Et si Henri avait raison ? Il est d’usage au Club Med d’oublier les patronymes, aussi fameux soient-ils. À l’heure de faire taire les sceptiques, le chef des GO n’a jamais autant mérité qu’on l’appelle par son prénom. En 48 heures, la marque au trident a annoncé son retour aux bénéfices, accueilli un investisseur chinois et retrouvé des couleurs en bourse (lire p. 6 et 10). Pas encore « tous les bonheurs du monde », mais ça commence à y ressembler. Cette fois-ci, les profits ne doivent rien aux cessions immobilières ni à la vente d’un certain Jet tours. Mieux, tandis que l’entreprise récolte sur les marchés occidentaux les fruits des réductions de coûts et des rénovations de villages, la Chine s’éveille elle aussi au « haut de gamme convivial et multiculturel ». Henri en est certain : les Pékinois vont adorer dévaler les pistes de Mandchourie en tout inclus, pour mieux devenir accros au ski nautique illimité dans les villages du monde entier. De quelque 23 000 clients aujourd’hui, le Club espère ainsi décupler le nombre de Gentils Membres chinois dans les cinq ans. Qu’on se le dise : l’Empire du Milieu doit devenir le deuxième marché de l’entreprise d’ici 2015. La marque bénéficie là-bas d’un énorme avantage : personne n’a vu Les Bronzés. Chez nous, le film de Patrice Leconte est au Club Med ce que le Normandie est à la croisière : un boulet. Vierge de tous préjugés de Kunming à Yichun, le concept créé par Gérard Blitz en 1950 compte bien ne réserver à son nouveau public que ses plus beaux atours. Objectif : que les 4 et 5 tridents, dont la grille tarifaire fait grincer quelques dents sous nos latitudes, s’écoulent comme les sacs Vuitton sur Nanjing West Road à Shanghai. Reste à transformer l’essai, plus convaincant à ce jour que les approches de Christian Audigier pour faire du Club Med le fournisseur officiel du tout Hollywood. Quitte à troquer les crazy signs contre une séance de tai-chi…