Les destinations, les produits, la façon de voyager… Les voyagistes ont connu de nombreux bouleversements ces 10 dernières années. Parmi lesquels, un enjeu de taille, la désintermédiation du voyage.
L’exercice 2017-2018 a été le meilleur de la décennie. Les voyagistes membres du Syndicat des entreprises du tour-opérating (Seto) ont enregistré la plus forte croissance de l’activité des voyages à forfait depuis 2007-2008. Avec un nombre de clients en hausse de 8,6% et un chiffre d’affaires qui a bondi de 7,4% par rapport à 2016-2017, ils espèrent avoir enclenché un nouveau cycle, laissant derrière eux des années particulièrement sombres, tels les exercices 2008-2009 et 2012-2013.
Pour autant, en dix ans, un nouvel enjeu s’est imposé progressivement aux tour-opérateurs tricolores : la désintermédiation progresse. Malgré une maîtrise des prix et le retour de la croissance, les voyagistes ont cédé du terrain. « Nous n’avons pas suivi le rythme de la croissance générale », concède Jürgen Bachmann, secrétaire général du Seto. « Mais, historiquement, les TO français n’ont jamais eu une assise très forte, si l’on excepte les cas particuliers qu’étaient la Tunisie, le Maroc, l’Égypte ou le Sénégal. » Et les Canaries et la République dominicaine aujourd’hui. Les parts de marché des TO y sont remarquables, respectivement de 62% et de 42%.
Les agences doivent prouver leur valeur ajoutée
Ailleurs, et même sur des axes où leurs performances sont bonnes, les voyagistes se contentent de la portion congrue. Leur part de marché aux États-Unis est ainsi passée en quatre ans de 12% à 7% puisqu’ils n’ont capté que 117 000 clients (forfaits et vols secs) en 2017 sur un total de 1 667 000 Français accueillis cette année-là. Même érosion à Maurice (22,5% de part de marché en 2016-2017 contre 32% de part de marché en 2013-2014), en Thaïlande (14% contre 17%), au Maroc (17,5% contre 29,3%) et même en Tunisie (29% contre 51%). À croire que les touristes voyageant par leurs propres moyens sont moins frileux que ceux des tour-opérateurs.
Pour autant, cette perte de contrôle, « nous devons vivre avec et nous pouvons vivre avec », estime Jürgen Bachmann. « La bonne nouvelle est que le marché des voyages est vivace. Aux TO de mettre en avant leur valeur ajoutée pour séduire et convaincre. » Une réactivité et une créativité dont ils ont su faire preuve pour résister honorablement lors de la décennie écoulée, une des pires qu’ait connues la profession.
=> Retrouvez l’ensemble du dossier « 2008-2018 : tout ce qui a changé pour les TO » dans le numéro de mai (n°1603)