La FNTV réagit aux prises de position de candidats à la mairie de Paris en faveur d'une interdiction des autocars de tourisme diesel dans la capitale après 2024. Les entreprises insistent notamment sur les vertus du transport collectif.
Le torchon brûle entre les autocaristes et les candidats aux élections municipales qui proposent d'interdire les autocars de tourisme diesel dans la capitale, voire même tous les autocars de tourisme, après 2024.
Il y eu le premier engagement de Benjamin Griveaux, candidat LREM, en avril dernier, concernant l'amélioration de la qualité de l'air et l'interdiction des autocars de tourisme polluants. Puis celui de Gaspard Gantzer, ancien conseiller communication de François Hollande et fondateur du mouvement "Parisiennes, Parisiens", qui a proposé de bannir carrément tous les cars touristiques de la capitale. La dernière sortie de ce genre vient d'un rapport coécrit par Jean-François Martins, actuel adjoint au Tourisme et porte-parole du mouvement "Paris en Commun", qui soutient la réélection d'Anne Hidalgo. Dans une note publiée mercredi 11 décembre par Tera Nova, une proposition pour repenser le tourisme dans Paris évoque l'interdiction des autocars diesel dans la ville après 2024.
Aucune consultation
« Les professionnels du tourisme contestent la partialité » dudit rapport, « dans la mesure où, étant les principaux concernés par cette question, ils n'ont jamais été interrogés sur les solutions envisagées et sur leurs conséquences pour la profession », écrit la FNTV dans un communiqué.
La fédération « rappelle aux candidats que l'autocar est un mode de transport en commun répondant aux exigences d'une mobilité responsable et durable. Les entreprises de transport prennent leurs responsabilités en investissant dans la transition énergétique au profit de véhicules à faibles émissions dont les performances énergétiques sont reconnues. »
« L'autocar achemine plus de 12,5 millions de touristes par an à Paris et contribue à hauteur de 1,5 milliard d'euros de retombées économiques par an pour l'économie touristique de la capitale (musées, hôtels, théâtres, sites touristiques, commerces de proximité…) et à son rayonnement culturel. »
"Manque de places de stationnement"
L'organisation critique ensuite la politique de mobilité à Paris : « L'actuelle politique dogmatique des flux qui touchent les mobilités parisiennes en général et l'autocar en particulier se couple à un manque de places de stationnement ou à des places inoccupées du fait de l'inadaptation des tarifs de stationnement. »
La stigmatisation de l'autocar dénoncée
La FNTV dénonce des positions qui « aboutissent à la stigmatisation d'un mode de transport et à une approche qui privilégie un tourisme individuel et élitiste plutôt qu'un tourisme accessible au plus grand nombre. »
« Les autocaristes ne sont qu'un maillon de la chaîne de l'industrie touristique mondiale et apportent tout leur savoir-faire pour offrir des prestations de qualité à des donneurs d'ordre qui conçoivent l'offre touristique. Ainsi, il est contre-productif de stigmatiser l'autocar sans engager une action globale et d'envergure avec l'ensemble des acteurs de la filière. »
« Paris doit rester une ville accessible et accueillante pour les publics spécifiques et fragiles », écrit la FNTV dans le communiqué, reprenant les termes du rapport de Tera Nova. « Or l'interdiction des autocars dans le centre de Paris aurait pour conséquences :
- L'avènement d'un tourisme à deux vitesses faisant de Paris une destination touristique uniquement accessible aux personnes à fort capital économique.
- Des ruptures de charge perturbant l'organisation des visites et réduisant l'attractivité des différents points touristiques de la capitale.
- Une congestion routière accrue du fait de la nécessité de tripler le nombre de véhicules (navettes électriques) nécessaires à l'acheminement des touristes et par ailleurs inadaptés à leurs besoins.
- Le report des passagers des flux touristiques ou périscolaires sur les lignes de transport en commun dont la plupart sont déjà saturées.
- Un accroissement de l'insécurité des touristes (vols à la tire…).
- Le déréférencement de la Ville de Paris dans les circuits touristiques et une baisse importante du chiffre d'affaires des entreprises et artisans parisiens liée à cette économie. »
"Accompagner la profession"
Les autocaristes rappellent en outre « aux candidats aux municipales ce que les entreprises de transports attendent de leur part afin d'éviter les effets d'annonce qui se révéleront une nouvelle fois inapplicables :
- Accompagner la profession pour que l'offre industrielle en motorisations alternatives se développe plus rapidement.
- Faciliter l'usage des filières alternatives en développant les infrastructures telles que les bornes de recharge électriques ou les stations GNV.
- Proposer une politique de stationnement concertée avec la profession à des tarifs réalistes et incluant un nombre suffisant d'espaces de dépose-reprise des personnes transportées.
- Travailler à des solutions innovantes utilisant les nouvelles technologies avec les professionnels pour concilier qualité de vie des Parisiens et gestion efficace des flux touristiques dans Paris. »