A Madère, l’ouverture du congrès des Entreprises du Voyage a permis aux présidents des trois principales instances du secteur de faire le point sur les dossiers qui animent aujourd’hui la profession.
Les trois font la paire. Et ne s’en cachent pas. C’est donc ensemble que Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, Alix Philipon, présidente de l’APST, et René-Marc Chikli, président du Seto, ont dressé, devant les 430 participants du congrès des Entreprises du Voyage à Madère, un bilan de l’actualité du secteur.
1/ Des satisfactions au compteur
Leur bonne entente fait plaisir à voir. Et tous s’en félicitent. René-Marc Chikli l’a clairement exprimé : « Là, on est dans un rapport de confiance et de complicité. On se retrouve sur des questions lourdes. En 2018, ça a été très important d’agir ensemble notamment sur la directive du tourisme. » Des propos confirmés par Alix Philipon, qui ajoute : « Les actions menées en commun sont des réussites. Rappelons par exemple que tout nouvel entrepreneur du voyage a sa cotisation APST offerte la première année. »
La présidente de l’APST a pu s’enorgueillir cette année de très bons résultats : 3 700 adhérents, un fonds de garantie de 23 millions d’euros, 11 services gratuits à leur disposition. Et aussi, « en 2018, le retour d’entreprises qui avaient quitté l’APST comme TUI. Et en 2019, l’arrivée de nouveaux venus, comme Misterfly. »
2/ Des inquiétudes qui persistent
L’activité ralentie n’entache pas la confiance des présidents. « C’est dommage », a fait remarquer René-Marc Chikli mais même si « l’état d’esprit aujourd’hui en France n’est pas au voyage, du jour au lendemain, les services de réservations et les agences pouvaient être pris d’assaut », a-t-il ajouté. Pas de pessimisme non plus chez Jean-Pierre Mas qui note sur la partie loisirs, à fin décembre, une progression de 4% des réservations. Et rappelle : « Ce qui est capital, c’est la confiance des ménages. »
D’autres inquiétudes prennent toutefois le dessus. « On est en cellule de crise quasiment toutes les semaines. Il y a bien des situations où nous allons devoir adopter une position commune », a insisté René-Marc Chikli. « Le Brexit en fait partie. La taxation du kérosène également. »
3/ Des frictions à éviter
Air France demeure un point d’irritation. « Il y a un an, les relations étaient très tendues. Les équipes ont fait preuve d’intelligence et de réalisme », a expliqué Jean-Pierre Mas. Avant d’ajouter : « Il n’ y a pas de remise en cause de l’accord qui nous lie. Mais depuis 15 jours, Air France veut faire payer plus cher le service des abonnés. Le tarif n’est plus fixe. » Autre point, « les agences ne peuvent plus effectuer de changements dans les heures qui précèdent le vol ».
La SNCF pourrait également être un sujet sensible dans les mois à venir mais Jean-Pierre Mas l’évacue plus radicalement : « L’accord liant l’ensemble du marché arrive à échéance fin 2019. Valérie Sasset dirige actuellement les renégociations. Nous ne pourrons pas accepter une dégradation des conditions de rémunérations de la distribution. Il serait préférable pour nous de ne pas avoir d’accord que d’avoir un mauvais accord. »
4/ Des espoirs à faire vivre
Des bonnes nouvelles pourraient toutefois se profiler en 2019. Jean-Pierre Mas s’est montré positif sur le dossier difficile de la responsabilité de plein droit imposée dans le cadre de la transposition de la Directive européenne des voyages à forfait : « La situation n’est pas désespérée. Le sujet arrive au Sénat avec la loi Pacte. Et un amendement a été déposé fin janvier et signé par 132 sénateurs. » S’il est voté cet amendement permettrait de faire retirer la responsabilité de plein droit. A condition que la même action soit menée à l’Assemblée nationale. De quoi garder vraiment l’espoir.