Cartable tout neuf vissé aux épaules, et une angoisse au ventre : ne pas être dans la même classe que les copains. Des souvenirs (plus ou moins) lointains de rentrée des classes, de ce début septembre où il faut recommencer à mettre le réveil trop tôt, manger du poisson pané à la cantine, essayer vaguement de réciter des leçons et de décrocher des notes qui assureront l’admiration familiale.
À Tour Hebdo, on préfère vous épargner la boule au ventre : les notes, on les donne au début de l’année scolaire, et en plus, on ne parle que des premiers de la classe ! C’est quand même plus sympa que l’école… Comme l’an dernier, nous nous sommes associés au cabinet Invescomm pour publier une partie du Baromètre de satisfaction des agents de voyages, et ne dévoilons que les noms des TO préférés des AGV : qui a dit fayot ? Il faut avouer que ça fait du bien de caresser la profession dans le sens du poil, en mode « it’s a wonderful world »… Parce qu’on n’a pas tout à fait été épargnés ces derniers temps. Avec l’anniversaire du 11 septembre qui approche, on regarde le chemin parcouru. Vous vous souveniez, vous, que le baril de pétrole coûtait à peine trente dollars à l’époque ? Que personne ne savait ce qu’étaient des subprimes ? Mais ce dont on se souvient surtout, en évoquant cette décennie passée, c’est du choc monstrueux que l’effondrement des tours a provoqué. D’images qui tournent en boucle sur les écrans de télévision. De la stupeur générale. Dans notre dossier spécial consacré aux dix ans de crises depuis le 11 septembre 2001, nous avons demandé aux patrons du secteur ce qu’ils faisaient quand ils ont appris la nouvelle. Moi, j’étais place Bellecour, à Lyon. C’était aussi une rentrée des classes, à la fac cette fois. Sans cartable, ni poisson pané. Et la boule au ventre se nouait devant les images de Manhattan.
Mais dix ans après, New York va inaugurer le Memorial de Ground Zero, Ben Laden est mort, on n’a toujours pas compris ce que sont les subprimes, et le tourisme a résisté. Les crises ont même permis de montrer au client l’intérêt de faire appel à un pro, un vrai. Alors en regardant cette décennie écoulée, on peut aussi se féliciter. Et se dire qu’avec tout ce qu’on s’est pris ces dix dernières années, on est rodé !