Interrogé par notre confrère Valentin Mauduit de L'Écho Sarthois, Hervé Guillemain témoigne de la réalité quotidienne d’un transporteur touristique en autocar entre recrutement, transition énergétique et gestion sanitaire, …
Hervé Guillemain, patron des Voyages Mauger depuis 2004, est aussi le président de la section départementale de la FNTV. Son témoignage, distillé dans son journal local, en dit long de la vie quotidienne des entreprises de transport.
(© Valentin Mauduit)
« Un matin d’hiver, quelques chauffeurs ont préféré rester à la maison pour ne pas prendre de risques inutiles sur la route en Mayenne où la neige avait recouvert le bitume. Nous pouvons recevoir des interdictions de circulation de la part du Département, si nous n'avons rien, c'est le chauffeur qui décide. Le choix final lui revient toujours, on ne le forcera jamais s'il ne le sent pas ».
Heureusement que la Région est là
Depuis son bureau qui surplombe le parking des autocars, Hervé Guillemain a de nombreux problèmes à gérer dans ce milieu qu’il aime tant. « C’est un boulot de passionné », livre celui qui n’hésite pas à reprendre la route pour deux ou trois voyages dans l’année pour accompagner les clients.
Mais son activité s’est retrouvée toute chamboulée en mars 2020, et l’apparition du Covid. « Le mois de mars, c'est le début de notre saison avec les voyages scolaires. Tous nos cars étaient partis pour des échanges à l'étranger, on a dû les appeler pour qu'ils fassent tous demi-tour ». « On est préparé pour affronter des problèmes et faire développer une entreprise pas pour l’arrêter. » Heureusement, ils ont pu compter sur le soutien de la Région pour continuer à vivre.
Des autocars écologiques ?
Le sujet passionne les foules : l’écologie. Et à toutes les sauces ! Dans le milieu du transport de voyageurs, la question interroge : que faire pour limiter les émissions de CO² ? Hervé Guillemain fait un constat limpide : « Il y a très peu d’autocars qui ne sont pas équipés de gasoil ». Avant de passer en revue les possibilités qui existent. « J’ai un véhicule à gaz qui va arriver. C’est 40 à 45 % plus cher, mais le problème c’est surtout au niveau du ravitaillement car je dois aller au Mans. »
Pour l’électrique, « c’est trois fois le prix du gasoil. Au niveau de l’autonomie, pour le transport scolaire, on pourrait faire, c’est envisageable. » Il y a l’hydrogène aussi, « mais j’y crois moins. C’est exorbitant. C’est très lointain, horizon 2040-2050. »
Le dirigeant des Voyages Mauger essaye de résumer sa pensée : « La transition énergétique est une bonne chose, on se doit de s’y intéresser. Mais il y a des contraintes, ça ne peut pas aller si vite. On ne peut pas faire tout tout de suite, nous sommes confrontés à des réalités de terrain. »
25 conducteurs recherchés
Puis l’activité est repartie gentiment, « morceaux par morceaux. Nos conducteurs de tourisme comblaient les trous en scolaire… »
Déshabiller Paul pour habiller Jacques, finalement c’est déplacer le problème « puisque nous avons dû refuser des contrats tourisme car nos conducteurs étaient engagés sur du transport scolaire. Et puis, ce n’est pas une solution, nos transporteurs veulent rouler. »
Les marchés de Noël sont l’événement parfait pour des sorties de groupe qui remplissent des cars… « Quand les médias reparlent du Covid, de la remontée des cas, on voit les annulations tomber. 2022 est inquiétant » selon le dirigeant des voyages Mauger.
Inquiétant, c’est le terme aussi pour évoquer le recrutement. « Le problème est national, voire international », réplique Hervé Guillemain. Qui fait de suite son autocritique.
Il faut balayer devant notre porte, on a délaissé trop longtemps la communication pour vendre notre métier.
Sauf qu’aujourd’hui ce métier n’attire pas. « Pourtant, on assure un CDI pour la vie entière. On aura toujours du travail », assure le président de la section départementale de la FNTV.
Sur le secteur, Voyages Mauger aimerait recruter 10 conducteurs tourisme et 15 conducteurs scolaires. « Il y a eu des opérations de communication avec des flyers, on est en train de faire passer quelques entretiens. »
Avec la possibilité de faire quelques jours en entreprise pour voir le métier. « On propose des formations complètes », insiste le dirigeant.
Voyages Mauger en chiffres
7 sites dans le département :
220 autocars dont Voyages Mauger dispose.
270 collaborateurs au sein de l’entreprise.