La ville et le port de Bordeaux ont signé une série de mesures visant à réduire l'impact environnemental des navires de croisières, une forme de tourisme lucratif qui s'est développé ces dernières années en bord de Garonne, non sans opposition.
Cette "charte de bonnes pratiques environnementales" demande notamment aux compagnies maritimes d'utiliser du carburant à 0,1% de soufre dès l'entrée de la zone de pilotage obligatoire dans l'estuaire de la Gironde, et pas seulement durant la durée de l'escale comme l'exige la réglementation actuelle. Elle prévoit également une réduction de la vitesse des navires pendant le "chenalage" dans l'estuaire, dont l'entrée est à plus de 50 km du port de Bordeaux.
Cette charte veut rendre l'activité "plus écologiquement responsable", a expliqué le maire de Bordeaux Nicolas Florian (LR) en conférence de presse. Pour Jean-Frédéric Laurent, président du Directoire de Bordeaux Port Atlantique, "les opérateurs de croisière sont désormais obligés de faire leur mue". "Nous ne les ferons pas venir à n'importe quel prix", a-t-il prévenu.
Ces mesures n'ont toutefois pas vocation à réduire la voilure en termes de trafic de paquebots même s'il y a "un niveau d'acceptabilité à ne pas dépasser", a assuré le maire Nicolas Florian.
Bordeaux a accueilli cette année 43 navires de croisières en escale (croisières fluviales et maritimes confondues), pour un total de 26.100 passagers, soit une moyenne d'environ 600 personnes par navire. "Rien à voir avec les 2,6 millions de passagers de Barcelone, ou le 1,5 million de Marseille", a souligné Stéphan Delaux l'adjoint au maire chargé du tourisme et de la vie fluviale, qui a toutefois évoqué le "contexte particulier" de Bordeaux: des quais situés en plein centre-ville, à proximité d'habitations et le long d'un espace public réservé aux circulations douces. Avec des problématiques possibles de pollution sonore ou visuelle, par exemple.
Certains Bordelais s'émeuvent ainsi de la présence fréquente de "villes flottantes", de "monstres marins" dans le coeur historique de la ville, et s'interrogent sur l'impact environnemental des plus gros navires. En septembre 2018, une étude de l'Observatoire régional de l'air assurait que "les paquebots maritimes ne représentent pas la source majeure de pollution de l'air" et que "les concentrations mesurées (à Bordeaux) sont plus faibles que celles observées dans d'autres ports français comme Nice, Toulon ou Calais".
Selon des chiffres exposés lundi en conférence de presse, un passager de paquebot à Bordeaux va dépenser en moyenne 150 euros par jour contre 65 euros pour un touriste "normal". Ce qui fait dire à M. Delaux que ces visiteurs venus des mers sont désormais une "clientèle attendue" par les commerçants.