Les innovations influencent les grands événements sportifs en 2022 et par la bande, tout le tourisme d’une destination
En partenariat avec le Welcome City Lab, Tour Hebdo et Quotidien du tourisme proposent un feuilleton hebdomadaire du cahier des tendances crée par ce laboratoire du tourisme innovant.
Le sport génère des déplacements qui stimulent l’activité touristique des destinations hôtes. Les touristes, pendant leurs voyages, participent à des sports ou deviennent spectateurs d’événements sportifs. Les athlètes eux-mêmes voyagent à la recherche de compétitions ou le font pour s’adonner à leurs passions sportives et profitent de l’occasion pour visiter la destination.
Nous présentons ici l’exemple du Canada et de Montréal en particulier à travers son héritage olympique et ses acteurs touristiques, et qui préfigure l’ébullition et le dynamisme des acteurs touristiques et de l’écosystème d’innovation parisien ainsi que français en vue des jeux de 2024 et pour les années qui suivront..
Un créneau en plein essor
Bien que relativement nouveau, le tourisme sportif est devenu une activité de niche hautement compétitive. Ce segment enregistre l’une des plus fortes croissances de l’industrie et son estimation à l’échelle mondiale est à 323,42 milliards de dollars* en 2020 pour atteindre 1 803,70 milliards de dollars d’ici 2030 (TCAC de 16,1 %).
Au Canada, il a été officialisé en l’an 2000 avec la création de Tourisme sportif Canada. Avec plus de 7,4 milliards de dollars dépensés par les visiteurs nationaux et internationaux en 2019, il s’agit de la croissance la plus rapide de l’industrie touristique au pays.
Un segment sous plusieurs formes
Au sein de l’industrie du sport, le tourisme sportif est le segment qui croît le plus rapidement. «4,89 millions de visiteurs s’y sont déplacés et ont dépensé 1,27 milliard de dollars canadiens», écrivait la Chaire de tourisme Transat dès 2018.
Nous segmentons ce marché de cette façon :
Le tourisme sportif événementiel fait référence aux visiteurs qui visitent une ville afin d’assister aux événements sportifs. À grande échelle, le nombre de spectateurs l’emporte sur celui des concurrents d’élite. Montréal a perdu son équipe de baseball et Toronto dans la province voisine a conservé la sienne, attirant les touristes québécois.
Le tourisme sportif dit nostalgique ou de visite inclut la visite touristique de lieux d’importance historique (legs olympiques), de musées du sport, de bars et de restaurants thématiques et de réunions sportives. Le stade olympique de Montréal, seul au pays, attire les touristes de par son infrastructure spectaculaire conçue par un architecte français, qui a été maintenue en place.
Le tourisme sportif actif combine plaisir du sport et découverte touristique. Certaines destinations se sont forgées une notoriété sur ce marché : la Floride se distingue pour les vacances de golf, la Corée du Sud pour les arts martiaux et Bali pour le Yoga.
Tendances du tourisme sportif
Le sport est un grand catalyseur de l’image de marque d’un territoire ou d’une ville. André Richelieu, chercheur et professeur au département de marketing de l’ESG UQAM, a démontré, dans l’ouvrage qu’il a coécrit «Marketing du sport», l’importance d’intégrer les événements sportifs dans la stratégie d’image de marque d’une destination (place branding).
«[L]’industrie du sport est devenue mondiale, l’internationalisation n’est plus une option, mais un passage obligé. Les technologies engendrent des mutations irréversibles : le « streaming » remplace progressivement le classique «broadcasting », alors que l’e-sport émerge, jusqu’à pouvoir être considéré comme un « vrai » sport.»
Même si le tourisme sportif semble être une activité de niche, elle participe donc à l’attractivité d’une destination:
Plus d’événements sportifs : la croissance de la rentabilité du marché mondial du tourisme sportif favorise la création de nouveaux événements sportifs, ce qui génère à la fois des opportunités de développement et une forte compétition entre les territoires.
Plus d’alternatives aux sports traditionnels : le sport récréatif est plus propice à l’innovation que le sport institutionnalisé car l’expérimentation est encouragée dans la plupart des contextes de loisirs et touristiques. Ceci a donné naissance à de nouveaux sports souvent associés à une sous-culture jeune. Ces sports se manifestent dans l’alpinisme (l’escalade en salle, bloc), les sports aériens (parapente, deltaplane ou base jump) ou des variantes du vélo (montagne, BMX). Bien que la longévité de leur pratique soit difficile à prévoir, certains comme le beach-volley et le snowboard sont passés aux disciplines olympiques.
Croissance des événements participatifs comme facteur d’attractivité : le nombre d’adeptes de sport a augmenté, et pour beaucoup la compétition est fondamentale dans leur pratique. Courses de vélos, triathlons et courses à pied se sont alors multipliés pour satisfaire la demande. À ce titre, l’Ultra Marathon, une course à pied plus longue que la longueur traditionnelle du marathon, aurait connu une augmentation de participation mondiale de 345 % durant la dernière décennie.
Arrimage avec le développement durable : le tourisme sportif participe à l’atteinte des objectifs du développement durable d’une manière distincte. Selon l’OMT, sa force réside dans sa contribution à la participation à des activités physiques, la création d’opportunités d’interactions et son fort potentiel de développement presque partout (petits événements ou petites activités). Au cours des dernières années, on note également l’intérêt croissant pour le bien- être des athlètes, l’inclusion, ainsi que les retombées sociales et les legs.
Émergence du e-sports : à l’image des sports traditionnels, les compétitions d’e-sports attirent un large public et les joueurs élites ont une grande base de fans.
Utilisation des nouvelles technologies : après la billetterie mobile, le tourisme sportif explore les dernières technologies et innovations telles que l’intelligence artificielle (IA), la réalité augmentée (AR) ou la réalité virtuelle (VR). Des stades et des arènes deviennent «intelligents» pour améliorer le confort du public et rendre l’expérience de visite plus divertissante.
Et en même temps, conclut André Richelieu, l’événement sportif évolue de plus en plus vers «une logique de « sportainment » (contraction de sport + entertainment = divertissement). [L]es enjeux financiers croissants obligent les organisateurs à intégrer des notions de business-plans beaucoup plus abouties qu’auparavant.»
Montréal : un écosystème pour favoriser le tourisme sportif
Ayant accueilli les Jeux olympiques de 1976, Montréal continue d’être un chef de file du tourisme sportif au Canada. En 2019, la ville s’est hissée au premier rang pour l’accueil des événements sportifs. Elle se positionne dans une mouvance à travers son héritage olympique, mais surtout par le dynamisme de ses acteurs touristiques et de son écosystème d’innovation.
Tourisme Montréal, acteur incontournable du tourisme sportif
En 2019, Tourisme Montréal a lancé sa nouvelle signature « Événements sportifs Montréal » pour mieux promouvoir la métropole sur le marché mondial des affaires. Dans le cadre de sa stratégie en matière d’événements sportifs, l’office de Tourisme collabore étroitement avec des partenaires locaux pour attirer des événements sportifs majeurs. L’organisation est ainsi responsable des démarchages stratégiques et soutient financièrement les candidatures d’événements sportifs. Elle développe également un programme modèle de legs.
“Les grands événements sportifs constituent une excellente vitrine pour Montréal et engendrent des retombées économiques, touristiques et médiatiques importantes pour l’avenir de la métropole.”
Yves Lalumière, président-directeur général de Tourisme Montréal.
Tourisme Montréal s’implique aussi dans l’innovation en tourisme et divertissement et collabore régulièrement avec des startups du MT Lab dont elle est partenaire et membre fondateur.
En 2022, Montréal a accueilli 16 événements sportifs de calibre international dont le Grand Prix de formule 1 et les Championnats du monde de triathlon.
Le Parc olympique de Montréal, moteur d’innovation
L’innovation en tourisme sportif dans la métropole passe également par l’implication d’acteurs principaux comme le Parc olympique de Montréal.
Cette institution emblématique gère des infrastructures de haut calibre dont le Stade olympique et le Centre sportif. Elle héberge également l’Institut National du Sport du Québec (INSQ), un centre d’excellence qui mène des travaux de recherche et d’innovation pour l’amélioration de la performance d’athlètes de haut niveau.
Les travaux du personnel scientifique et médical de l’Institut appliquent des technologies de pointe dans une variété de domaines : apprentissage moteur, biomécanique, chronobiologie, génie, neurosciences, nutrition, physiologie, etc.
Par exemple, l’INSQ développe un simulateur de boxe en RV pour l’entraînement de boxeurs d’élite. Elle élabore aussi un outil en IA qui permet d’apprécier la performance de plongeurs de haut niveau à partir de vidéos. Ses chercheurs développent également une application mobile dédiée à réduire les effets négatifs des déplacements trans méridionaux.
Le Parc olympique s’implique dans l’innovation en tourisme et divertissement avec une collaboration étroite avec le MT Lab et ses startups. Tout le quartier olympique est devenu un attrait économique pour l’Est de Montréal
Le Parc olympique estime qu’il y a un potentiel d’investissement de plus d’un milliard de dollars sur 10 ans. Il s’agirait alors du plus important effort d’investissement pour la prochaine décennie pour un secteur touristique au Québec.
L’avantage d’un écosystème d’innovations en amont
Pour que les grands événements sportifs puissent offrir une réelle opportunité économique pour la destination, il faut un écosystème d’acteurs touristiques soudés et reliés à des innovateurs locaux ou internationaux.
Pour sa part, Paris, avec son écosystème d’innovation fort, porté par des incubateurs attractifs, comme Paris&Co et ses programmes Welcome City Lab, French Event Booster et Le Tremplin, se positionne donc très bien.
Sources :
Communiqué avec Yves Lalumière PDG de Tourisme Montréal https://www.newswire.ca/fr/news-releases/montreal-la-ville-sportive-numero-1-au- canada-845656374.html
Réflexion stratégique de Pierre Bellerose «Le devenir récréotouristique de l’Est de Montréal»
https://ccemontreal.ca/wp-content/uploads/2022/06/ccem-rapport-recreo-05.pdf
«La valeur du tourisme sportif en 2019 dépasse 7 milliards de $». 27 Septembre 2021. https://sporttourismcanada.com/fr/la-valeur-du-tourisme-sportif-en-2019-depasse- 7-milliards/