Nous poursuivons notre voyage sur la route des oliviers. Après deux premières journées à visiter les sites antiques et historiques de la région, impossible de faire l’impasse sur ce qui fait la renommée de ce périple : les oliviers ! Après la culture, place à l’agriculture ou plus exactement à la culture… de l’olive.
Nous avions terminé notre 2e journée du côté d’Adatepe. C’est donc là que nous vous proposons de reprendre la route à la découverte de cet or vert qui fait la réputation du pays dans le monde entier.
Non seulement, la Turquie est l’un des premiers producteurs mondiaux d’olives et d’huile d’olive, mais « les connaissances, méthodes et pratiques traditionnelles de l'oléiculture en Turquie sont inscrites au patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente de l’UNESCO » depuis 2023. La région la plus riche en olives est, de loin, la mer Égée, au long de laquelle s’écoule la route des oliviers, qui abrite 75 % des oliviers du pays.
Jour 3 : les 1001 saveurs de l’olive
Pour débuter cette 3e journée, faisons une halte à l’Adatepe Olive Oil Museum. Le premier et seul musée de Turquie dédié à l’huile d’olive a ouvert ses portes en 2001. Ici, vous en saurez plus sur les traditions liées à la culture de l’olive en Anatolie. En effet, bien que la production d'olives remonte à la préhistoire en Turquie, une grande partie de son histoire est tombée dans l'oubli à l'époque moderne. Le musée préserve ainsi l'histoire littéraire et visuelle de la production d'huile d'olive dans la région.
Ensuite, direction la « Sabit Ertür » Olive Oil Company, entre Akçay et Edremit, dans la province de Balikesir. La visite des lieux est même proposée par le propriétaire, fils du fondateur de la fabrique. Dans un bâtiment typique de la région, vous découvrirez des machines ancestrales, dont certaines servaient déjà il y a plus d’un siècle à la fabrication de l’huile d’olive, et revivrez toute l’histoire de la production d’huile au fil des époques. Certaines machines, plus récentes (XXe siècle), viennent même de New York… ou de France (de Marseille plus précisément). Et juste à côté du bâtiment historique se situe l’usine de fabrication !
Mais il est déjà l’heure de nous remettre en route pour İdamera Farm et son agriculture bio. La ferme Idamera, c’est d’abord une histoire. Une histoire d’amour même puisqu’elle est tenue par un jeune couple : lui est le fils d’un fermier turc et d’une mère autrichienne arrivée en Turquie dans les années 60, et il a fait ses études d’ingénieur agronome en Autriche ; elle, est Autrichienne et a fait une partie de ses études en France, en Allemagne et en Italie. Elle a déménagé il y a 14 ans en Turquie pour lancer l’agriculture bio.
Ensemble, ils ont une petite fille et surtout ont bâti leur ferme autour de cette vision et de cette philosophie éthique autour de l’économie circulaire, aidés dans leur projet par des bénévoles hébergés sur place. Parmi les produits cultivés dans leur jardin de 1000 m2, fabriqués et vendus sur place : des fruits et légumes, des herbes, des produits à base d’olive et surtout des fromages élaborés avec le lait de leur dizaine de vaches et de leurs brebis. « Idamera » signifie d’ailleurs pasteur !
Deux programmes sont proposés aux visiteurs :
- Un tour de 2h avec dégustation de produits de la ferme (fromage et thé…)
- Un autre plus long avec fabrication de pizzas au feu de bois
De quoi nous mettre en appétit et ça tombe bien, car c’est l’heure du déjeuner. Direction le restaurant Lokanta Bahar à Edremit pour déguster une cuisine authentique élaborée à base de certains des produits de la ferme Idamera et… d’huile d’olive bien sûr. Ce qui est très agréable c’est que le chef n’hésite pas à faire le tour des tables et à partager sa passion pour la cuisine et les produits locaux. Nous avons ainsi appris qu’il utilisait 6 tonnes d’huile d’olive de Çanakkale par an.
En parlant d’huile d’olive, une fois la pause-déjeuner terminée, nous vous conseillons de pousser un peu plus loin pour visiter la fabrique Nermin Hanim Zeytinligi. 200 tonnes d’huile d’olive y sont produites chaque année. Le site emploie une cinquantaine de personnes, incluant la boutique et le restaurant. Car c’est l’une des particularités de la fabrique : on peut non seulement y acheter des produits à base d’huile d’olive (savons, huiles essentielles…) et autres (condiments, olives, fromage, charcuterie, etc.), mais aussi les consommer dans le restaurant adossé à la boutique. La marque a d’ailleurs reçu un grand nombre de récompenses en Turquie mais surtout à l’international.
Petit détour à Cunda Island
Pour finir l’après-midi, changement de décor et d’activité pour visiter la très jolie île de Cunda. Sur son point le plus élevé, une ancienne petite église transformée en bibliothèque vous offre des fresques magnifiques. Vous pourrez même profiter du sublime point de vue sur l’île depuis la terrasse du café qui la jouxte.
Ensuite, le mieux est de déambuler dans les ruelles très animées de la cité, de découvrir les petites boutiques d’artisanat ou de vous balader sur le port. La journée, le panorama vous offre un ciel bleu magnifique, à la nuit tombante, le ciel affiche souvent une palette de couleurs chatoyantes, entre le rose et l’orange.
Vous pouvez également tester l’un des nombreux restaurants de l’île pour un dîner au bord de l’eau ou dans une rue typique, mais de notre côté, nous avons préféré nous rendre à notre hôtel à Ayvalik, le Camlik 87. Notre conseil : demandez une vue mer !
L’hôtel, idéalement placé, vous propose certains soirs des concerts de musique traditionnelle. Idéal pour bien terminer la soirée après avoir dîné au restaurant de poisson Deniz Yildizi. Vous y trouverez notamment une très belle collection de Raki, une eau-de-vie de vin aromatisée à l'anis typique de la Turquie, et ne manquerez pas de goûter au dessert Helva, une crème chaude au sésame ou au chocolat.
Jour 4 : profitez de la région
Pour cette dernière journée, un peu de repos vous fera le plus grand bien. Histoire de profiter pleinement du séjour après trois journées bien remplies. Ayvalik n’est pas surnommée la perle de la mer Égée pour rien. La matinée commence par une balade le long de la mer sur la promenade située juste en face de l’hôtel, qui vous mènera jusqu’au centre-ville.
Mais impossible de finir ce voyage sans participer à la récolte des olives. Nous nous mettons alors en route pour le village Altınova. Au programme : cueillette d’olives à même les oliviers, dégustation d’huile d’olive, atelier de savons à l’huile d’olive, etc. On termine la journée avec un dernier dîner avec le chef Arzu Acurol.
Voilà, notre découverte de la route des oliviers se termine ici. Une dernière nuit à l’hôtel et le lendemain matin, nous reprenons l’avion à l’aéroport d’Edremit – Balikesir situé à une quarantaine de minutes en voiture. Direction Istambul puis la France. Avec la tête remplie des couleurs, des saveurs et des douceurs perçues tout au long de la route des oliviers.
Crédits photos : @Violaine Cherrier (sauf pour le visuel Zeytin Hasadı (3) sans copyright)