Beaucoup se reconnaîtront dans la situation décrite dans ce récent article de Presse Océan, sous la plume de Philippe Corbou, dont nous reprenons de larges extraits.
Un peu oubliés par le grand public, les autocaristes terriblement souffert de la crise sanitaire. Pierre-Yves Chantreau, qui dirige la société éponyme depuis 1995, ne le nie pas, mais il se félicite de la réactivité du gouvernement qui n’a pas hésité à proposer des aides. L'autocariste nantais est seul à mener la barque de son entreprise. Ses huit employés sont au chômage partiel.
« La baisse d’activité a commencé largement avant le 17 mars car plusieurs congrès internationaux avaient été annulés. Le jour du confinement, nous n’avons plus eu la moindre activité. Le bouton est passé sur off. C’était -100 %. Avec le déconfinement, le 11 mai, le bouton n’est pas revenu sur « on » du jour au lendemain, car rien n’était sur les rails. On a eu quelques réunions et on a aussi repris avec le foot pro ».
Pourtant, quand il fait le bilan, la période mai-juillet représente -80 % d’activités. Pour août-octobre, c’est encore -70 %. « J’ai continué le sport pro (foot, volley, hand) et il y a eu une grosse opération avec Nantes-Angers Opéra. Le jour du reconfinement, c’était la dernière à Angers. Il devait ensuite y avoir Nantes puis Rennes. Et j’ai eu aussi quelques petits séminaires ».
Aujourd’hui, seul le sport pro, le FC Nantes en particulier, lui permet de limiter la casse à -95 %. À tel point qu’il est le seul à assurer l’ensemble des activités de l’entreprise, conduite comprise. « J’assure l’administratif, le suivi des véhicules, que je fais tourner une ou deux fois par semaine, les contrôles techniques et la conduite pour les rares missions qu’il reste ».
« Je ne suis pas éligible au chômage partiel»
Et même si l’État soutient la société Chantreau, il n’empêche que le dirigeant doit assumer les congés, les jours fériés, les charges salariales, les loyers, les assurances et les abonnements divers et variés. « Moi, je ne suis pas éligible au chômage partiel, car je suis mandataire social de la société. Alors heureusement qu’il y avait un peu de trésorerie d’avance, car avec un remboursement de 1 500 €, on en a été de notre poche évidemment ». Et il faudra bien que la société rembourse le PGE qu’elle a pris par protection. L’autocariste nantais ne se montre pas du tout amer sur ce sujet.
Il craint bien davantage la reprise. « Comme nous ne travaillons que sur le tourisme et l’événementiel, tant que les restaurants, les salles de spectacle et les centres de congrès n’auront pas rouvert, ce sera impossible de retravailler pour nous. Et il faudra aussi remettre la machine en route… ça ne se fera que très progressivement ».
« Les assurances n’ont strictement rien fait »
Face à la crise, Pierre-Yves Chantreau, autocariste nantais, se félicite de l’attitude de l’État qui a quand même été très proche des entreprises et a compris le problème des secteurs à l’arrêt. « Il y a eu des aides rapides et importantes, comme le chômage partiel, le fonds de solidarité (1 500 € de mars à septembre, 10 000 € en octobre et novembre et sans doute environ 20 000 € en décembre). Globalement, les banquiers se sont montrés compréhensifs avec des rapports d’échéance. Avec les assurances, en revanche, il n’y a pas eu moyen de discuter et de réduire les prix des assurances. Ils n’ont rien fait. Pourtant, on ne roulait pas ou très peu, donc il n’y avait pas de risque d’accident. Sur 60 000 € que je paye par an, mon courtier m’a généreusement remboursé 1 000 € ! On cherchera à négocier sur nos prochains contrats, car nous avons passé une année sans accident ».