Y’a-t-il quelqu’un pour stopper le train ? Encore faut-il savoir où sont les freins… Dans notre société du « tout, tout de suite », bien peu de domaines échappent encore à l’accélération générale. Il vous vient des idées de tout plaquer pour devenir apiculteur en Provence et conter fleurette à vos butineuses ? Malheureux ! Même nos paisibles fabricantes de miel font le grand huit. Pressurées, génétiquement modifiées, abreuvées d’antibiotiques comme de vulgaires poussins en batterie, elles sont contraintes de produire mieux et plus vite. Ils l’ont dit l’autre soir sur Arte (des fois, c’est mieux que Koh-Lanta ou La Nouvelle Star) : les abeilles pourraient disparaître, non seulement à cause des pesticides, mais aussi d’avoir été trop croisées par souci de productivité. Et nous avec. Des voix tentent bien de s’élever pour dénoncer la dictature du « court termisme ». La preuve, même David Hallyday et Laura Smet le chantent sur tous les toits : « Freine/Tire un peu plus fort sur les rênes/ Avant que le vide nous entraîne/toutoudou/ toudoutou… » Formulé par les rejetons de notre Jojo national qui a vécu santiags au plancher toute sa vie, ça pose le débat. Moins show-biz (quoique), le dernier livre de Jean-Louis Servan-Schreiber, intitulé Trop vite !, nous intime lui aussi de lever le pied, sous peine de redevenir des sauvages (je résume). Tout ça pour dire que, même si les clients ne s’écrasent pas le nez par centaines sur votre vitrine chaque matin, changer de modèle, ça se réfléchit. Et réfléchir, ça prend du temps. Avant de se lancer dans la diversification à tout-va et de s’improviser distributeur d’hydromel sous prétexte que l’on commercialise des séjours dans le Vaucluse, mieux vaut peser les hypothèses (lire p. 10 et 11). En attendant : tournée générale de gelée royale !