Plusieurs parlementaires de la Manche se font les porte-parole auprès du ministère de l’Économie de la situation plus que périlleuse que vivent des autocaristes sans activité depuis un an.
Bertrand Sorre et député Sonia Krimi, députés de la Manche et le sénateur Jean-Michel Houllegatte demandent au ministre de l'économie, Bruno Le Maire, des mesures rapides pour soutenir les transporteurs de voyageurs, dont la colère monte. Ils indiquent au ministre des « pertes de chiffre d’affaires de 80 % en moyenne depuis le début de la crise pour les transports touristiques et à 20 % pour les transports conventionnés avec une autorité organisatrice de la mobilité ».
Pas de reprise avant 2022
Les aides mises en place par l’État dans le cadre du Plan Tourisme (activité partielle à taux majoré, les exonérations de cotisations sociales et le fonds de solidarité) ont permis jusque-là de sauvegarder les autocaristes de tourisme soulignent-ils, mais « les chefs d’entreprise n’envisagent pas de reprise avant 2022 ». Ces trois dispositifs nécessitent d’être prolongés à minima jusqu’au mois de juin invitent-ils, « mais ceux-ci ne suffiront pas à surmonter les difficultés ».
Les entreprises doivent recommencer à rembourser les emprunts bancaires ou crédits baux contractés pour financer leurs parcs de véhicules puisque les moratoires bancaires de 12 mois applicables aux secteurs touristiques ont pris fin pour les premiers en mars.
Pas de soutien des banques
« Les établissements bancaires et les sociétés financements refusent désormais de nouveaux décalages malgré les consignes de souplesse et d’examen au cas par cas, annoncées avec la Fédération Bancaire Française le 14 janvier dernier. Or, elles n’ont pas la trésorerie qui leur permettrait de le faire. En outre, ces coûts fixes très importants (de l’ordre de 20 % des charges de l’entreprise en moyenne) sont exclus de la compensation des charges fixes annoncée le 10 mars. Or, les chefs d’entreprise de ce secteur avaient l’espoir que cette aide complémentaire au fonds de solidarité leur permettrait de faire face à la reprise de leurs échéances mensuelles ».
Ces élus relèvent que le transport routier de voyageurs ne fait pas partie des secteurs pour lesquels les entreprises réalisant moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires mensuel peuvent prétendre au nouveau dispositif.
L'incompréhension et la colère de ces chefs d'entreprise deviennent très fortes.
L’équilibre dans la multi-activité
Et ils surlignent que « Le transport de voyageurs constitue un secteur dans lequel de nombreuses entreprises exploitent à la fois des activités touristiques et des activités conventionnées avec les collectivités (transports scolaires et lignes régulières interurbaines). L’équilibre de ces entreprises familiales repose souvent sur cette multi-activité. Pour ces dernières, les seuils d’éligibilité au fonds de solidarité et aux exonérations de cotisations les excluent des aides depuis l’automne puisque leur chiffre d’affaires n’atteint pas des pertes de 50 % du fait de la diversification de leurs activités. Elles sont également exclues des mesures très restrictives mises en place par les compagnies d’assurance sur les véhicules immobilisés du fait de la crise ».
« Au bord du précipice »
Ces entreprises « au bord du précipice » demandent la prolongation des dispositifs d’activité partielle, fonds de solidarité et exonérations de cotisations sociales au moins jusqu’en juin 2021.
Elles sollicitent l’intervention de l’État pour que les banques et financeurs de véhicules acceptent de décaler jusqu’à six mois supplémentaires leurs échéances d’emprunts ou de leasing. Elles demandent aussi la possibilité pour ce secteur d’isoler la part de chiffre d’affaires liée au tourisme.
Les chefs d’entreprise, qui représentent quelque 100 000 salariés en France, menacent d’organiser des mobilisations d’envergure dans toutes les régions de France, si des mesures ne sont pas prises rapidement. C'est une question de vie ou de mort pour leurs entreprises familiales.