
Le courtier aérien poursuit sa diversification dans l’affrètement.
L’avion est en panne et ne peut être réparé rapidement. Les passagers attendent en salle d’embarquement. Le transporteur a le choix entre annuler le vol avec de lourdes pénalités, et affréter un appareil de remplacement. Le savoir-faire d’un courtier aérien comme Avico est alors essentiel.
La société créée par Mourad Majoul et Gilles Gompertz dispose d’un vrai centre opérationnel ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avec six personnes qui travaillent en horaires décalés. Parmi une centaine de compagnies, Avico peut trouver le bon avion au bon endroit (ou au moins mauvais) pour être mis en place et dépanner.
Gilles Gompertz insiste : "Il ne s’agit pas seulement de signer un contrat, mais d’apporter des solutions opérationnelles et de s’assurer que toute la chaîne logistique (catering, bagages, assurances, etc.) suit. Si la navette routière n’a pas été prévue pour l’équipage à l’arrivée, cela décalera son repos et le vol du lendemain repartira en retard".
La stabilité financière d’Avico (2 millions d’euros de trésorerie pour la France et 10 millions pour le groupe) permet à la compagnie aérienne affrétée de faire crédit alors que l’usage est de "payer au cul du camion". Ce qui est essentiel pour lancer un vol en pleine nuit ou un dimanche quand les banques sont fermées.
A côté de la gestion de crise, la recherche de contre-saisonnalités est devenue une part importante de l’activité compagnie aérienne d’Avico. Ainsi, pour les pointes d’été, Vueling affrète la lituanienne Avion Express. Ryanair fait appel à Smartlynks. XL Airways utilise un A330 de la portugaise Hifly. Transavia détache ses avions l’hiver chez Air Transat.
Le pélerinage du Hajj met la pression sur l'été
Pour l’affrètement, l’été va devenir de plus en plus compliqué, avec le pèlerinage du Hajj, qui mobilise les gros-porteurs disponibles dans le monde, cette année dès la mi-août et l’an prochain encore plus tôt. Conséquence, les tarifs pour aller à La Mecque augmentent mais aussi ceux des voyages l’été faute d’avions disponibles.
Avico affrète pour le compte de Saudia Airlines et de Garuda, cette année une petite dizaine de B767, B747 et A330. La aussi, Gilles Gompertz s’attache aux à-côtés, comme louer des condominions pour héberger les 200 membres d’équipage en escale ou recruter des navigants de cabine arabophones ayant les qualifications européennes.
Les affrètements au bénéfice d’Etats ou d’institutions internationales sont une deuxième activité, qui représente 20% du chiffre d’affaires contre 40% pour les compagnies privées. Un nouveau contrat a été signé avec l’armée de l’air suédoise, qui s’ajoute à la fourniture d’un Airbus A321 à la Belgique. Des accords sont signés avec l’armée française et le Quai d’Orsay permettant des affrètements en cas de crise sans nécessiter un appel d’offres.
Un CA en hausse de 11% en France
Secteur difficile, l’incentive représente quand même 40% du chiffre d’affaires avec une légère hausse en 2014. Là aussi, la situation d’Avico joue en sa faveur car la société publie ses comptes audités, ce qui permet à ses clients de voir qu’ils disposent de garanties financières de bonne fin. Une quarantaine d’entre eux passaient aujourd’hui la journée à Majorque avec un vol affrété de Hop!.
Les chiffres 2014 sont éloquents. Le chiffre d’affaires France de 71 millions d’euros est en hausse de 11% avec 1 million d’euros de bénéfices. Pour le groupe, le CA est passé de 128 à 142 millions d’euros. "Ces résultats ont été possibles grâce à notre diversification et, par chance, cette année, aucun secteur n’est défaillant", constatent les dirigeants d’Avico.
T.V., à Majorque