C’est Jean qui rit et Jean qui pleure. On nous serine depuis des années que la parité « naturelle » euro/dollar se situe aux alentours de 1,15. On y est presque. Et la baisse soudaine de la monnaie européenne ne fait pas les affaires de l’outgoing. Côté réceptif en revanche, on se frotte les mains. La France se prépare à exploser les compteurs, en grande partie grâce à sa clientèle domestique. Il faut dire que le terrain est particulièrement propice. Entre l’allergie aux aéroports et la souscription d’une retraite complémentaire, placer un circuit aux États-Unis relève des techniques de vente des cuisinistes. Sans parler de l’influence des locavores, ces adeptes du « consommer proche », qui font leur chemin au royaume de la branchitude. Mot d’ordre : on ne touche pas un poireau cueilli à plus de 20 km à la ronde. On avait déjà arrêté les fraises en hiver et banni l’ananas vénézuélien de nos frigos (12 tonnes de CO2 la tranche). Au train où vont les choses, emmener sa petite famille surfer à Kuta Beach frisera bientôt la lose ultime. Après, on s’étonne que les clients se laissent pousser sans complexe des oursins plein les poches. Sans surprise, la partie s’annonce serrée pour faire basculer les indécis de l’été vers l’overseas. On peut toujours tenter l’argument massue : la perspective du chaos final est quand même le moment rêvé pour entreprendre le voyage d’une vie, de préférence aux antipodes. Sinon, dans le genre tricolore commissionné, y’a le nouveau Framissima des Landes…