Après trois ans de stagnation sur fond de conflit social, la destination espère rebondir en 2018. Et compte sur la distribution pour faire venir les touristes français.
"Nous avons connu des années difficiles mais nous sommes à une période charnière." Le directeur du comité départemental du tourisme (CRT) de Mayotte se veut confiant, malgré les tensions qui traversent l’île. La dernière mobilisation a d’ailleurs eu lieu pas plus tard qu’hier puisque des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour s’opposer à la gratuité du visa entre les Comores et la petite île française. Pourtant, Michel Madi l’assure, son île compte bien utiliser son potentiel touristique. "Nous sommes une très jeune destination mais notre positionnement est différent des autres îles de l’océan Indien. Mayotte, c’est à la fois la nature et la culture", assure-t-il.
D’ailleurs, l’île vise une clientèle d’initiés : "C’est une destination découverte qui cible les CSP+ et les familles, du fait de la cherté de l’offre aérienne notamment". Pour la partie découverte, l’île revendique son identité française, ses origines africaines et sa tradition musulmane. Les autorités mettent d’ailleurs l’accent sur l’offre culturelle. En atteste l’ouverture du premier musée de Mayotte il y a un an et demi.
Améliorer l’hébergement et la connectivité aérienne
La marge de progression est importante. Chaque année, 50 000 touristes foulent le sol mahorais, dont 86% de Français, venus de métropole ou de La Réunion. Mais Mayotte espère attirer davantage de visiteurs étrangers, à commencer par les Allemands, les Belges et les Sud-Africains. Les autorités travaillent ainsi à accroître et à améliorer les infrastructures hôtelières. "Nous souhaitons un tourisme raisonné, avec des hôtels de 80 à 120 chambres", détaille Michel Madi. "Nous favorisons aussi l’hébergement diffus, c’est-à-dire les gîtes, les chambres d’hôtes et les nuitées chez l’habitant." Un moyen d’associer la population au développement touristique. Les autorités travaillent aussi avec les compagnies aériennes car, jusqu’à juin dernier, seul Air Austral desservait l’aéroport de Dzaoudzi par une liaison au départ de Paris via La Réunion. Désormais, Corsair assure une liaison directe, ce qui devrait contribuer à faire baisser le prix du billet.
L’île compte sur la distribution BtoB
Des arguments qui doivent convaincre les distributeurs de vendre la destination. Mayotte est aujourd’hui essentiellement vendue par des voyagistes spécialistes de la plongée ou de la randonnée. Seuls quelques TO généralistes mettent l’île en brochure, mais la vendent très souvent en BtoC. "Nous croyons beaucoup à la vente en agences. En 2018, nous allons mettre l’accent sur la formation, pour que les vendeurs puissent apprécier et transmettre le goût de Mayotte", assure le directeur du CRT.
Des formations en agences seront organisées toute l’année et au moins un fam trip sera organisé. De quoi valoriser le potentiel de Mayotte. D’ailleurs, 95% des touristes ayant foulé les terres mahoraises se disent satisfaits et souhaitent revenir, selon une étude menée par l’antenne de l’Insee à Mamoudzou.
Manon Gayet