Le deuxième pôle aéronautique français est mort-né, miné par les problèmes sociaux posés par le rapprochement.
Actualisé à 14h59
Un communiqué laconique de la compagnie Corsair International annonce la fin au projet de rachat par le groupe Dubreuil, déjà propriétaire d’Air Caraïbes : "Malgré les efforts de ces dernières semaines, les parties ont conclu qu'elles ne seront pas en mesure de mener à son terme le projet de cession de la compagnie Corsair." Côté Air Caraïbes/Dubreuil, on confirme la rupture, mais aucun communiqué n'est prévu, ni de commentaire.
A vrai dire, il y avait de l’eau dans le gaz dès la fin de la semaine dernière, lors de la grève de Corsair. Le personnel était inquiet face au projet de rachat bien que, selon le groupe vendéen Dubreuil, celui-ci ne prévoyait pas de plan social avec départs volontaires.
Les sureffectifs étaient pourtant évidents. Evoquant les négociations avec les syndicats lors de la grève, la direction de TUI France déclarait à l’AFP : "Ils ont les interlocuteurs, ils n'ont peut-être pas les réponses qu'ils souhaitent. Cette grève est liée à une communication inappropriée du groupe Dubreuil". On comprend mieux pourquoi la rupture entre TUI et Dubreuil est intervenue après une déclaration aussi orientée. Une ultime réunion avait eu lieu hier soir entre les dirigeants des deux entités.
Avec le conflit, Corsair se retrouvait dans une situation sans issue. Trois jours de grève le week-end dernier ont entraîné des pertes estimées à 4 millions d’euros. Il fallait en prévoir autant pour la grève annoncée pour le week-end prochain, qui a été suspendue à l’annonce de la rupture. Ces pertes se seraient ajoutées à la recapitalisation de la compagnie promise par TUI avant la réalisation de la vente.
Quatrième tentative de rapprochement avortée entre Corsair et Air Caraïbes
Cette tentative de rapprochement de Corsair et d’Air Caraïbes était la quatrième. Il est vraisemblable qu’il n’y en aura pas de cinquième. Par ailleurs, la vente de Corsair, compagnie déficitaire qui a perdu 8,9 millions d’euros lors du dernier exercice fiscal, va devenir problématique. Son contexte social risque d’effrayer les acheteurs potentiels.
A court terme, on peut s’interroger sur la poursuite des accords commerciaux entre Corsair et Air Caraïbes mis en place en mars 2012. Les code share concernent essentiellement la desserte des Antilles. Des appels d’offres avaient aussi été lancés en commun, comme la fourniture de catering. Les deux compagnies ne se sont pas exprimées sur ces points.
A moyen terme, Dubreuil va-t-il maintenir son plan de développement qui prévoyait d’exploiter une flotte de onze A350 d’ici à 2024, le premier appareil arrivant dès la fin de l’an prochain ? La stratégie du groupe familial est stricte et vise à ne pas tolérer de ligne déficitaire au-delà des périodes de lancement.
Ainsi, la desserte de Cayenne, ouverte fin 2008, est devenue bénéficiaire. Celle d’Haïti, créée en 2009, gagne aussi de l’argent depuis l’an dernier. Le rachat de Corsair aurait permis de récupérer un bouquet de lignes, à rendre rentables. Partir d’une copie blanche pour Air Caraïbes sera beaucoup plus coûteux.
Thierry Vigoureux