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Le Routard sort un guide d'accueil des réfugiés en partenariat avec Voyageurs du Monde


Publié le : 08.09.2015 I Dernière Mise à jour : 09.10.2024
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I Crédit photo Le guide édité par le Routard pour les ONG qui accueillent les réfugiés est tiré à 5000 exemplaires.

A l'initiative de Philippe Gloaguen, le directeur du Routard, le guide vise à faciliter les échanges entre le personnel des ONG et les réfugiés accueillis en France. Voyageurs le cofinance.

Philippe Gloaguen, le directeur du guide de voyage, répond à Tour Hebdo sur la façon dont il met son activité au service de l'accueil des réfugiés en France. Il se défend de faire du marketing : l'info n'a pas été diffusée, elle a filtré à la suite du billet de vendredi dernier sur le blog de Tour Hebdo.

Tour Hebdo : Quel est le principe de ce guide des réfugiés édité par le Routard ?

Philippe Gloaguen : Il s'adresse aux ONG [Organisations non gouvernementales, ndlr] qui accueillent les réfugiés en France. L'un des problèmes majeurs est le temps passé à débriefer les réfugiés pour savoir d'où ils viennent, où ils souhaitent se rendre, et à leur expliquer leurs droits, les aspects techniques et logistiques, les maladies, etc. Il y a 750 points d'accueil en France, et les traducteurs manquent. Nous nous sommes donc inspirés d'un carnet pour les ados édité précédemment, intitulé J'ai pas les mots, pour sortir un guide à base de dessins, sans bulle ni explication. Il s'agit d'un livre pour établir le contact et communiquer.

TH : Qu'est-ce qui a motivé votre initiative ?

P.G. : Interpellé par la catastrophe humanitaire, j'ai réfléchi à ce que je pourrais faire en tant que citoyen à mon petit niveau. Puis, j'ai pensé qu'il valait mieux que chacun mette à profit son activité pour avoir une portée plus importante. J'ai un copain prof, qui donne des cours de français à des réfugiés. Je suis éditeur et suis en contact avec des ONG, donc j'édite un guide. La décision a été prise en juin, avant l'été qui est une période calme pour moi et durant laquelle je pouvais me consacrer au projet. Il se trouve en plus qu'en août le flux des réfugiés a pris une grande ampleur… Aujourd'hui nous sommes prêts : le guide part à l'impression et sera distribué d'ici une dizaine de jours.

TH : Comment sont assurés le financement et la distribution du guide ?

P.G. : Le guide est livré gratuitement à trois endroits : à 4 000 exemplaires à la FNARS (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale) qui les redistribue sur ses différentes antennes locales, 300 exemplaires à une association d'apprentissage du français, et 700 pour le Guide du Routard, dont nous assurerons nous-mêmes la distribution. Jean-François Rial [Pdg du groupe Voyageurs du Monde, ndlr], qui est un ami avec lequel nous réfléchissions sur la façon d'agir, m'a proposé de partager les coûts à 50% avec Voyageurs du Monde. De son côté, Hachette [qui édite le Guide du Routard, ndlr] nous a fourni les copyrights et les autorisations. La directrice éditoriale Nathalie Pujo a réalisé les maquettes. C'est le premier Guide du Routard gratuit, mais il faut bien comprendre qu'il ne sera pas disponible dans les librairies.

TH : Avez-vous le sentiment de faire du marketing avec cette action ?

P.G. : Pas du tout ! Mon attachée de presse n'est pas au courant, et nous n'avions pas l'intention de communiquer [Tour Hebdo a enquêté sur les initiatives des opérateurs du tourisme vis-à-vis des réfugiés, et a eu connaissance du projet, ndlr]. Il s'agit d'une démarche très intime, très personnelle. C'est une réponse à ce qu'a vécu mon père pendant la guerre ; il n'a pas été réfugié mais prisonnier en Allemagne, et des gens l'ont aidé. Il s'agit de faire œuvre de charité, pas chrétienne, mais tout simplement d'entraide dans notre monde de dingue. Les gens de gauche m'ont déçu ; aujourd'hui on ne sait plus de quel bord il faut être. Depuis un certain temps, j'ai choisi le parti de l'humanisme.

TH : Considérez-vous que les 24 000 réfugiés que la France prévoit d'accueillir, c'est insuffisant ?

P.G. : 24 000, c'est ridicule, honteux ! C'est l'équivalent de la population de Pithiviers! Ca ne change pas grand-chose à l'économie…

TH : Estimez-vous que l'industrie touristique a une responsabilité particulière ?

P.G. : Je le répète, c'est une démarche personnelle, chacun peut ressentir cette responsabilité. Mais si l'on considère qu'en tant que professionnels du voyage on a eu la chance de voyager, de voir vivre ces gens dans leurs pays respectifs, on peut se sentir plus concerné. Et se souvenir par exemple que la Syrie a été un protectorat français, ou se remémorer des pans de l'histoire dont on ne parle jamais, comme le fait que la France a accueilli 100 000 Russes blancs après la Révolution de 1917. A l'époque, on ne parlait pas de difficultés économiques comme celles que nous vivons aujourd'hui, la France était tout simplement détruite, et nous n'avions aucun lien avec ces populations. Nos grands-parents et arrière-grands-parents étaient plus généreux que nous. En ce qui me concerne, je n'ai pour seuls juges que ma conscience et mes enfants.

Propos recueillis par Virginie Dennemont

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