros par an à l’Etat grec, selon le journal de centre droit Kathimerini. Une taxe de séjour sur les hôtels de luxe sur une période allant d’avril à septembre est par ailleurs étudiée : le client pourrait soit avoir à débourser dans toute la Grèce 1 à 5 euros par nuitée pour les établissements de plus de 3 étoiles, soit avoir à payer 3% à 5% du prix de la chambre uniquement dans les îles.
Pour le président de la Confédération du tourisme grec, "le tourisme en Grèce doit rester compétitif. Ces mesures ne doivent pas être prises sous le coup de la panique". Andreas Andreadis salue néanmoins un autre dispositif proposé par le nouveau gouvernement : la mise en place dans 23 îles de la mer Egée de plus de 3 100 habitants (dont Santorin, Mykonos, Paros, Milos, Patmos, etc.), du paiement obligatoire par carte bancaire pour les sommes de plus de 70 euros. Peut-être un bon moyen de lutter contre la fraude fiscale…
Malgré les craintes du secteur touristique grec, les quatre premiers mois de 2015 restent positifs : le trafic international à l’aéroport d’Athènes a ainsi enregistré une augmentation de 20,7% par rapport à l’année dernière.
Marina Rafenberg, à Athènes