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Gestion des déchets : la règle des 5R appliquée au tourisme


Publié le : 30.07.2024 I Dernière Mise à jour : 09.10.2024
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Auteur

  • Caroline Mignon, Présidente Acteurs du tourisme durable

Tags : formation

Les déchets sont, depuis de nombreuses années, un fléau environnemental et social à plus d’un titre. Et le tourisme n’est pas exempt de responsabilité, alors même qu’il est aussi une victime de celui-ci. Prises de conscience et règlementations toujours plus exigeantes en la matière imposent au tourisme de faire sa part dans la gestion et surtout la prévention des déchets à toutes les échelles et dans tous les métiers.

 

Les déchets, de quoi parle-t-on 

Selon le code de l’environnement, un déchet désigne « tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien, meuble abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon ».

En France, les déchets ménagers représentent 430 kg par an et par personne (dont 254 kg d’ordures ménagères résiduelles), auxquels s’ajoutent les déchets produits par l’ensemble des activités économiques (dont l’industrie, l’agriculture, la construction, le soin…).

Au total en 2019, les déchets produits dépassaient lestonnes par Français. Parmi ceux-ci en moyenne, 66% sont recyclés, 6% sont valorisés en énergie et 28% doivent être éliminés (enfouissement, incinération…). Le traitement des déchets en France (recyclage, incinération sans valorisation énergétique et mise en décharge) représente environ 4% des émissions de gaz à effet de serre du pays. A ce titre, il représente un véritable enjeu au regard de la Stratégie nationale Bas Carbone qui permettra à la France de respecter les Accords de Paris.

La Loi AGEC (loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire de février 2020) transpose en droit français les objectifs des directives européennes de 2018 et 2019 et fixe des objectifs supplémentaires sur la réduction des déchets, le réemploi, le gaspillage alimentaire et la valorisation énergétique.

 

Le poids des déchets dans le tourisme

Le traitement des déchets est l’un des enjeux majeurs adressés par le secteur du tourisme d’une part car il pèse lourd, d’autre part parce que l’imaginaire du tourisme implique des paysages et des sites vierges de tout déchet et toute dégradation.

Or le touriste est un vecteur de déchets : il emporte avec lui, notamment dans des espaces naturels fragiles et/ou non équipés de système de gestion des déchets (montagne, bord de mer, désert, forêt, en mer…) tout un tas d’objets qui sont autant de futurs déchets. En outre, le tourisme, par la mobilité qu’il induit et sa durée limitée, génère l’utilisation de nombreux produits à usage unique, pratiques, légers, pas chers… (bouteilles d’eau en plastique, petits contenants pour les produits d’hygiène, admis en bagage cabine ; produits alimentaires emballés, vaisselle jetable…).

Ces dernières années, plusieurs études ont pointé les impacts de la fréquentation touristique sur la gestion des déchets : l’Ademe estime que les territoires touristiques produisent +27% de déchets que la moyenne nationale.

En mer Méditerranée, 52% des détritus seraient liés au tourisme balnéaire selon un rapport de l’association WWF. 95% des déchets de la Méditerranée sont des déchets plastique.

En montagne, et notamment sur les voies très populaires, l’afflux de touristes entraîne une augmentation considérable de la quantité de déchets. Un article de Reporterre en janvier 2023 est intitulé « Dans l’Himalaya, le tourisme transforme la montagne en poubelle »photos (édifiantes) à l’appui, dans une région (le Ladakh) « …qui n’a pas les moyens de gérer les déchets générés (par le tourisme, NDLR…), qui finissent dans d’immenses décharges à ciel ouvert », fléau pour la santé des habitants…

Enfin, dernier point noir en matière de déchets dans le tourisme : le gaspillage et les pertes de produits agroalimentaires. Ceux-ci pèsent près de 10 millions de tonnes par an en France, estime Matthieu Brun, responsable des études au Club Demeter. Au niveau du consommateur final, le gaspillage représente environ un tiers de ce total, soit quelques 45 kg de nourriture par an et par Français, en incluant les déchets des repas pris hors domicile.

La production alimentaire non consommée en France (production, distribution, transport et décomposition), en plus de participer aux émissions de gaz à effet de serre est aussi responsable de l’épuisement des sols et d’une consommation excessive d’eau douce voire d’eau potable.

C’est donc naturellement l’une des catégories des déchets les plus concernées par les actions de réduction dans le tourisme et l’hôtellerie notamment à travers des réflexions (et remises en question) sur les buffets à volonté et les buffets de petit-déjeuner, mais aussi sur les quantités servies en restauration collective…

 

Trois sujets majeurs s’imposent donc aux professionnels du tourisme :

-Limiter et gérer le surcroît de déchets en période touristique 

-Bannir les déchets sauvages générés par le tourisme, notamment dans les espaces naturels fragiles 

-Eradiquer le gaspillage alimentaire dans la restauration

 

Comment agir ?

Trier et recycler c’est bien, mais l’enjeu réside avant tout dans la réduction de la quantité de déchets générés. La sensibilisation à la réduction des déchets s’appuie sur la règle des 5R :

-Refuser ce dont on peut se passer

-Réduire ce dont on a besoin (et que l’on ne peut pas refuser)

-Réutiliser ce que l’on consomme (et que l’on ne peut ni refuser, ni réduire)

-Rendre à la terre ce qu’elle a donné (composter)

-Recycler ce que l’on ne peut pas réutiliser

 

Dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, cette règle pourrait concerner les actions suivantes :

-Refuser : les produits à emballage individuel (confitures, gels douche et shampoings, bouteilles d’eau en plastique, …), les objets à usage unique (vaisselle jetable, draps et alèses jetables)

-Réduire : le gaspillage alimentaire, les emballages jetables ou non recyclables, le nombre de serviettes de toilette mises à disposition, les brochures et flyers papiers

-Réutiliser : avoir recours aux objets de seconde main (mobilier, vaisselle, …), utiliser du matériel réutilisable (lavettes microfibres, linge de table en tissu…)

-Rendre à la terre : composter les déchets verts, organiser la collecte des biodéchets

-Recycler : privilégier les achats en matériaux recyclables (verre, papier/carton, métaux…)

 

Les acteurs s’engagent

Devant la nécessité d’intervenir en matière de gestion des déchets, de nombreuses initiatives ont été intégrées dans le tourisme. Tout d’abord, la plupart des démarches d’amélioration et des labels touristiques aujourd’hui intègrent des critères en matière de valorisation et surtout de réduction des déchets.

Ainsi, par exemple, l’étiquette environnementale intègre le poids des déchets non-recyclables/nuitée comme l’un des 4 indicateurs générant la note environnementale des hôtels et des campings.

Les labels Clef Verte et Ecolabel européen imposent quant à eux de mesurer l’évolution du poids de déchets générés et consacrent plusieurs critères obligatoires à la valorisation des déchets en encourageant au tri les clients dans les chambres ou au compostage, au zéro plastique à usage unique, au réemploi…

 

De nombreuses initiatives fleurissent

Acteurs du tourisme durable consacre l’un de ses Trophées Horizons à « la gestion des déchets et l’économie circulaire ». En 2023, ce prix a récompensé la société Beesk qui organise une distribution alimentaire 100% antigaspi pour la restauration française et le secteur événementiel.

Le site web d’Acteurs du tourisme durable propose par ailleurs un annuaire de bonnes pratiques parmi lesquelles certaines en relation avec la gestion des déchets comme « Proposer un petit déjeuner zéro déchet dans les hébergements touristiques ».

Le concours national « Design Zero Dechet », organisé par le Syctom depuis 2012 a consacré son édition 2023 au tourisme durable. Il mobilise la majorité des écoles de design en France.

L’ONG Moutain riders a lancé en 2020 un programme d’actions pour une « Montagne zéro déchet » afin d’aller encore plus loin sur la question du déchet sauvage en montagne et en 2023 une Charte nationale Montagne zéro déchet en 2030 qui engagent les acteurs publics et privés volontaires.

Plusieurs territoires, notamment les Iles du Morbihan, sensibilisent les touristes à une démarche zéro déchet et leur imposent de remporter leurs déchets pour les trier sur le continent, mieux équipé pour la gestion des déchets ménagers résiduels.

D’autres ont rejoint le mouvement : Gourde friendly pour inciter les établissements du territoire à s’ouvrir à tout un chacun pour remplir sa gourde !

La Ville de Paris vient, quant à elle de publier un plan d’engagement de la filière tourisme et itinérance visant à doter les professionnels d’un outil méthodologique et constituant un référentiel de certification et de valorisation des acteurs du tourisme engagé.

Le média Guide Zéro déchet consacre un dossier complet au zéro déchet en voyage avec l’objectif de sensibiliser et d’encourager l’action des touristes eux-mêmes.

Nombre d’associations voient le jour par ailleurs pour prévenir la production de déchets et organiser des sessions de nettoyage des espaces naturels.

En conclusion, les bonnes pratiques en matière de gestion des déchets sont très nombreuses dans le tourisme ; le défi réside aujourd’hui pour tous, professionnels comme touristes, dans une réflexion permettant en amont de générer moins de déchets. Le déchet le moins polluant étant celui qu’on ne produit pas !

 

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