« Nous maîtrisons toute la chaîne de valeurs » Depuis 2002, date de son entrée chez Veolia, Jean-Philippe Le Comte a effectué de nombreuses missions au sein de ce qui est désormais devenu le groupe Transdev. Il y a dirigé des filiales en France et au Royaume-Uni, piloté Supershuttle, la filiale dédiée aux transports aéroports. Depuis près de deux ans comme directeur des Activités Privées France et e-Business, il coordonne les opérations des filiales en France pour le tourisme et l’événementiel et les assiste dans leur plan d’actions commerciales et marketing.
Quel est le grand changement qui va s’opérer au sein du groupe Transdev en matière de transport de tourisme ?
Nous avons décidé de déployer la marque isilines by Transdev au sein de toutes les filiales du groupe qui ont une activité transport occasionnel et tourisme. Cela correspond à une stratégie d’amélioration de la visibilité de notre offre tourisme, aussi bien en BtoC, directement vers le grand public, que BtoBtoC via nos partenaires professionnels. Cela rentre dans une logique de renforcement de notre positionnement national. Nous voulons décliner une offre logique et complémentaire en faisant passer le message qu’isilines ne se limite pas aux « cars Macron ».
Cela se résume-t-il à un habillage des autocars de vos filiales régionales à ces nouvelles couleurs ?
La nouvelle livrée des autocars est la partie visible de cette transformation, complétée d’un cahier des charges en matière d’équipements des véhicules. Nous distinguons deux catégories : les autocars « standard » qui auront une livrée blanc et rouge, essentiellement des véhicules de catégories Euro 5 et Euro 6, avec une définition des standards de qualité en matière de confort garanti ; et les autocars « premium » avec une livrée grise et noire – sans logo sur la carrosserie - qui ne seront que des véhicules Euro 6 avec une norme de confort supérieure et le wi-fi systématique.
Les noms actuels de vos filiales vont-ils disparaître ?
Pas pour les filiales qui ont développé une forte identité régionale, je pense à Normandie Voyages ou Visual en Île-de-France, la marque restera en dessous de la signature principale pour la renforcer. L’idée est quand même de parvenir rapidement à une harmonisation de la flotte. Cela concerne quelque 500 véhicules à travers la France, dont 40% environ en catégorie premium et le reste en standard.
Au-delà de cette harmonisation, comment se traduit cette stratégie de renforcement de l’offre touristique ?
Nous souhaitons délibérément être davantage présents et reconnus auprès des populations locales pour leurs déplacements touristiques et des professionnels du groupe. Nous allons mettre en place des outils au niveau national, comme une plateforme pour émettre des devis à la demande, pour être capable de faire des cotations en temps réel, pour réaliser une synergie groupe au niveau des achats de prestations et développer une stratégie marketing d’approche des différents segments de marchés. Nous sommes déjà très présents dans le sport avec des contrats d’exclusivité de transport de clubs comme le PSG, Brive et Castres en rugby et avec la fédération française de handball.
Allez-vous également avoir une nouvelle stratégie de « production » de circuits ?
Nous voulons déjà réfléchir à la création de lignes thématiques en accord avec les territoires. Je pense particulièrement aux Châteaux de la Loire. Ce sera une offre travaillée localement, qui sera aussi assez largement proposée aux tour-opérateurs étrangers, d’où nous présence importante lors du dernier Rendez-Vous en France à la Porte de Versailles. Nous sommes déjà en contact étroit avec le Centre des Monuments Nationaux. Par ailleurs, nous allons aussi opérer un travail de rationalisation de toutes les offres créées par nos filiales régionales. Il y aura un déploiement parallèle d’une offre touristique isilines by Transdev au niveau national. Elle devrait alimenter prochainement un portail qui va la recenser et permettre les choix par critères. Pour cela nous avons récemment engagé un nouveau responsable de la programmation touristique : Christophe Barrère qui a déjà une longue carrière au sein de TUI France, après avoir été chez Nouvelles Frontières.
Quels sont les arguments que vous pouvez mettre en avant comme opérateur touristique ?
Avant d’énoncer ces arguments, je veux insister sur la volonté. Nous avons un ADN fort en matière de transport public, il doit s’enrichir d’un développement dans l’offre touristique et contribuer ainsi à l’objectif de diffusion des visiteurs dans toutes les régions de France, en dehors de grands lieux de concentration. L’ambition de l’entreprise est aussi d’être une référence dans tous les compartiments du transport : public, urbain, SLO (cars Macron), pour les individuels comme pour les groupes. Notre argument majeur est de contrôler toutes les étapes de la chaîne de valeurs. Nous faisons rarement appel à des opérateurs en franchise, comme nos principaux concurrents. La quasi-totalité de nos opérations est effectuée par des filiales. Nous tenons à conserver cette maîtrise de la qualité.