Le syndicat compte mener des actions juridiques contre le groupe Lufthansa pour distorsion de concurrence et information biaisée.
Travel management companies, agences en ligne et réseaux… en tout, une quinzaine d'acteurs de la distribution se sont réunis hier soir à l'initiative du Snav. Le sujet d'actualité : la décision du groupe Lufthansa de facturer des frais supplémentaires sur les réservations faites via les GDS, 16 euros en l'occurrence.
Joint au téléphone en fin de matinée, Jean-Pierre Mas, président du Snav, résume la situation : "Cette décision a comme impact la perte de productivité pour les agences, un manque de transparence sur l'offre et des coûts supplémentaires pour les clients".
Il poursuit : "La démarche du Snav est d'être en phase avec l'Ectaa au niveau européen, et avec la DGCCRF au niveau français. Nous analysons les actions juridiques à mener, comme la distorsion de concurrence et l'information biaisée. Sans compter que nous allons manifester notre mécontentement vis-à-vis des compagnies à l'origine de cette décision".
Selon lui, la posture de Lufthansa est risquée et isolée. "Les ventes en agences risquent de baisser et le prix de l'action de la compagnie d'en pâtir", analyse-t-il.
Agences prises en otages
Pour Fabrice Dariot, patron de l'agence en ligne Bourse des Vols, la décision de la compagnie est liée à la fin du contrat de "full content" qui la lie à Amadeus. "Les agences sont prises en otage dans ce jeu de négociations entre compagnies et GDS", estime-t-il.
Le groupe Lufthansa (Austrian Airlines, Brussels Airlines, Swiss, Lufthansa) représenterait 7% du BSP français, et peut être contourné facilement. "Le risque majeur est que l'ensemble des compagnies bascule vers ce type de politique", craint-il.
Et de citer un autre exemple de volonté de la part des compagnies de maîtriser leur distribution : "Une Task Force est en train de se mettre en place entre British Airways, Delta, Lufthansa, Croatia Airlines et Iata, pour forcer les agences en ligne à payer le BSP tous les cinq jours, dit-il. Cela revient à discriminer un canal de vente par rapport à un autre et une volonté de contrôler les prix".
Si l'objectif final est de favoriser le canal technologique de la NDC (new distribution capability), mis en place par Iata et que Lufthansa et Swiss vont déployer d'ici la fin de l'année, "les tarifs vont remonter, au détriment des consommateurs", prédit Fabrice Dariot.
Catalina Cueto