Air France, SNCF, Aéroport de Paris, CWT… Les grands groupes sont de plus en plus nombreux à s'intéresser aux start-ups. Objectif : une relation win-win !
A priori ce sont deux mondes à part et, pourtant, de plus en plus de grands groupes tissent des liens avec des start-up. Et cette tendance s'accélère encore aujourd'hui !
Après Air France, IAG ou Marriott, la SNCF a lancé en septembre le MoveTech Challenge Startup, "le premier concours international dédié aux solutions qui améliorent les déplacements du quotidien". Et, dans la foulée, la compagnie ferroviaire vient de mettre en place le challenge "Sprint Information Voyageur", un concours qui doit permettre d'"améliorer les outils et les process liés à la communication destinée aux clients".
Autre initiative remarquée : le 19 octobre dernier, le groupe ADP a organisé son premier Airport Startup Day, un mini-salon qui a rassemblé 20 start-up du monde du tourisme à l'intérieur même du terminal 2F de l'aéroport Paris-CDG.
L'incubateur en première ligne
Outre ces concours et autres "hackatons", les relations entre grands groupes et start-up s'organisent, notamment via les incubateurs. Le Welcome City Lab, l'incubateur parisien dédié à l'innovation dans le tourisme, compte ainsi 9 grands groupes parmi ses membres fondateurs. Et la liste s'agrandit régulièrement : au début du mois, la Compagnie des Alpes a fait son entrée au sein du comité de pilotage de l'incubateur.
L'intérêt ? "Cela nous donne tout d'abord un accès privilégié à des start-up du tourisme dans leur toute première phase", justifie Régis Pezous, directeur Product Incubation de Carlson Wagonlit Travel. "Etre membre du Welcome City Lab c'est concrètement lire 100 dossiers de candidatures et auditionner 40 start-up pour en choisir 15 par an. Ainsi nous sommes au fait des nouveautés, pour nous réinventer, innover et repenser nos offres", ajoute-t-il.
Certaines grandes entreprises créent aussi elle mêmes leurs propres accélérateurs. L'an dernier, le groupe IAG, maison mère de British Airways et d'Iberia, a déployé Hangar 51, un accélérateur dédié au transport aérien.
Mais pourquoi ces grands groupes s'intéressent-ils aux start-up ? On pourrait effectivement penser que des entreprises comme Air France, forte de près de 63 000 salariés, ou la SNCF, avec 260 000 salariés, ont largement les ressources pour innover. Mais c'est justement la raison d'être de l'Open Innovation, l'innovation ouverte en français, une théorie formalisée en 2003 par l'universitaire américain Henry Chesbrough qui affirme qu'il ne faut pas s'appuyer uniquement sur sa propre recherche pour innover.
"Nous avons des équipes en interne qui sont dédiées à l'innovation et l'incubation de nouveaux produits et services ainsi que des équipes de R&D classique mais aujourd'hui il est important d'aller voir à l'extérieur pour trouver les meilleures solutions", illustre Régis Pezous.
Créer des services inattendus
En s'adressant à des start-up, les grands groupes peuvent alors faire émerger de nouvelles idées, des concepts auxquels ils n'auraient peut-être même pas oser penser. Pour Patrick Ropert, directeur de la communication à la SNCF, "l'enjeu est de permettre à l'écosystème de croiser nos données avec d'autres pour créer des services inattendus".
Et ces échanges d'idées n'en restent pas qu'au stade du laboratoire. Depuis mars, Air France est ainsi en train de déployer en agences l'invention de la start-up Lineberty, une appli qui permet d'estimer le temps d'attente au guichet. La compagnie aérienne propose aussi, avec la start-up Interactive Mobility, une offre de divertissement à pré-télécharger sur sa tablette ou son téléphone pour des vols moyen-courriers.
Autre exemple : CWT développe avec la start-up Destygo un "Hotel booking bot", un robot de réservation qui permettra de réserver des chambres d’hôtel, via un échange de SMS, tout en respectant la politique voyage. Destygo avance aussi avec le groupe ADP, qui travaille en parallèle avec la start-up FieldBox pour créer une brique de machine learning pour les trieurs à bagages.
"Nous menons en moyenne une quinzaine d'expérimentations par an, dont les plus concluantes sont ensuite déployées dans nos terminaux", affirme le groupe ADP. L'Open Innovation ne fait que décoller !
Didier Forray