Menu
S'identifier
Actualités

Suite du dossier publié par The Treep : réchauffement climatique, des conséquences déjà visibles


Publié le : 13.04.2023 I Dernière Mise à jour : 19.04.2023
I Crédit photo

Auteur

  • Nabila Iken : Responsable R&D de The Treep

Tags : économie

Le chapitre précédent abordait les causes du réchauffement climatique. Celui-ci va rappeler quelques-unes des nombreuses conséquences induites par l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique

 

Introduction

Le 20 mars dernier, le GIEC publiait le dernier volet de son rapport de synthèse, résultat de 8 ans de travaux pour condenser toutes les connaissances scientifiques sur le climat, le réchauffement climatique et les futures possibles. Celui-ci confirme des conclusions déjà connues : les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine dérèglent sans équivoque le climat et ce à un rythme sans précédent. Si l’augmentation de la température est la conséquence la plus connue de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, elle n’est que la partie visible de l’iceberg.

Voir chapitre 1 : L’avenir du business travel à l’aune des enjeux climatiques

 

Augmentation de la température

Aujourd’hui, la température moyenne de l’atmosphère a d’ores et déjà augmenté d’environ 1°C par rapport à l’ère préindustrielle (1) Cette augmentation de la température paraît faible, mais ses conséquences sur les écosystèmes sont considérables. En effet, la dernière décennie (2011-2020) a été la plus chaude jamais enregistrée depuis 125 000 ans. Au rythme actuel, soit un réchauffement de 0.2°C par décennie, l’élévation de la température attendra 1.5°C entre 2030 et 2052 quel que soit le scénario choisi. En outre, il est à noter que cette augmentation de la température est une moyenne globale et se traduit par des températures locales différentes selon les régions. Par exemple, le réchauffement est deux à trois fois plus fort en Arctique. Il est également plus important sur les continents qu’au niveau des océans. A cet égard, le GIEC fournit une plateforme intéractive permettant d’observer les augmentations de températures locales dans un monde à +1.5°C (et jusqu’à +4°C), sachant que les politiques climatiques en vigueur en 2020 mèneraient à un réchauffement de +2.4°C à 3.5°C à la fin du siècle (avec une valeur médiane à 3.5°C).

 

                                                              

Températures connues par les générations actuelles et futures. Source : AR6 GIEC

 

Plus d'évènements climatiques extrêmes

L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses, des vagues de chaleur, des cyclones, des inondations et des incendies est l’une des nombreuses manifestations du réchauffement climatique. Par exemple, la formation des cyclones dépend de la température des premières dizaines de mètres d’eau. Quand celle-ci augmente, l’atmosphère se charge d’humidité et est plus susceptible de former des tourbillons sous l’effet de perturbations. C’est pourquoi, l’intensité des cyclones est susceptible d’augmenter dans certaines régions. En outre, des températures plus élevées augmente la transpiration des plantes et l'évaporation de l’eau contenue dans les sols, ce qui favorise les incendies et feux de forêts. Quant aux canicules et vagues de chaleur, elles ont causé au moins 15 000 décès en Europe en 2022 selon l’OMS. Sur les 50 dernières années, ce chiffre atteint les 148 000 décès selon la même source, mais l’année 2022 en représente 10% à elle seule.

Bien qu’il ne soit pas possible d’attribuer chaque canicule au réchauffement climatique, il est possible de calculer la probabilité d’apparition de canicules avec ou sans impact humain. D’après le GIEC, les évènements de température extrême qui se produisaient une fois par décennie en 1850 sont aujourd’hui 2.8 fois plus fréquentes, et seront 5.6 fois plus fréquentes avec un réchauffement de +1.5°C.

 


Changement dans la fréquence et l’intensité des évènements météorologiques extrêmes en fonction de l’augmentation de la température. Source : GIEC AR6


En plus de l’augmentation de la mortalité de manière directe, ces événements météorologiques extrêmes augmentent également la transmission de maladies, les déplacements de certaines populations humaines, mais ont aussi entraîné des épisodes de mortalité massive chez des espèces animales et végétales.

 

Moins d’accès à l’eau et à l’alimentation

Les crises alimentaires sont l’autre facette des sécheresses, des inondations et de l’augmentation de la température de manière générale. En effet, ces dernières compromettent les moyens de subsistance de millions d’individus dans le monde. Ces populations qui dépendent des cultures, de la pêche et de l’élevage pour vivre n’ont d’autres choix que de subir la famine ou de migrer vers d’autres zones géographiques.

Selon le GIEC, des millions de personnes sont aujourd’hui exposées à l’insécurité alimentaire aiguë suite au réchauffement climatique et la moitié vivrait d’intenses pénuries d’eau chaque année. En plus de la destruction totale de certaines cultures à cause de sécheresses intenses, l’augmentation de la température induit également une baisse de rendement agricole. A titre d’exemple, la production de certaines céréales a déjà connu une perte de rendement de 9 à 10%, quand d’autres perdent également en qualité nutritionnelle sous l’effet d’une forte concentration de CO2. Par exemple, la teneur en protéine du blé baisse de 5.9 à 12.7%, sa teneur en zinc baisse de 3.7 à 6.5% et sa teneur en fer baisse de 5.2 à 7.5%. De plus, en cas d'événements météorologiques extrêmes, cette situation est souvent aggravée par une augmentation des prix des denrées alimentaires à cause de la destruction des cultures et du blocage des voies d’accès aux marchés.


Hausse du niveau des mers

L’augmentation du niveau des mers est le résultat de deux phénomènes combinés : la fonte des glaces continentales et la dilatation de l’eau. En effet, la fonte des glaciers, des calottes polaires et autres glaces continentales alimentent les mers en eau douce et induit une élévation de leur niveau. Quant à la dilatation des eaux : celle-ci est causée par l’augmentation de leur température : les molécules d’eau chaude prennent plus de place que celle de l’eau froide.

Aujourd’hui, le niveau des mers a augmenté d’environ 20 centimètres par rapport à l’ère préindustrielle, soit un niveau sans précédent au cours des 2 500 dernières années. Sachant que les mesures du niveau des mers par satellite ont commencé en 1993, le niveau détecté en 2022 était le plus élevé jamais mesuré (soit +97 millimètres par rapport à 1993).

 

 

Durant les 30 dernières années, le rythme d’élévation a été d’environ 3,3 millimètres par an. A ce rythme, l'élévation du niveau des mers pourrait atteindre 840 millimètres en 2100. Bien que ces variations peuvent paraître faibles, les scientifiques estiment que chaque augmentation de 25 millimètres induit en moyenne une perte de 2,5 mètres de plage le long des côtes.

Cela dit, comme pour la température, cette augmentation ne se répartit pas de manière homogène sur le globe. En effet, la circulation océanique ne distribue pas la chaleur des océans de manière homogène. Par exemple, le niveau des mers a augmenté plus rapidement sur une bonne partie de la côte est de l’Amérique du Nord par rapport à la moyenne mondiale. Les coûts humains et économiques de l’augmentation du niveau des mers sont également inégaux. Durant les prochaines décennies, c’est le continent asiatique qui sera le plus impacté, du fait du nombre de personnes qui vivent dans les régions côtières.

 

Élévation du niveau des mers dans le monde (millimètre par an) entre 1993 et 2018. Source: NASA Earth Observatory

Selon l’UNESCO, 150 millions de personnes vivent aujourd’hui sur des terres qui devraient se trouver en dessous de la ligne de marée haute d’ici 2050. Ce qui veut dire que sans stratégie d’adaptation, ces endroits pourraient devenir inhabitables.

Voir chapitre 2 : Comprendre la problématique du réchauffement climatique

Impact sur la biodiversité

L’activité humaine a d’immenses répercussions sur la biodiversité. Selon la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), un million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées de disparition au cours des prochaines décennies. En résulte un taux d’extinction des dizaines voire des centaines de fois plus élevé que durant les 10 derniers millions d’années, avec un accroissement sans équivoque. Les causes de ce déclin sont les changements d’usage des terres et de la mer, l’exploitation directe de certains êtres vivants, le changement climatique, la pollution et les espèces exotiques envahissantes. Selon l’IPBES, l’impact du réchauffement climatique devrait surpasser tous les autres facteurs de déclin de la biodiversité durant les prochaines décennies. Mais cet impact est d’ores et déjà visible sur les écosystèmes marins, terrestres et d'eau douce et ce dans le monde entier. Parmi les espèces menacées, 47 % des mammifères terrestres et 23 % des oiseaux ont connu des changements de répartition à cause du réchauffement climatique. En effet, ces bouleversements ont entraîné les premières extinctions liées au climat selon le GIEC. A titre d’exemple, le gouvernement australien a annoncé en 2019 la première disparition officielle d’un mammifère à cause du réchauffement climatique : il s’agit du Melomys rubicola, rongeur dont l’habitat a été détruit à cause des inondations. Avec un réchauffement à 2°C, 5% de toutes les espèces animales et végétales seraient menacées d’extinction selon l’IPBES (16% si le réchauffement atteint 4.3°C).

 

Les espèces menacées en Europe en 2019. Source Parlement Europeen :  tweet

Accroissement des inégalités

Toutes les populations ne subissent pas les mêmes conséquences liées au réchauffement climatique. Celles-ci varient en fonction des régions, des groupes sociaux, de l’âge, du niveau de revenu, de l’ethnicité, et du genre.

En effet, certaines régions sont particulièrement vulnérables au réchauffement climatique. Ceci est notamment le cas de l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud. Dans ces régions vulnérables, la mortalité due aux évènements météorologiques extrêmes est 15 fois supérieure (2)  par rapport aux pays peu vulnérables. En outre, ces zones de vulnérabilité sont souvent habitées par de grandes concentrations de peuples autochtones et la majorité des peuples les plus pauvres au monde. Sachant qu’au moins un quart de la surface terrestre est occupée par les peuples autochtones et gérée de manière traditionnelle. En outre, selon le Climate Inequality Report, les inégalités intra-pays en matière d'émissions de gaz à effet de serre sont aujourd’hui supérieures aux inégalités inter-pays. En effet, 10% des foyers aux plus hauts revenus représentent 45% des émissions de gaz à effet de serre selon le GIEC et la part des zones urbaines dans les émissions totales est de 70% en 2020. Au final, les inégalités d’émissions de gaz à effet de serre s’ajoutent aux inégalités en matière pertes matérielles et humaines, ainsi qu’aux inégalités de capacité de financement de l’adaptation au réchauffement climatique et la réparation des dommages.

Inégalité climatique mondiale : pertes relatives, émissions et capacité de financement. Source: Climate Inequality Report 2023

 

Finalement, la chaîne de causalité induite par le réchauffement climatique est complexe et composée de nombreuses interactions et de nombreuses boucles de rétroactions climatiques. Ce terme désigne le phénomène à travers lequel un effet sur le climat agit sur ses causes de manière à l’atténuer ou à l’amplifier. Le  permafrost est un bon exemple de boucle de rétroaction positive (plus la température augmente, plus le permafrost fond et libère du méthane et plus la température augmente). Aujourd’hui, il est urgent de prendre des mesures fortes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et de prévoir des mesures pour réduire les inégalités en matière de pertes matérielles et humaines, ainsi qu’en matière de capacité de financement de l'adaptation et de la réparation des dommages causés par le réchauffement climatique.

(1) période de l’Histoire qui précède la révolution industrielle ayant eu lieu entre 1750 et 1850.

(2) Sur la période entre 2010 et 2020


Rédigé par Nabila Iken responsable R&D The Treep

 

 

Div qui contient le message d'alerte

Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire

Mot de passe oublié

Déjà abonné ? Créez vos identifiants

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ? Remplissez les informations et un courriel vous sera envoyé.

Div qui contient le message d'alerte

Envoyer l'article par mail

Mauvais format Mauvais format

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Div qui contient le message d'alerte

Contacter la rédaction

Mauvais format Texte obligatoire

Nombre de caractères restant à saisir :

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format