Le ministre des Affaires étrangères vient d'annoncer la mise en œuvre de plusieurs chantiers pour développer le réceptif France.
Actualisé à 15h14
Après les déclarations d'intention et les annonces ferventes, on attendait l'entrée en vigueur de vraies mesures pour le tourisme. Ce temps semble venu.
Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères et du Développement international, qui chapeaute le tourisme, a voulu montrer qu’il rentre dans le vif du sujet, lors d’une conférence qui a vocation à devenir un point d’étape annuel pour le secteur.
Après la mise en place de l’ouverture du dimanche dans les zones touristiques internationales, la signature de nouveaux contrats de destination, et une série de mesures d’urgences, le VRP de luxe du secteur dit vouloir s’attaquer aux questions structurelles qui doivent permettre au tourisme réceptif d’atteindre 100 millions de visiteurs d’ici 2020 contre 84 millions aujourd’hui.
Le ministre a annoncé à la mi-journée au Quai d'Orsay, devant un parterre de plus de 200 professionnels du secteur et journalistes, des avancées concrètes notamment en matière de stratégie numérique de l’offre France, d’amélioration de l’offre hôtelière, de refonte des statistiques touristiques, et de formation d’excellence.
Le lancement d’une campagne de communication dans le cadre de l’Euro 2016 doit également contribuer à sensibiliser les Français à l’importance que représente l’accueil pour une nation touristique. Elle devrait s’appuyer sur les villes françaises organisatrices de la Coupe d’Europe de football. A noter qu'Atout France sera doté l'an prochain d'une enveloppe de 5 M€ supplémentaires générés par les attributions de visas, qui s'ajoutera au budget de 32 M€ de l'organisme pour assurer la promotion de la destination.
Si la promotion touristique est importante, l’action sur l’offre est désormais une priorité. Un dispositif d’investissement, doté de 1 milliard d’euros, à travers la Caisse des dépôts et la BPI (Banque publique d’investissement), s’adresse tant à la rénovation qu’à la construction hôtelière, au développement d’infrastructures, mais aussi au financement de start-up du tourisme innovantes en phase d’accélération.
Depuis plusieurs mois, le gouvernement multiplie également les commentaires sur la nécessité d’assurer une meilleure visibilité online aux territoires français à travers une vingtaine de marques fortes reconnues à l’international comme Paris, mais aussi French Alps, Côte d’Azur, Bordeaux, Loire Valley, etc.
Le serpent de mer que constitue un portail de réservation a été définitivement abandonné pour des raisons de budget et de faisabilité technologique. RendezVousEnFrance.com, site d'information sur les régions touristiques française, et ses déclinaisons en 17 langues, sont désormais redirigés vers le nom de domaine www.France.fr. D'ici la fin de l'année, un appel d'offres doit permettre d'enrichir le site avec des contenus d'autres secteurs.
Une initiative menée parallèlement au partenariat scellé entre Atout France et le site LeBonGuide, qui vise à commercialiser l'offre touristique française au sein d'un portail à la fois éditorial et marchand.
Concernant les statistiques de fréquentation du territoire français, dont la méthodologie fait débat depuis des années, elles pourraient s’inspirer à l’avenir d’une expérience menée en Paca et basée sur les données récoltées via le téléphone mobile des visiteurs. Le projet, piloté par la Direction générale des entreprises (DGE), consiste à regrouper toutes les données récoltées par les collectivités territoriales (CRT, CDT, OT) afin de créer un guichet unique de l'information touristique française, accessible à tous, notamment aux acteurs du privé.
Atre chantier, la formation. La France ne dispose pas d’écoles spécialisées susceptibles de jouer le rôle d’étendard à l’international à l’instar d’une Cornell aux Etats-Unis ou de l’Ecole hôtelière de Lausanne en Suisse.
Pour gagner en visibilité, la création de la Conférence des formations d'excellence dans le tourisme (CFET), sur le modèle de la Conférence des grandes écoles, aura pour mission de décerner le label aux spécialisations tourisme dites "d’excellence" de certaines écoles reconnues, comme le MBA en Hospitality Management de l’Essec, l’Institut de recherche et d'études supérieures du tourisme de Panthéon-Sorbonne ou l’école française de gastronomie Ferrandi, et de les regrouper en réseau via un site internet traduit en plusieurs langues. Une façon d’éviter la fuite des Français à l’étranger, et d’attirer les talents internationaux dans l'Hexagone.
Durant cette matinée très dense, une grande absente des annonces cependant : l’industrie aérienne française et les droits de trafic des compagnies étrangères vers la France. Un élément pourtant essentiel de la politique touristique. Selon nos informations, le ministre envisageait initialement de se prononcer sur la desserte des régions.
LIRE sur le blog : Air France ou la fausse note de la conférence Tourisme de Laurent Fabius
Mais l’actualité brûlante d’Air France ne plaide sans doute pas pour une ouverture accrue de la concurrence à court terme… Ou du moins d'en faire étalage. Sauver la compagnie nationale ou développer les territoires, faudra-t-il choisir ?
V.D.