Les Suisses sont des gens étranges. Ils traversent dans les clous, débutent les soirées à l’heure du goûter, poussent le « civisme » jusqu’à appeler la police pour une voiture mal garée, mais restent bouche cousue quand des milliardaires chelou font leur lessive sur les rives du Léman. Un autre monde on vous dit. Pire. Le peuple helvétique vient d’apporter la preuve ultime qu’il n’est pas comme nous : il n’aime pas les vacances. Les Suisses l’ont déclaré solennellement lors d’une énième « votation ». C’est ainsi que l’on désigne le sport national de l’autre côté des Alpes, qui consiste à aller aux urnes tous les quatre matins pour donner son avis sur la couleur de l’emballage de l’Appenzell ou la largeur des enseignes de la Migros (le Monop’ local). Le week-end dernier, les Helvètes ont dû se prononcer sur un encadrement plus strict du droit de manifester (c’est oui), la création de places de parking pour les prostituées (yes again), la limitation du nombre de résidences secondaires (banco) et… le passage de 4 à 6 semaines de congés payés annuels. Là, trop c’est trop. Une augmentation de 50 % des journées off d’un seul coup, qui impliquerait de surcroît de faire plus fort que la France (hors RTT évidemment), c’est comme de fabriquer du chocolat avec du lait de brebis : pas helvétiquement correct. Mais encore ? Pour un Suisse, deux semaines supplémentaires de glandouille par an, c’est la porte ouverte au chômage, rapport à la baisse d’activité et à la destruction de richesse. Quitte à partir en vacances, autant que ce soit court mais luxe. Chez nous, on préfère faire long mais cheap. Et si c’était la France qui tournait pas rond ?