Le mercredi, c'est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Et cette semaine, il regrette le maigre bilan des Assises du transport aérien.
Après la fête à la voiture diesel, voilà donc la fête à l’avion ! Pour sauver la planète (ou aider le gilet jaune), pas une semaine sans que les politiques ne montent à la tribune pour lui mettre des bâtons dans les ailes. On avait pourtant crû naïvement, avec les Assises du transport aérien, qu’une nouvelle page allait s’ouvrir. Elles viennent — enfin — de livrer leurs conclusions. Quel triste bilan !
La proposition la plus emblématique réside dans la baisse de la taxe d’aéroport à 90 centimes par passager, contre 1,25 €. Pour le reste, mis à part quelques oboles symboliques, elles ont décidé de passer la patate chaude au Conseil Supérieur de l’Aviation Civile, encore un « machin » dont je n’avais jusqu’à présent jamais entendu parler. Voilà qui ne devrait pas dégager l’horizon avant longtemps !
Les taxes représentent plus de 50% du prix d'un billet d'avion
D’autant que cette petite baisse envisagée (reste encore à la valider !) pourrait bien être absorbée par d’autres mesures visant à lutter contre le réchauffement climatique. Au concours Lépine des meilleures taxes et des plus beaux impôts, plusieurs pays européens souhaitent en effet l’instauration d’une TVA sur les billets d’avion ou d’une taxe européenne sur le kérosène. De quoi rapporter jusqu’à 17 milliards d’euros par an…
Pas illégitime quand ont sait que l’avion est plus polluant que le train, mais irresponsable selon la Fédération Nationale de l’Aviation Marchande. Certes, l’organisme est d’abord là pour défendre les intérêts des compagnies aériennes. Mais il rappelle à juste titre que pour un Paris-Nice, le total des taxes et redevances (une vingtaine !) représente déjà plus de 50% du prix du billet.
De nouvelles opposantes au CDG Express
Il rappelle aussi qu’un système mondial de compensation des émissions de carbone de l’aviation a été mis en place au début de l’année. Est-il responsable d’en rajouter une couche, sans faire le ménage par ailleurs ? Mais qu’importe la taxe, me direz-vous. Car c’est bien connu, le transport aérien est un moyen de transport réservé aux « riches » qui ont les moyens de payer !
C’est en tout cas ce qu’ont laissé entendre Anne Hidalgo et Valérie Pécresse il y a quelques semaines en s’opposant soudainement au projet de train CDG Express entre l’aéroport de Roissy et le centre de Paris ; elles qui l’avaient pourtant soutenu quelques mois plus tôt, lors de la candidature de Paris aux Jeux olympiques.
Un vol Paris-Barcelone au prix d'un train Paris-Vierzon
Un joli retournement de veste… Motifs : mieux déployer les moyens en modernisant le RER (ne peut-on faire l’un sans l’autre, sachant que le CDG Express est financé par des fonds privés ?) et éviter des travaux perturbants pour le quotidien de la vie des Franciliens. Venant de la part d’une maire qui défonce Paris à coup de marteaux-piqueurs, il y a de quoi rire !
Est-il bon de rappeler à nos chères élues qu’il est possible de s’envoler pour Barcelone pour 30 €, le prix d’un billet de train pour Vierzon (18) ? Que dans les aérogares, il y a belle lurette que les jeans ont remplacé les costumes trois pièces ? Et tant pis si le touriste chinois fraîchement débarqué à Paris, pourtant l’une des clientèles prioritaires des deux femmes si l’on en croit leurs discours lors des bilans touristiques, doit emprunter un RER sale et surchargé pour rejoindre les Champs-Élysées, avec l’angoisse de se faire dépouiller à chaque arrêt, plutôt qu'un CDG Express flambant neuf...