En Bourse l’une des principales difficultés consiste à gérer des cycles longs. Dans la tourmente, le découragement n'est jamais très loin. Il faut savoir faire preuve de ténacité et garder son calme.
Dans un marché haussier tout un chacun peut acheter n'importe quelle valeur revendre peu de temps après et engranger une plus-value pour racheter un autre titre et ainsi de suite. Il est beaucoup plus difficile de garder son sang-froid sur des marchés agités dans lesquels les cours chutent ou font le yoyo.
Investir en bourse suppose d'appréhender 2 paramètres contradictoires :
-La variation quotidienne des cours dont la volatilité est accentuée par le brouhaha médiatique permanent (alimenté par les déclarations émanant d'économistes de prévisionnistes ...) et par la circulation ultrarapide d'informations au niveau mondial En effet, au jour le jour les cours sont la plupart du temps déconnectés de la réalité entrepreneuriale et sont bien souvent le fruit de craintes ou d'attente court-termistes à caractère macroéconomique ou d'opérations purement spéculatives.
-Les entreprises qui fonctionnent quant à elles de façon rationnelle sur la base de cycles longs permettant de déployer une stratégie.
Le temps des entreprises n'est pas le temps des marchés….
Revenons sur quelques évènements de ces dernières années, aux Etats-Unis, parmi lesquels nous pouvons citer :
-Le plus grand krach boursier depuis la grande dépression des années 1930 ou les actions américaines ont perdu 50,27% de leur valeur, soit 7.400 milliards de dollars entre mars 2000 et octobre 2002.
-L'effondrement encore plus significatif des valeurs à la mode dans les années 1990 comme : AOL, CISCO, LUCENT, QUALCOMM… ainsi que la faillite et la liquidation de centaines de valeurs internet.
-Les accusations de fraude financières massives proférées à l'encontre de quelques-unes des sociétés les plus respectées et les plus importantes du pays comme ENRON, TYCO et XEROX
-Les allégations sur des cabinets d'expertise comptable trafiquants les livres de comptes et allant jusqu'à la destruction de documents comptables dans le but d'aider leurs clients à tromper les marchés financiers.
-La preuve que les analystes financiers de Wall Street vantaient publiquement les mérites de certains titres, tout en reconnaissant officieusement que ces derniers ne valaient rien.
-La baisse des taux d'intérêt laissant les investisseurs sans aucune autre alternative sinon détenir des actions.
-L'environnement financier à la merci de menaces géopolitiques imprévisibles en termes de terrorisme global et de risques de guerre au Moyen-Orient.
Regardons le bon côté des choses :
Si dans les années 1990 les cours de bourse ne semblaient jamais assez haut, à l'inverse en 2003, ils donnaient l'impression de n'être jamais assez bas.
Le marché est passé d'un enthousiasme irrationnel à un pessimisme injustifiable.
L’investisseur sait que des actions sont plus risquées, et non l'inverse, quand leurs cours augmentent, et moins risquées quand ils baissent.
L'investisseur redoute les marchés haussiers car les titres sont plus chers à l'achat. A l'opposé, du moins tant que vous avez assez de liquidités pour financer vos besoins, vous devez vous réjouir d'un marché baissier puisque cela vous permet de dénicher de bonnes affaires.
Pour faire court, la mort d'un marché haussier (de 2010 à 2020) n'est pas forcément une mauvaise nouvelle, comme tout le monde le croit. Investir après une chute des cours est bien mieux pour bâtir sa fortune.
Comme dit le vieil adage : « il faut acheter quand les vendeurs se pressent et les acheteurs sont absents ».
Quoi de neuf en Macro-Economie à la mi-octobre 2023 ?
Au cours des derniers mois, la croissance a affiché des résultats contrastés en fonction des régions. Alors que la Zone Euro marquait le pas et que la Chine montrait des signes inquiétants de ralentissement, les Etats-Unis continuaient de se démarquer. Ainsi, l'inflation de base devrait continuer à décélérer en raison de la baisse de la demande et de l'amélioration des chaînes d'approvisionnement.
Chine :
Si l'activité économique de la Chine n'a pas connu le rythme de rattrapage escompté après la réouverture du pays, le pessimisme qui a prévalu en août s’explique avant tout par la situation difficile du marché immobilier domestique. Cette situation a amené les investisseurs les plus angoissés à craindre une "japonisation" de l'économie. Pourtant, il existe des signes d'amélioration cyclique tels que l'expansion du crédit et le rebond des indicateurs de l’activité d’import-export et de PMI (directeurs d’achat). Le marché immobilier, quant à lui, connaît un rééquilibrage progressif et se distingue de la bulle immobilière qu’a connue le Japon à la fin des années 1990. En effet, le niveau d’urbanisation de la Chine est plus faible (environ 65% en 2022) et l’économie chinoise est contrôlée par l’État. Enfin, le secteur du logement en Chine se caractérise davantage par un stock abondant de biens plutôt que par des niveaux de prix disproportionnés.
Au regard de la croissance long terme, la Chine a encore de la marge pour rattraper les économies développées, même si cela se fait à un rythme plus lent en raison de gains de productivité plus faibles et de la baisse de la population.
Par ailleurs, les inquiétudes concernant l’endettement excessif de la Chine peuvent également apparaître exagérées, étant donné que le niveau de dette du gouvernement reste considérablement inférieur à celui des États-Unis ou de l’Europe. En particulier, les gouvernements locaux ont significativement augmenté leur endettement au cours de la dernière décennie, pour atteindre un montant représentant environ 54% du PIB, alors que la dette souveraine de la Chine ne représente que 22% du PIB. Sur la problématique de la dette liée au marché immobilier chinois (le secteur représente 30% du PIB), la moitié pourrait finalement être absorbée par les autorités publiques. Dans l’éventualité d’une augmentation de 15% de la dette publique chinoise par le biais d’émission de dettes (LGDs – Local Government Debts) et d’obligations (LGBs – Local Government Bonds) par les gouvernements locaux, la Chine connaîtrait une situation similaire à l’augmentation substantielle des ratios dette/PIB observée dans l’UE et aux États-Unis ces dernières années, loin de la trajectoire du Japon après l’éclatement de la bulle immobilière en 1990.
Dans l’ensemble, la capacité de la Chine à faire face à la crise du marché de l’immobilier est dictée par des considérations politiques, nécessitant que le gouvernement central accepte un niveau d’endettement plus élevé pour redresser la situation. Nous estimons que ce revers budgétaire est gérable pour la Chine. Sa résolution pourrait également entraîner une amélioration globale dans la manière dont les gouvernements locaux fonctionnent.
Etats-Unis :
Dans le même temps, l’économie américaine s’est démarquée grâce à une dynamique de la demande plus forte qu’ailleurs, dépassant constamment les attentes en matière de ventes au détail.
Nous estimons que les États-Unis ont réaccéléré au-delà de leur croissance potentielle, profitant de plans fiscaux massifs (ARPA – American Rescue Plan Act, IRA – Inflation Reduction Act, …) qui ont creusé le déficit public primaire, atteignant désormais les 4 points de PIB.
Jusqu’à juillet 2022, le gouvernement américain avait fait preuve de retenue budgétaire. Mais depuis, la politique fiscale a changé de cap et s’est rapidement assouplie, apportant un important soutien à la demande, et donc à la croissance du PIB en 2023. Cette approche budgétaire procyclique n’est pas conventionnelle dans un contexte macroéconomique marqué par la persistance d’une l’inflation sous-jacente soutenue par un marché de l’emploi tendu. Afin de rééquilibrer le « policy mix » (c-à-d. l’équilibre entre la politique budgétaire et la politique monétaire), la Réserve Fédérale a été amenée à poursuivre le relèvement de ses taux directeurs. La récente hausse des rendements américains a commencé au début du mois d'août, dans la foulée de la dégradation de la note de crédit des Etats-Unis par Fitch à AA+ (au lieu de AAA). Les commentaires qui ont suivi ont eu tendance à minimiser l'importance de cet événement tout comme ont été minimisées les discussions autour de la baisse du statut de monnaie de réserve de l'USD.
Pourtant, la situation fiscale des États-Unis est clairement inquiétante. Et soutenir que les bons du Trésor US restent attractifs au motif que les États-Unis ne peuvent pas faire défaut sur leur dette – étant donné qu'il n'y a jamais eu de cas de défaut d'obligations en monnaie locale dans l'histoire… à l'exception des GKO russes (titres de créance négociables) en 1999 – est une approche inadéquate de l'investissement.
Un tel dérapage budgétaire renchérit le coût de la dette, affaiblit les performances de l'économie et appauvrit la population. Cela déprécie également la devise du pays, impliquant des remboursements futurs aux détenteurs d'obligations étrangers dans une devise qui aura perdu de sa valeur.
Par conséquent, les investisseurs en dehors des frontières américaines exigent une prime de risque plus élevée pour détenir de la dette américaine ; un changement de régime qui devrait persister dans le temps.
Europe :
L'Europe, contrairement aux Etats-Unis, n'a pas mis en œuvre de mesures de relance budgétaire significatives depuis 2022. En fait, il y a même eu une légère réduction du soutien fiscal, ce qui a entraîné une trajectoire divergente par rapport aux États-Unis. Ainsi, la demande s’est contractée en Europe, provoquant l’augmentation des taux d'épargne et un ralentissement de la croissance du crédit. Ce dernier est également la conséquence de la transmission rapide de la politique monétaire restrictive de la Banque Centrale Européenne, favorisée par un niveau élevé d'intermédiation bancaire. Confrontés à une baisse de revenus réels, liée au décalage dans le temps entre les effets immédiats de l'inflation et les hausses de salaires qui interviennent en différé, les consommateurs de l'UE se sont montrés moins confiants quant à leur situation économique. Contrairement aux ménages américains, ils ont également hésité à puiser dans leur épargne excédentaire pour privilégier les besoins actuels par rapport aux besoins futurs.
Le retour des fondamentaux : la Croissance Economique : Le modèle de SOLOW
Pour rappel en 1790 l’espérance de vie, à la naissance, était de 29 ans. Grâce aux logements mieux chauffés, mieux isolés, à une meilleure alimentation, notre espérance de vie a fortement augmenté et la croissance économique est un facteur de bien-être.
De plus, tant que nous aurons des besoins, nous aurons de la production et donc de la croissance économique.
Aussi, dans le modèle de SOLOW, la croissance est un phénomène de long terme et sur le long terme il y a un seul déterminant à la croissance économique :
Le progrès technique
En effet, les facteurs de travail et capital sont substituables dans son modèle ; à savoir, il est possible de remplacer du travail par du capital et vice versa.
Par exemple : Si j’ai des salariés, en nombre fixe, je peux investir et acheter des machines, mais à long terme, le rendement sera décroissant. Si chaque salarié travaille sur un ordinateur et que j’ai 10 salariés, je peux investir et acheter des ordinateurs, mais au-delà de 10 machines, je ne vais plus créer de croissance et même avoir un rendement décroissant.
Dans le même ordre, si j’ai des machines en nombre fixe, je peux embaucher plus de salariés, mais au-delà du nombre de machines, le rendement sera décroissant.
Pour SOLOW, seul le progrès technique peut générer de la croissance économique !
Nous continuons à privilégier le secteur de la technologie, de l’intelligence artificielle et restons convaincu que les Etats devront faire des choix stratégiques sur le choix de la dépense publique. S’endetter pour l’innovation ou l’industrialisation, c’est sain.
Conclusions :
Dans l'ensemble, nous anticipons que les performances économiques exceptionnelles observées aux États-Unis ne se maintiendront pas jusqu'à la fin de l'année. Au contraire, l'économie devrait s'aligner à la baisse sur le reste du monde, la demande américaine étant progressivement confrontée à des vents contraires locaux, tels que l'épuisement de l'épargne accumulée pendant la crise du Covid-19, la reprise des remboursements des prêts étudiants et les contraintes à venir en matière de politique fiscale.
Dans ce contexte de resynchronisation à la baisse de la croissance mondiale, notre scénario principal reste celui d'un ralentissement modéré, sans accident de croissance prévisible. Ce point de vue est étayé par des facteurs de résilience économique, tels que l’augmentation des revenus réels, les tensions du marché du travail et la reprise du secteur manufacturier. En outre, nous n’observons pas de déséquilibres significatifs dans le secteur privé qui pourraient transformer un ralentissement progressif en une récession prolongée.
Nous prévoyons que les taux directeurs resteront à des niveaux relativement élevés pendant une période prolongée, même s’ils ont peut-être déjà atteint leur point culminant. Les banques centrales risquent de rester sur le qui-vive quant à la résurgence de l’inflation et aux risques potentiels qu’elle entraîne.
Il convient toutefois de noter que la prime de risque plus élevée sur les marchés obligataires et la dégradation de la situation fiscale des États-Unis ont accru la probabilité d'un ralentissement économique plus marqué au cours des prochains trimestres, en particulier aux États-Unis. A contrario, l'Europe pourrait, elle, trouver un soutien à sa croissance, compte tenu de sa grande sensibilité aux performances économiques de la Chine et des perspectives d’un tournant décisif pour cette dernière.
Patrick Gautier du cabinet Gautier Patrimoine