Lourdes reste la porte d’entrée du tourisme dans les Hautes-Pyrénées, mais le nombre de pèlerins diminue et des hôtels ferment. Aussi la cité mariale communique sur ces autres facettes, dont la proximité des Pyrénées qui offre un autre ressourcement. Tandis que le sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes propose de l’événementiel.
La première chose qui attire le regard en arrivant à Lourdes est l’écrin de montagnes qui enserre la cité mariale. Mais aussi les rues bordées d’hôtels. De toutes catégories, ils emplissent la partie basse de la commune. Avec 14 000 habitants, Lourdes est la deuxième ville hôtelière de France.
Les magasins d’objets de piété - statues de la vierge, cierges… - bordent les accès au Sanctuaire Notre-Dame. Ce dernier, propriété du diocèse de Tarbes et Lourdes, est une entité de 52 hectares au cœur de la ville. Passée la porte Saint-Michel, les basiliques se dressent au bout de l’allée.
Quand que la procession aux flambeaux reprend à la nuit tombée (du 7 avril au 27 octobre cette année), le parvis est noir de monde. Des messes en toutes langues se succèdent, car 140 nationalités fréquentent le lieu. « Nous accueillons le monde entier ! C’est un sacré challenge », s’exclame Christian Gelis, président de l’Union des métiers des industries hôtelières des Hautes-Pyrénées et vice-président de l’Office de tourisme.
Les pèlerins font la queue le long du rocher pour se recueillir à la petite grotte au bord du gave de Pau, où la Vierge serait apparue 18 fois en 1858 à une jeune fille pauvre de 14 ans, Bernadette Soubirou. Une messe est dite ici tous les matins. « Des groupes de pèlerins peuvent la réserver mais il faut s’y prendre deux ans à l’avance », rappelle Joël Luzenko, attaché de presse au Sanctuaire.
L’eau de la source qui fut révélée à Bernadette jaillit dix mètres plus loin aux fontaines, de même qu’aux piscines qui accueillent plus de 50 000 malades par an. « Cela n’existe dans aucun autre sanctuaire catholique », rappelle Joël Luzenko. Pour attester de guérisons, le site a son propre médecin.
L’Église reconnu les miracles en 1862 et dès lors le sanctuaire s’est agrandi. Tout en haut de la paroi rocheuse, la basilique de l’Immaculée conception fut la première inaugurée, en 1871. Juste en dessous, Notre-Dame-du-Rozaire a été achevée en 1889. Ses murs sont couverts de remerciements, jusqu’à la crypte qui abrite les reliques de Sainte-Bernadette.
La troisième basilique, du nom de Saint Pie X, est souterraine et peut accueillir jusqu’à 25 000 fidèles (5 000 assis). Cet édifice en béton armé ultra moderne fut édifié pour le centenaire des apparitions. Le sanctuaire a de nombreux hébergements, sur le site ou plus loin : foyers, appartements et gîtes pour les pèlerins, village de jeunes, campings et accueil médicalisé.
Lourdes, illustration du tourisme de groupe
« Le pèlerinage est la première forme de tourisme. Lourdes s’est constitué avec le tourisme de groupe et a même connu le tourisme de masse », rappelle la responsable du développement au Sanctuaire, Pauline Broqué, mais actuellement il y a beaucoup plus d’individuels ». Si des groupes sont toujours déposés par cars entiers, qui vont ensuite aux parkings surveillés, depuis 10 ans, le nombre de pèlerins a chuté de 800 000 à 500 000 par an. En 20 ans, la ville a perdu la moitié de ces hôtels.
Le sanctuaire annonce un chiffre de 1,2 millions de visiteurs, avec une durée moyenne de séjour de 2,7 jours : soit 500 000 pèlerins recensés (ceux qui viennent en groupe), auxquels s’ajoutent des touristes couplant la destination Lourdes avec quelques jours de ski, une randonnée en montagne, le passage du tour de France… « On essaie de les estimer, dit Joël Luzenko, selon un comptage d’hosties, ils seraient 700 000 ».
L’époque est révolue où chaque curé organisait un voyage paroissial annuel. S’ajoute la diminution des trains : « C’est le train qui a fait Lourdes, assure Christian Gelis la ville a connu son apogée de 1958 à 2008. Il y avait des wagons avec des aménagements pour les malades. Maintenant c’est fini, les gens viennent plutôt en bus ».
Sans oublier les inondations de 2013 : « Tout a été reconstruit, rénové, mais il a fallu plus d’un an de travaux ». Enfin, depuis 2017, l’entrée au sanctuaire est payante ce qui n’est pas du goût de tous. Mais les responsables se justifient.
25 millions d’euros : c’est le budget annuel du sanctuaire de Lourdes. Une somme issue à 100 % des dons des pèlerins. « On ne vit que grâce à leur générosité », rappelle Joël Luzenko, attaché de presse au sanctuaire. Ces dons revêtent différentes formes, comme celle de l’offrande au moment d’allumer un cierge. Pour les groupes - souvent des voyages organisés par une paroisse ou un diocèse -, réservant un pèlerinage avec mise à disposition d’une basilique ou de la grotte, c’est à l’organisateur de s’acquitter d’une offrande de 2,50€ par personne et par jour. Donner plus ou moins serait à leur discrétion.
Tout comme lorsque les individuels s’inscrivent en ligne, il leur est proposé une offrande de 5 à 10€ s’ils veulent une visite guidée sur une ou plusieurs journées.
Chaque don fait l’objet d’un crédit d’impôt, « mais l’entrée au sanctuaire, elle, est gratuite, c’est comme l’entrée dans une église, on ne peut pas la faire payer ! », souligne Joël Luzenko.
La comédie musicale Bernadette de Lourdes
« Chaque année est thématisée pour mettre en avant un aspect de l’histoire et du message », explique Pauline Broqué. 2018 fût celle des 160 ans des apparitions. 2019 est l’année Bernadette, celle des 175 ans de sa naissance. A partir du 1er juillet est prévue la comédie musicale Bernadette de Lourdes, réalisée par les producteurs de Robin des Bois, avec le chanteur Grégoire.
« On a packagé cela pour les groupes et les autocaristes avec des séjours de 24, 48 et 72 heures » Les visiteurs font la visite guidée sur les pas de Bernadette et la procession permet d’ajouter une nuit sur place. Avant la visite des basiliques le lendemain. Le 3e jour est l’occasion de se rendre aux piscines. Quant aux pèlerinages à thème, ils sont (vraiment) très ciblés : en 2019, auront lieu ceux des cuisiniers et des rugbymen du Pacifique.
Une clientèle plus lointaine
Des connexions sont développées avec d’autres lieux saints comme Fatima et Nevers. Grâce à des ouvertures de lignes à l’aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées, notamment des low-cost, comme Lisbonne (ce printemps), Malte, Italie, Espagne, Dublin, Cracovie.
La clientèle se transforme et vient de plus loin. Nathalie Jarraud, directrice marketing et développement touristique à l’office de tourisme de Lourdes cite des Indonésiens, Philippins, Coréens, Japonais et Indiens. « Ils sont souvent en individuels regroupés, restent moins de nuitées mais consomment plus. »
D’où une saisonnalité moins marquée, « on va s’adapter, on fonctionne de façon plus annualisée. Il faut moderniser nos schémas de travail », réagit Christian Gelis.
« On travaille sur deux marchés », détaille Nathalie Jarraud. « Pour les Français, il faut donner une image plus positive et dynamique ». Grace à la modernisation des infrastructures, une présence accrue sur les réseaux sociaux et des bornes wifi dans la ville. « Un renouveau s’impose, une remise en question. Et cela passe par la qualité. On est très nombreux et le parc a besoin d’être régulé », estime Pascal Martin, propriétaire de l’hôtel 3 étoiles Best Western- Bon Séjour. Refait à neuf, son établissement n’est pas dans le centre-ville mais face à la gare. Il accueille souvent des professionnels, notamment avec l’industrie aéronautique de Tarbes. « La clientèle s’est diversifiée. Il y a moins de groupes et les gens vont à l’extérieur de Lourdes. J’’ai des clients qui viennent pour les montagnes. »
« Pour les marchés étrangers, Lourdes a une belle image », reprend Nathalie Jarraud. Aussi la communication met en avant le côté « camp de base », pour ceux qui cherchent une mise au vert dans les Pyrénées ou plus près, au golf de Lourdes et sur son lac. Des city-break de trois jours allient visite du sanctuaire et procession flambeaux avec une sortie VTT, quad, luge ou excursions au Pic du Midi et Gavarnie. Voire à Biarritz, Toulouse ou en Espagne.
Dans Lourdes même, il est possible de fureter aux halles, de faire un tour de petit train, de visiter un musée, d’aller au pic du Jers en funiculaire ou de remonter aux origines de la Bigorre en pénétrant dans le château fort, construit comme il se doit sur un piton rocheux. La visite guidée démarre devant le pont levis finit sur la plateforme défensive avec une vue imprenable sur les montagnes, la ville basse et le Sanctuaire.
RENSEIGNEMENTS
Office de Tourisme de Lourdes, place Peyramale 05 62 42 77 40 www.lourdes-infotourisme.com
Le sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes, 1 Avenue Mgr Théas 05 62 42 78 78, www.lourdes-france.org
Pour le spectacle Bernadette : groupes@bernadettedelourdes.fr, www.bernadettedelourdes.fr
LES CHIFFRES
• 1,2 millions de touristes par an sont estimés par le Sanctuaire, dont 500 000 pèlerins recensés (en groupe). L’Office de tourisme parle de 3 millions de personnes transitant par Lourdes.
• 30 000 lits : 22 000 dans les 144 hôtels, 14 campings, 8 résidences de tourisme, 21 hébergements collectifs et une centaine de locations meublées et chambres d’hôtes.
• 22 lieux de culte dans le sanctuaire.