Un consommateur européen pourra désormais acheter librement produits et services sur le site Internet de son choix en Europe sans subir les redirections automatiques. C'est la fin du blocage géographique (ou géoblocage).
C'est une ruse commerciale qui fera bientôt partie du passé en Europe. Depuis plusieurs années, certains sites Internet pratiquaient une forme de yield management en fonction des marchés, en empêchant les consommateurs d'un pays donné de surfer sur les versions du site proposées dans les autres pays. Une pratique qui a pris de l'ampleur : selon une étude "client mystère" réalisée par la Commission européenne, 63% des sites passés en revue, tous secteurs d'activités confondus, ne permettent pas à leurs consommateurs d'acheter depuis un autre pays de l'Union européenne.
Le Parlement européen vient donc d'y mettre un terme avec une nouvelle législation adoptée par 557 voix, contre 89 voix et 33 abstentions. "Les commerçants devront traiter les consommateurs transfrontaliers de la même façon que les acheteurs locaux, en leur proposant les mêmes prix", insiste l'institution européenne. "Les acheteurs en ligne bénéficieront d'un accès transfrontalier plus large aux produits, aux réservations d'hôtels, aux locations de voitures, ou encore aux billets de concert dans l'UE."
Un vol Air France moins cher sur les sites italiens, allemands et espagnols
Concrètement, les consommateurs pourront désormais acheter produits et services sur n'importe quel site opérant dans l'Union européenne sans être bloqués ou automatiquement redirigés comme cela pouvait être le cas auparavant.
Autre évolution : les sites auront désormais interdiction de traiter les clients de façon différente selon le lieu d'émission d'une carte de crédit ou de débit. "Bien que les commerçants restent libres d'accepter n'importe quel moyen de paiement, ils ne pourront pas discriminer au sein d'une marque de paiement spécifique en se basant sur la nationalité", précise le Parlement européen.
Les nouvelles règles devront être appliquées par tous les sites d'ici la fin de cette année, après l'adoption par le Conseil de l'Europe et leur publication au Journal officiel de l'UE.
A noter que la pratique reste légion en dehors de l'Europe. S'il est, par exemple, possible de surfer sur le site autrichien d'Airbnb depuis la France, les consommateurs français ne peuvent toujours pas ouvrir le site américain d'Airbnb : un reroutage automatique renvoie directement sur le site français de la plateforme.
Un petit tour des sites étrangers peut d'ailleurs valoir le coup : pour le même aller-retour Paris-Los Angeles, avec les mêmes vols, nous avons ainsi trouvé le tarif de 1 064 € sur le site français d'Air France mais de 1 059 € sur les sites italiens, allemands et espagnols de la compagnie. Cinq euros d'écart sans une once d'explication !