Frappée de plein fouet par la crise sanitaire en mars dernier, la montagne française s’est mise en ordre de bataille pour accueillir cet été des vacanciers à la recherche d’espace, de zénitude et de retrouvailles. Mais elle se préoccupe aussi de l’hiver prochain. Un premier rendez-vous de bilan et perspectives a été organisé fin juillet à Méribel.
Les 23 et 24 juillet derniers, 43 conférenciers se sont penchés à Méribel sur les conséquences de la crise sanitaire sur le tourisme en montagne et les aspirations des vacanciers. Ces Assises de la relance de la montagne étaient organisées en amont de la 10e édition du salon Alpe Home (1). « Dès le 19 mars, devant le questionnement des professionnels et des élus de la montagne, nous avons décidé de lancer ce temps de réflexion », explique Pierre-Emmanuel Danger, organisateur des deux manifestations.
Et quatre mois plus tard, le défi était relevé avec en tribune, des économistes, sociologues, acteurs politiques et associatifs, un explorateur, un cinéaste... L’état des lieux dressé, notamment par Gilles Revial, cogérant de cabinet G2A Consulting, leader d’analyse en montagne, a permis de mieux appréhender les difficultés déjà rencontrées. En effet, l’hiver dernier s’annonçait excellent dans les stations françaises avec un solde positif de +118 800 nuitées avant leur fermeture anticipée. Mais cet arrêt brutal du 15 mars a finalement engendré une chute des nuitées de 21,4 % par rapport à l’hiver précédent (37,2 millions contre 47,4 millions) et une perte économiques estimée à 1,7 Md€ sur le réseau G2A (86 stations).
Capter la clientèle domestique
« Mi-juin, les réservations pour l’hiver prochain étaient en baisse d’en moyenne 51 % chez les 100 TO interrogés, et même 71 % sur le marché britannique et la moitié des répondants (TO et producteurs) se projetaient alors sur des pertes de 30 % et plus », a aussi indiqué Gilles Revial. Dans des stations recevant en moyenne 35 % de clientèle étrangère, savoir capter la clientèle domestique sera donc l’enjeu majeur de l’hiver prochain. « Il va falloir travailler sur la clientèle fidèle et chercher la clientèle des résidences secondaires qui constitue l’été 35 % des vacanciers en montagne. Et on va avoir besoin des jeunes », a martelé Gilles Revial.
Les jeunes ? Un véritable défi ! « Si la montagne propose une diversité d’expériences incroyables mises en avant par les professionnels, on n’a pas gagné encore la bataille de l’image. L’imaginaire reste à réinventer », a rappelé Grégoire Chadenet, directeur BU Millenials du groupe Travel Factory. Il y travaille depuis deux ans avec son équipe et va déployer dès cet hiver une nouvelle offre dédiée, baptisée Yoonly, sur huit stations. Son principe ? Ne pas vendre une destination, mais une quinzaine d’expériences à vivre.
(1) Salon Alpin de l'aménagement, de la décorationet de l'art de vivre en montagne