Mercredi, c’est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Et cette semaine, il ne rate pas la SNCF, qui fait les frais du rapport de l’ancien patron d’Air France, avec quelques anecdotes croustillantes au passage …
Il fallait oser confier un rapport sur la SNCF à l’ancien patron… d’Air France ! Certes, c’est bien de prendre de la hauteur pour un sujet aussi terre à terre. Mais difficile d’oublier que lorsqu’il était aux commandes de la compagnie aérienne, Jean-Cyril Spinetta n’a pas toujours brillé au firmament.
Il est notamment celui qui a raté… le train (!) du low cost. Ne déclarait-il pas, au début des années 2000, que les compagnies à bas coûts ne lui faisaient pas peur ? Jolie clairvoyance !
Ses conclusions sur l’avenir du train sont-elles plus pertinentes ? En tout cas, j’espère qu’il n’a pas pris trop cher pour pondre ce rapport de 120 pages. Perso - et en toute modestie !- j’aurais sûrement permis à l’état de faire des économies. Car pas besoin d’enquêter des mois pour savoir que les TER sont vides et que les TGV sont à bout de souffle. Il suffit de prendre le train… plutôt que l’avion. A sa décharge, Monsieur Spinetta vole gratuitement !
Du coup, je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous mes deux dernières expériences ferroviaires. Un joli Train Express Régional (ça fait plus chic que TER) au départ d’Austerlitz, cette gare parisienne abandonnée par le progrès. Ca commence mal !
La première fois, c’était en novembre. 1h30 de retard, soit un temps de trajet doublé… La faute aux feuilles tombées sur les rails qui font patiner les roues, dixit le contrôleur. Sûrement encore un sale coup du réchauffement climatique !
Plus de 10 % des trains n’étaient pas à l’heure en 2017
La seconde fois, c’était en janvier. Le conducteur a tout simplement oublié de prendre son service. Train annulé ! Il avait sûrement mieux à faire - un samedi à 8 h du mat’ - que de conduire un tortillard à 80 km/h à travers la plaine de Beauce désolée.
Cela dit, il sera bientôt tranquille. J’ai appris que ma bucolique ligne était sur la liste des tronçons menacés, faute de passagers. En même temps, la SNCF n’a pas fait grand-chose pour leur faire "aimer le train" !
Dans les TGV - que j’ai également beaucoup pratiqué ces dernières années - ce n’est guère mieux : des prix plus opaques que ceux des compagnies aériennes (qui ont pourtant placé la barre très haut !), des services aléatoires (ah, le fameux wagon-bar fermé !) et des retards en cascade. Plus de 10 % des trains n’étaient pas à l’heure en 2017. Et encore !
A la SNCF, on a une étrange façon de compter. En dessous de 5 minutes de retard, un train est considéré… à l’heure ! "Pas grave" entend-on régulièrement dans les wagons, comme si les passagers s’étaient habitués à cette médiocrité.
Chez les "saigneurs" du rail - comprenez les syndicats - on a trouvé la solution : ne surtout rien changer et appeler à la grève, le 22 mars. Parce que ce n’est pas facile, la vie à la SNCF ! Il faut parfois travailler le week-end, découcher une nuit ou deux par semaine…
Mais combien de salariés travaillent également le dimanche, au comptoir d’un restaurant ou dans les rayons d’un magasin, pour un salaire de misère ? Et je ne vous parle pas des agents de voyages ! Bien sûr, les cheminots ne sont pas responsables de tous les maux de la SNCF mais il serait temps qu’ils redescendent sur terre. Pour ma part, j’ai ressorti la voiture du garage.