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Grand Tourisme Giron, la discrétion auvergnate

Bus & Car - Tourisme de Groupe | Autocaristes | publié le : 08.11.2018 | Dernière Mise à jour : 09.11.2018

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  • Bruno Courtin

  Comme souvent dans le secteur, Grand Tourisme Giron est avant tout une entreprise familiale qui a été créée en 1934 à Dallet, une petite ville à l’Est de Clermont-Ferrand, par Régine et René Giron, le grand-père du dirigeant actuellement aux commandes.

Elle s’est installée en 1966 à Cournon d’Auvergne, quelques kilomètres plus au Sud, quand la seconde génération a voulu prendre un peu plus ses aises. C’est toujours aujourd’hui le siège de l’entreprise.

Depuis 1995, Sébastien Giron, représentant de la troisième génération a pris les rênes de l’entreprise. Il n’a pas encore 40 ans, mais il a baigné très jeune dans l’univers familial. Pour autant, il n’a pas voulu suivre immédiatement la voie toute tracée qui s’ouvrait devant lui. « Même si cela paraissait tout naturel de prendre la suite, j’ai d’abord voulu faire autre chose », raconte le jeune gérant. « Je me suis d’abord destiné à être avocat et j’ai entrepris des études de droit, que j’ai tenu à finir jusqu’au bout… mais les éléments de la vie m’ont fait à nouveau bifurquer pour revenir à ce qui étaient bien mes premières amours ».

En l’occurrence le décès de son père, Jean-Pierre, a provoqué un inévitable déclic et un retour vers l’entreprise familiale, pour épauler sa mère, Eliane. Mais c’est bien par choix, insiste-t-il, et non par obligation qu’il a tenu à se préparer à prendre la relève en toute connaissance de cause. « J’ai intégré une promotion de l’Aftral à Paris, le centre de formation professionnelle des autocaristes, dans ce qui est devenue aujourd’hui l’Ecole Nationale Supérieure de Transport de Voyageurs ».

Une nécessaire ouverture d’esprit

Ce n’est qu’en 1995, diplôme en poche, après avoir travaillé dans plusieurs autres groupes, que Sébastien Giron est intronisé conducteur grand tourisme puis directeur de Grand Tourisme Giron. Cette forme d’initiation diversifiée lui apparaissait comme une évidence : « Dans la gestion d’une entreprise, une bonne connaissance du droit, c’est déjà la possibilité de régler 50% des problèmes », dit-il dans un grand éclat de rire. « Et par ailleurs, j’ai voulu profiter de mes quatre stages de formation pour aller voir ce qui se passe chez d’autres transporteurs, grands groupes comme très grosses PME. Cela apporte une ouverture d’esprit indispensable. Etre uniquement baigné dans la culture de sa propre maison, c’est le danger de ne voir que ce qui se faisait auparavant et de reproduire, souvent, les mêmes procédures. Il devient très compliqué de sortir de l’historique de l’entreprise ».

Ces différentes expériences l’ont conduit à ne surtout pas abandonner l’activité tourisme et tour-operating, malgré les contraintes que cela représente, pour ne pas être uniquement dépendant de l’activité de transport régulier et des appels d’offre. « Beaucoup de mes confrères préfèrent renoncer au tourisme, pas moi », assène-t-il avec un nouveau rire joyeux. De fait, l’entreprise est née il y a aura bientôt 90 ans avec une activité tourisme, qui a été progressivement complétée par une activité régulière, à l’inverse de nombreux autres autocaristes.

Le développement de l’activité Tourisme passe tout naturellement par l’ouverture de sa propre agence de voyages Grand Tourisme Giron au siège de Cournon, mais encore davantage par une réflexion sur le voyage de groupes. « Le voyage de groupes est une de nos priorités et je considère qu’il y a encore plein de choses à faire sur Clermont-Ferrand pour toucher de nouvelles clientèles », déclare Sébastien Giron. « On s’aperçoit déjà que notre fonds de commerce, à savoir la clientèle du 3ème Age, voyage déjà de manière totalement différente. Les clubs traditionnels se vident progressivement, car ces personnes n’ont plus envie de se réunir régulièrement pour jouer à la belotte. Elles veulent faire autre chose et on voit bien la montée en puissance d’associations à vocation culturelle, des comités de quartier, des associations affinitaires autour d’un passe-temps. C’est à leur intention qu’il faut faire preuve d’un peu plus d’imagination dans nos propositions ».

Apporter le petit plus

Dans la production de Grand Tourisme Giron, regroupée dans une brochure annuelle qui paraît en fin d’année, on va retrouver les grands classiques, des programmes de 8 à 12 jours vers des destinations lointaines comme Cuba ou le Canada, ou plus proche comme la République Tchèque, l’Irlande, la Finlande ou les Canaries… et beaucoup de programmes courts à la journée ou sur un week-end en France. « Ce sont des programmes qui marchent toujours bien, mais nous cherchons toujours à apporter le petit plus qui va faire la différence : prévoir la visite d’une caserne dans un pays étranger pour un groupe de pompiers par exemple », insiste le gérant.

Derrière le « nous », il y a une petite équipe, une très petite équipe : « Nous sommes trois dans les bureaux, le reste du personnel ce sont des conducteurs », affiche Sébastien Giron avec un large sourire. « Par nature, nous sommes très multi-tâches. Je m’occupe entre autres de la programmation avec une de mes collaboratrices ». Le tandem se nourrit en permanence du retour des clients après un voyage, mais aussi de la visite des commerciaux des sites ou des destinations visités. « Nous avons ainsi ajouté un produit randonnée dans la nouvelle brochure car cela fait suite à une demande qui se manifeste vraiment parmi nos clients ». Le gérant se veut prudent – tradition auvergnate oblige -, la production innove mais avec parcimonie pour être sûr que la tendance s’installe.

La communication événementielle joue une place importante dans l’évolution ponctuelle des demandes. Et c’est là qu’une PME peut être plus réactive : « Cette année nous avons fait beaucoup de groupes vers le Puy du Fou grâce à toutes les émissions qui sont passées à la télé sur l’anniversaire. On a connu le même phénomène avec le Zoo de Beauval et la naissance du petit panda. Et ce qui ne gâche rien, ce sont des destinations dont les gens reviennent à 100% satisfaits », se réjouit le directeur. « Nous sortons tout juste d’une visite avec les commerciaux de Chambord et des châteaux du Val de Loire. Il est certain que les fêtes pour les 500 ans de la Renaissance vont nous inspirer. Surtout qu’il ne faut pas rater le rendez-vous qui n’est que l’an prochain ».

Le précieux fichier Clients

Pour se conforter dans ses choix de programmations, Sébastien Giron participe régulièrement aux salons de la région, comme le Salon des Voyages de Clermont-Ferrand sur le site de l’aéroport en janvier de chaque année. Mais il compte encore davantage sur son listing clients, un document précieux qui est entièrement mis à jour tous les ans avec un contact téléphonique personnel auprès notamment des centaines de prospects qui n’ont pas encore été séduits par l’une des offres de Grand Tourisme Giron. « J’ai pour habitude de ne pas rester les deux pieds dans le même sabot comme on dit en Auvergne et d’avoir ce contact personnel qui permet de s’adapter pour toucher ces nouveaux clients ». Le marketing digital se prolonge par l’envoi d’une newsletter trimestrielle à l’ensemble du fichier. Mais les « vieilles » techniques ont encore de belles heures devant elles. Le bouche-à-oreille dans les villes ou villages où les associations ont effectué un voyage réussi est encore le meilleur marketing viral qu’on est inventé.

« Notre implantation depuis 1934 dans la région avec une activité sous la marque Giron, ça commence à se savoir », sourit Sébastien Giron. « Le fait aussi de faire sillonner nos autocars à travers l’Auvergne avec un flocage sur les flancs des véhicules, c’est comme une vitrine qui roule. Et nos conducteurs sont de vrais ambassadeurs ! »

Si le Tourisme est un axe une priorité de développement, la bonne gestion d’une entreprise de transport à conduit Sébastien Giron à ne négliger aucun segment : « Nous avons une activité en voyages scolaires et nous opérons quelques lignes régulières pour le compte du conseil départemental du Puy-de-Dôme et du Syndicat mixte de l’agglomération clermontoise. Nous pouvons aussi faire du transport à la demande, des accueils à l’aéroport de Clermont-Ferrand, le transport d’équipes sportives, le parc est adapté pour faire face à toutes les situations ».

De fait, sur la dizaine de véhicules, la moitié est équipée pour le Grand Tourisme et l’autre pour les transports réguliers et les transferts. Les équipements suivent aussi une certaine « mode » comme le raconte le directeur : « Dans les années 80, un autocar de tourisme ne partait pas sans une machine à café ; dans les années 90, il fallait tous qu’ils aient une vidéo à bord. Aujourd’hui on ne le demande plus parce qu’il faut des prises USB ou de la wi-fi pour regarder ses propres films sur les tablettes ». La publicité autour des cars Macron et leur équipement sophistiqué à pousser la barre un peu plus haut, jusqu’à ce qu’une nouvelle mode remplace l’ancienne.

Une croissance discrètement à l’étude

Des cars Macron, il n’en pas été trop question dans la stratégie de l’entreprise Giron : « On nous a approché, bien-sûr, à plusieurs reprises, mais nous avons refusé ». Pour autant, Sébastien Giron ne néglige surtout pas l’amélioration de l’image qui a été véhiculée par cette nouvelle génération des autocars Macron, et la publicité qui a été faite autour du confort et des équipements, propres à faire (re)découvrir l’autocar à tous ceux qui avaient oublié de monter dedans depuis un moment.

La vie d’une entreprise étant aussi son développement, Grand Tourisme Giron n’est pas sans projets dans les cartons, sur lesquels son dirigeant s’ouvre avec discrétion : « Chez nous, on dit assez facilement : vivons bien, vivons caché. Je ne tiens pas trop à attirer l’attention de nos concurrents sur nos projets, même si j’ai bien l’intention de m’ouvrir à de nouvelles activités. Ce que je peux déjà vous dire, c’est que l’entreprise va se renforcer dans le tourisme et dans l’autocar. Je crois fermement qu’il y a encore deux ou trois choses à faire pour développer des segments qui ne sont pas bien travaillés. Mais vous savez la prudence auvergnate fait que pour monter une échelle, c’est toujours barreau par barreau, sans sauter une étape. Il faut encore un à deux ans pour valider les idées que nous avons mises sur le papier et qui devraient bientôt se concrétiser, je l’espère ». 

Toutes les options semblent ouvertes pour atteindre un nouveau seuil de taille critique qui assurerait une meilleure stabilité à ce qui n’est encore qu’une PME, « une petite PME, même si ce n’est plus une TPE », ajoute modestement Sébastien Giron. S’il a identifié plusieurs secteurs à fort potentiel, il reconnaît que la réglementation n’est pas faite pour aider : « Pour beaucoup de destinations, cela devient compliqué d’amener nos clients. Les villes sont ravies d’avoir les touristes, mais il ne faudrait pas d’autocars. Le stationnement est de plus en plus limité et de plus en plus cher. Des sites autrefois gratuits pour les autocars deviennent payants, comme la gare de La Part-Dieu à Lyon.

D’une génération arrivée aux commandes avec l’éclosion d’Internet, il en apprécie pourtant aujourd’hui les limites : « La vente directe, les plateformes ont obligés nos entreprises à s’adapter, mais je constate que les clients reviennent vers nous quand ils ont besoin de conseil et qu’ils ne sont pas obnubilés seulement par le prix ».

L’enthousiasme, même s’il est modéré par le bon sens auvergnat, ne semble pas manquer à ce relativement jeune chef d’entreprise. Une quatrième génération de Giron est-elle déjà à l’ouvrage ? « Elle n’a que deux ans, laissez-lui le temps de grandir un peu avant qu’elle fasse son choix, même si je l’ai déjà mise au volant d’un autocar pour la photo ».

 

 

 

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