Dans la vie, les dilemmes sont légion. Dès l’école primaire, les petits adorent s’inventer des alternatives cornéliennes du style : « tu préfères chausser du 72 ou avoir les oreilles qui touchent par terre ? ». Insoluble. À l’âge adulte, dans les démocraties occidentales, les questions existentielles perdurent, surtout dans les cabinets ministériels : « tu préfères risquer à 0,09 % qu’un Airbus se crashe sans survivant, ou fermer les aéroports ? ». Quand on veut être réélu à court terme, sur l’air de « j’ai envisagé tous les risques », on choisit généralement l’option 2. Quitte à provoquer à moyen terme la faillite de pans entiers d’une industrie, le déclenchement d’aides d’État financées par l’impôt, des manifestations de contribuables excédés, des licenciements en cascade… et une révolution. Le pire n’étant jamais sûr, on espère bien que le principe de précaution ne mènera pas au chaos (les financiers s’en chargent très bien tout seuls). Et que, sous prétexte de se protéger de tout (des virus, des particules volcaniques, des acides gras trans…), on ne bloquera pas tout espoir de reprise dans nos contrées javellisées. Pour mémoire, rappelons que le fameux principe, qui répond à notre demande de pays « émergés » d’approcher le risque zéro, se définit comme suit dans la loi française : « l’absence de certitudes […] ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et PROPORTIONNÉES visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles […] à un coût économiquement ACCEPTABLE ». Après la crise du nuage, à tête reposée, l’Europe s’oriente vers une réduction du nombre d’espaces aériens de 27 à 9. Avant de diviser le nombre de dilemmes potentiels de 9 à 1 ? Ca s’appelle l’Europe politique. Il n’y a pas que le secteur transports-tourisme qui en a cruellement besoin…