Vedettes de Paris devient pionnière dans le domaine du tourisme fluvial en lançant jeudi 1er février 2024, son premier bateau rétrofité 100% électrique. Les objectifs de la compagnie sont de disposer majoritairement d’une flotte 100% électrique en marge des Jeux Olympiques de Paris 2024.
L’origine du projet enraciné dans la Convention des entreprises pour le climat
En 2021, et alors que la compagnie sort à peine du Covid, avec 150 entreprises françaises, Vedettes de Paris participe à la première édition de la Convention des Entreprises pour le Climat. L’urgence de l’action s’impose, et une évidence : la diminution du bilan carbone de la compagnie passera majoritairement par le changement de motorisation de ses bateaux, responsable à elles seules de 50% de ses émissions de GES (données 2019). Il s’agit alors de rétrofiter ses unités, opération ayant un impact environnemental moindre que la construction de bateaux neufs.
Les challenges de la mutation 100% électrique
Le choix technologique des batteries et son adéquation au rythme d’exploitation des bateaux est crucial dans le process de mutation : garantir la navigation à des bateaux qui opèrent sans interruption de 10h du matin à minuit passé, avec des escales au port ne dépassant pas les 20 minutes, voilà le challenge. Les contraintes à prendre en compte sont nombreuses : flottabilité́, stabilité, vitesse minimale de navigation sur le fleuve, forts courants en cas de crue, sécurité́, etc.
Si les premières études se sont révélées infructueuses (la première remontant à 2014), la technologie des batteries à recharge rapide a permis d’envisager à nouveau cette remotorisation. C’est pourquoi Vedettes de Paris a décidé de participer en 2019 au groupe pilote d’étude mené́ par la Communauté Portuaire de Paris (CPP) afin d’évaluer la possibilité́ technique d’un tel projet.
L’évidence de ce projet inédit dissimulait naturellement de nombreux défis technologiques à solutionner. Les études de faisabilité́ devaient répondre à trois contraintes majeures :
1. Garantir la stabilité du bateau, notamment sous le poids des batteries ;
2. Fournir une énergie suffisante pour contrer les forces du fleuve, et donc minimiser les besoins ;
3. Assurer une navigation commerciale sur plus de 12 heures sans interruption, quelles que soient les conditions de navigation.
Les acteurs de la transformation du bateau Paris Trocadéro
C’est seulement un an après la confirmation de la faisabilité́ de l’électrification de ses unités dans leur principe que des études complètes et poussées ont été lancées par Ship-St en novembre 2021 pour le bateau Paris Trocadéro. La réalisation de cette opération inédite de transformation a été confiée aux Chantiers navals du Nord Van Praet pour la partie hydrodynamisme et à la société Actemium spécialisée en électricité́ marine pour la propulsion, partenaires qui assureront la transformation des trois autres unités d’ici mi 2025.
La réussite de cette opération de rétrofit est le fruit de la collaboration de nombreux acteurs impliqués, partenaires de l’entreprise : Haropa Port, BPI France, Voies Navigables de France, etc...
Des résultats très encourageants
A mi-2025, après la transformation de trois autres bateaux, la décarbonation de Vedettes de Paris évitera la consommation de 400 000 litres de gasoil par an, soit la production de 1 250 tonnes de CO2 annuellement (data 2019). A lui seul, le Paris Trocadéro permet d’éviter 59,5 fois le tour de la terre en voiture thermique.