La Turquie avec ses 1 100 km de côtes offre déjà un tourisme déjà très populaire. A contrario, la zone orientale de l'Anatolie, encore peu touchée par le flux de visiteurs, offre un étonnant potentiel de visite
Les étrangers et les Turcs de l'ouest préfèrent depuis longtemps passer des vacances sur les côtes de Marmara ou dans la région de la Cappadoce. Mais l’Anatolie avec ses beautés naturelles et les lieux d'intérêt culturel offre des expériences différentes aux confins de la frontière de l'Arménie, la Géorgie et de l'Iran.
Kars, la ville de la neige
La ville de Kars, située sur un plateau glacé au milieu des montagnes n’est qu’à 1h environ de la Géorgie et de l'Arménie. L'architecture tsariste de nombreux bâtiments, les "maisons russes" caractérisent encore les rues du centre de Kars. Si la ville a prospéré à l'époque ottomane grâce à sa situation géographique, elle a vite déchu lors de la crise économique du XXe siècle. Mais aujourd’hui, Kars semble jouir d'une certaine forme de développement économique. Elle se développe et devient une destination touristique majeure grâce à son patrimoine culturel et ses pistes de ski.
De nombreux “Boutik Hôtel“ à connotation historique tel le Chekilov offrent un confort comparable à nos maisons d’hôtes selon les critères d’hébergement turcs et rivalisent même avec des hôtels de catégorie 4*.
Hayrettin Çetin, Responsable culturel de la région de Kars et Çetin DEMIRC, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la région d’Ardahan sont très optimistes quant au potentiel touristique d'Anatolie.
Les 1001 églises d'Ani, site classé de l’Unesco
A l'est de la ville des neiges, à quelques mètres de la frontière avec l'Arménie, le site archéologique d'Ani, autrefois connu sous le nom de "Ville aux 1001 églises” offre un spectacle incroyable avec à l'horizon, les sommets majestueux de Aragatz et le mont Ararat.
Fondée il y a 1600 ans, Ani était l'un des principaux arrêts sur la route de la soie. Sa richesse était si fastueuse qu'au XIe siècle sa population atteignait les 100 000 personnes.
Étant exactement à la frontière entre la Turquie, membre de l'OTAN, et l'Arménie soviétique, la ville a été presque totalement exclue du tourisme. Mais, en 2016, le site archéologique a été intégré au patrimoine mondial de l'Unesco. Cette situation, ainsi que l'augmentation du nombre de visiteurs, viennent d’inciter le gouvernement turc, à prendre des mesures pour préserver ses monuments. Décidemment, Ani se présente comme un espace de forte sensation à tous points de vue.
Tourisme blanc
Plus au nord, à une altitude de deux mille mètres, le lac Çildir, gelé de novembre à avril, peut offrir de multiples activités encore non exploitées. Aujourd’hui, seules des promenades en traîneau sont proposées mais le fort potentiel touristique de cet espace laisse imaginer toutes les possibilités des sports de glisse voire même en saison estivale.
Parmi les projets en études, l’augmentation des infrastructures pour développer le tourisme d’hiver et de montagne et pour permettre ainsi de tirer le meilleur parti de cette période. Durabilité, projets et investissements sont les mots d’ordre pour les années à venir afin de gagner en popularité non seulement en tant que lieu de vacances d’été (trekking, randonnées, etc.), que découvertes des ruines antiques.
La création des hébergements et de pistes de ski semblent avoir porté leurs fruits, car le nombre de ceux qui effectuent de longs trajets pour rejoindre les plus grands centres de sports d’hiver de Turquie est en augmentation. La station de Sarıkamış offre, avec plus de 30 hôtels (du 2 au 4 étoiles) ainsi que certains établissements style appart’hotel, un accueil à la hauteur de ce que l’on peut attendre dans une station de ski. Pour le propriétaire de l’hôtel Habitat Otel****, M.Kürşat Gemalmaz, la station n’a rien à envier aux établissements des stations de ski européennes.
Pour exemple : Prix pour 2 personnes/nuit : 238 euros en pension complète forfait ski compris avec piscine intérieure, spa, soirées, grande salle de restauration, boutique d’équipements de ski, etc.
Et cela ne n’arrête pas à la période hivernale. Le pays est encore en recherche d’investissements et de campagnes pour développer les zones de montagne en tant que centres de tourisme d’été.
Transports et meilleure accessibilité
Au cours de la dernière décennie, le gouvernement turc a financé la construction d'une série d'infrastructures pour stimuler l'économie de la région. L'une d'entre elles, la Baku-Tbilissi-Baku railway, a été achevée. Il a pour objectif ambitieux de fournir une voie de transport alternative entre l'Europe et la Chine.
Plus récemment, l’Orient-Express turc (Doğu Ekspresi) pourtant créé en 1936, parcourant plus de 1 360 km à travers les plaines est devenu le moyen préféré des touristes depuis plus de trois ans, souhaitant découvrir la géographie et l’histoire de la Turquie.
Développement et prévisions
Les disparités régionales caractérisent l’économie turque. Le pays s'affiche ainsi parmi les plus grandes inégalités régionales de l’OCDE, deuxième derrière le Chili. Les provinces d’Anatolie orientale, objet de ce reportage, en sont la parfaite illustration. Mais au cours des dernières décennies, diverses initiatives se mettent en place, visant le développement de cette région au potentiel réel. L’émergence d’une classe moyenne et le développement des loisirs favorisent l’introduction de nouvelles activités. Une évolution des postes de consommation dans cette zone souligne une forte progression : +55 % pour les divertissements et la culture, contre +45 % à l’échelle nationale ; +74 % pour l’hôtellerie et la restauration, contre +64 % sur le plan national) et de transports (+166 %, contre +110 % à l’échelle nationale).*
Le ministre de la Culture et du Tourisme Mehmet Nuri ERSOY a déclaré : Nous avons des choses à faire jusqu'à fin 2023, jusqu'à fin 2025 et 2030.
Maintenant, la Turquie progresse rapidement pour devenir la première destination en élevant ses normes et en augmentant ses investissements grâce au travail qu'elle a accompli. Cela se remarque dans toutes sortes de produits du secteur, et les mesures nécessaires sont prises par les principaux acteurs. Nous devons également garder nos objectifs futurs et notre vision large. Nous devons atteindre ces objectifs avec tout le monde en collaborant avec des étapes rapides.**
Tout porte à envisager que l’Anatolie deviendra dans les prochaines années, une destination pour les touristes attirés par l’authenticité, la nature, les sports d’hivers village ou autres activités en montagne, l’été loin de la Riviera turque.
*source : www.tresor.economie.gouv.fr/
**ray habber