Le nouveau site web de Webedia a affiché son ambition lors de son lancement hier soir au Quai d'Orsay, sous l'égide de Laurent Fabius, en partenariat avec la SNCF et Atout France.
"Si on n'y arrive pas avec tout ça, on est nul!". Marc Ladreit de Lacharrière, le Pdg de Fimalac et président du conseil de surveillance de Webedia, affichait sa confiance hier soir dans les prestigieux salons du Quai d'Orsay, en marge de la présentation de Le Bon Guide, le nouveau site internet lancé par son groupe.
Le Bon Guide se présente comme "un nouveau média pour le tourisme français", alliant des informations sur les activités et les prestations touristiques en France, et une plateforme permettant aux internautes d'effectuer des réservations, soit directement dans le système du site, soit en étant routés vers les systèmes des opérateurs.
Lors d'une présentation en grande pompe, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères en charge du Tourisme, a accompagné le lancement du portail, certes privé, mais dont la vocation à devenir la porte d'entrée de l'offre touristique française se substitue à une mission considérée un temps comme institutionnelle.
Ce n'est pas un hasard si Atout France et la SNCF comptent parmi les partenaires de Webedia dans cette aventure. L'agence de l'Etat et VSC s'étaient associés il y a trois ans, aux côtés de la Caisse des dépôts, pour créer un site portail de l'offre France, dernière tentative d'une série infructueuse des pouvoirs publics.
Une alternative pour les prestataires face à Booking
Laurent Fabius a d'ailleurs annoncé d'emblée la couleur : il s'agit bien de contrer les ambitions des grands opérateurs online mondiaux du secteur, notamment américains comme Booking, de capter la valeur ajoutée des acteurs du tourisme français. Le ministre y voit en effet une brique d'un dispositif visant à préserver les quelque 2 millions d'emplois du secteur dans le pays, et d'en créer de supplémentaires.
Fort de son expérience et de ses succès dans le cinéma (Allo Ciné), les jeux vidéos ou la cuisine, le groupe Webedia fédère avec Le Bon Guide toute une chaîne d'acteurs : les hôteliers, qui se voient proposer un "modèle gratuit", ou à tout le moins sans commission; les prestataires d'activités et les destinations françaises qui peuvent utiliser le système de réservation élaboré par Webedia; Easyvoyage (entré la semaine dernière dans la galaxie du groupe) qui fournit ses moteurs de vols et d'hôtels.
Voyages-sncf.com met à disposition son moteur de recherche et Atout France ses réseaux marketing et sa connaissance des marchés internationaux. Le Bon Guide prévoit d'ailleurs de se déployer à l'international à partir de la fin 2015, avec des versions en anglais, en allemand, en espagnol et en néerlandais.
Guillaume Pépy, le président de la SNCF, a décrit le nouvel outil comme hautement stratégique : "nous avons fait le choix de l'alliance plutôt que de la concurrence. L'enjeu est le leadership de la France dans le tourisme international. Nous devrions devenir la première destination touristique digitale grâce au Bon Guide" a-t-il estimé.
De son côté Dominique Desseigne, le président du groupe Barrière (dont Fimalac est actionnaire) a salué un outil capable de permettre aux hôteliers de réduire les coûts en évitant "les commissions abusives", tout en fidélisant la clientèle "un peu comme un concierge d'hôtel".
Un modèle économique inspiré du Bon Coin
Le Bon Guide revendique un modèle économique proche de celui du Bon Coin, comme l'explique Antoine Hermite, le directeur général : "nous vendons de la visibilité en proposant aux prestataires des emplacements sur le site et des services, notamment des outils logiciels qui leur permettent de gérer leurs réservations". Et d'assurer vouloir "travailler avec tous les partenaires pertinents", incluant l'aérien et les acteurs du tourisme collaboratif...
Avare de chiffres sauf lorsqu'il s'agit d'audience, le groupe vise 2 millions de visiteurs uniques et la rentabilité d'ici à 18 mois. Un objectif d'audience qu'Antoine Hermite qualifie d'"assez raisonnable" tout en évoquant un investissement technologique de lancement de "10 à 20 M€", selon que l'on inclut ou non les développements technologiques transversaux déjà effectués en interne.
Le directeur général du site estime que le modèle "zéro commission" profitera aux consommateurs, qui devraient ainsi trouver sur Le Bon Guide "le meilleur prix", assorti d'avis d'experts, à savoir les prestataires eux-mêmes et la cinquantaine d'"auteurs" de la rédaction tourisme recrutés par Webedia partout en France.
Quant au rapprochement avec Easyvoyage, il devrait se limiter dans l'immédiat, selon Antoine Hermite, aux "synergies rédactionnelles" et à la "complémentarité d'audience", durant une première phase au cours de laquelle "chacun travaillera de son côté". Géographiquement, les équipes de Jean-Pierre Nadir quitteront leurs locaux du 15e arrondissement de Paris pour rejoindre le siège de Webedia à Levallois-Perret.
Marc Ladreit de Lacharrière, qui assure un brin bravache n'avoir aucun concurrent dans le secteur hormis Google, clame volontiers qu'Easyvoyage constitue l'un des piliers de son nouveau pôle tourisme, sur lequel se penchent décidément de nombreuses fées...
Virginie Dennemont
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