Malgré un retour du tourisme en fanfare, plusieurs préoccupations sont relevées par l’opérateur de l’Etat français quant aux habitudes des voyageurs, leurs nouvelles envies et le manque de main d’œuvre des professionnels.
Observations mensuelles
Atout France admet d’abord que la reprise du tourisme se confirme et tangente les niveaux de 2019. En effet, les recettes du tourisme international s’établissent ainsi en mars 2022 à 4 Md€, soit -4% seulement du niveau prépandémique. A noter : le déclenchement de la guerre en Ukraine pour l’instant n’atteint pas les comportements touristiques. L’activité économique reste en conséquent un acteur positif à la balance des paiements : malgré le redressement des dépenses des Français à l’étranger, le solde passe dans le positif par rapport à 2021 (+1,5 Md€).
Atout France constate ensuite une grande présence des clientèles domestiques, toujours en masse : les volumes de nuitées des Français sur le territoire atteignent quasiment les niveaux des 3 premiers mois de 2019 [-4,8%] et enregistrent un bond de +23,4% par rapport au premier trimestre 2021.
La location de particulier à particulier continue, quant à elle, sa dynamique positive amorcée pendant la pandémie . Avec une demande et une offre supérieure à respectivement +31% et +34% par rapport à 2019, le C2C continue de répondre aux attentes des visiteurs, en particulier dans les espaces ruraux et de moyenne montagne.
Concernant le secteur hôtelier, celui-ci se redresse encore davantage en avril 2022. En effet, le différentiel d’occupation par rapport à 2019 se réduit et les prix moyens sont clairement à la hausse permettant au RevPAR [le revenu moyen par chambre disponible-indicateur dépendant du taux d’occupation et du prix moyen par chambre louée] de retrouver des niveaux conformes aux valeurs d’avant crise. Le segment haut de gamme se distingue en enregistrant une amélioration significative de ses performances, bénéficiant du retour des clientèles internationales européennes et du continent américain. Les établissements de Paris intramuros ou de la région Provence-AlpesCôte d’Azur en ont été les plus grands bénéficiaires.
A propos du transport aérien, ce dernier n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise : les arrivées internationales restent inférieures aux niveaux de 2019 de 33%. Si les marchés européens et nord-américains ont retrouvé des couleurs, les flux asiatiques restent inertes.
Les perspectives pour la période estivale demeurent positives. Les baromètres sur les intentions de voyage traduisent un besoin de vacances important. Les carnets de commande dans l’aérien ne cessent de grossir, bénéficiant en particulier aux destinations du pourtour méditerranéen.
Des points de vigilance
Malgré un retour du tourisme plutôt encourageant, certains aspects restent à surveiller.
Les difficultés de recrutement tout d’abord, car les pénuries de main d’œuvre vont impacter l’offre cet été ainsi que le positionnement tarifaire de la France.
Les comportements de consommation, de mobilité et de choix de destination des clientèles domestiques et internationales vont subir des arbitrages certains à cause de l’inflation et du pouvoir d’achat actuel.
Le boom du C2C et le retour en masse des clientèles dans certains territoires feront resurgir le spectre du surtourisme et de son impact sur la qualité de vie et les prix de l’immobilier.
Au niveau de la connectivité aérienne et de la compétitivité internationale, l’Espagne effectue un retour en force après avoir retrouvé une très forte connectivité aérienne.
Les clientèles affichent toutes une forte appétence pour le tourisme durable.