Destination branchée, Belgrade a accueilli en 2017 un million de visiteurs, dont 835.000 étrangers, selon les chiffres officiels. La capitale de la Serbie est aussi un paradis pour les amoureux de vieilles voitures.
Grandes américaines comme les Chrysler ou les Ford mais aussi guimbardes "Made in Yugoslavia", ces véhicules d’un autre temps sillonnent encore par milliers les routes des Balkans. Jadis produites dans l'immense usine Zastava de Kragujevac (centre), il y avait la petite "Fica", la Zastava 101, et la "Yugo", laquelle a même eu droit aux honneurs de Hollywood, apparaissant dans une scène de la saga Die Hard, où l'acteur Bruce Willis incarne un policier aux méthodes musclées.
Comme lui, les touristes peuvent embarquer dans ces voitures aussib rustiques qu'emblématiques de la Yougoslavie de Tito, qui étaient bon marché, accessibles aux travailleurs de l'Etat communiste et exportées à l'époque dans 74 pays, comme l'Inde, l'Egypte mais aussi les Etats-Unis.
En lieu et place de courses poursuites sur les autoroutes de New York, le tour-opérateur Yugotour propose, moyennant 45 euros, un périple de trois heures pour découvrir "l'ascension et la chute d'une nation".
"C'est quelque chose de semblable à un tour de Berlin en Trabant", la voiture symbole de l'ex-RDA communiste, explique une des dirigeantes de Yugotour, Jovana Stojilkovic, née en 1992 alors que les guerres des Balkans commençaient.
Dans le circuit, l'hôtel Jugoslavija, ouvert en 1969 au bord du Danube, fut le palace le plus luxueux de la capitale, là où logèrent les présidents américains Richard Nixon et Jimmy Carter ou encore la Reine Elisabeth II. A en croire la légende urbaine, ses murs étaient truffés de micros.
L'hôtel, aujourd'hui en grande partie inoccupé, avait été ciblé en 1999 par les frappes de l'Otan, menées pour forcer Slobodan Milosevic, alors président de la Yougoslavie, à retirer ses troupes du Kosovo.
La plupart des touristes savent très peu de choses sur ce que furent la Yougoslavie, ses 22 millions d'habitants et son leader incontesté, de 1945 à sa mort en 1980, Josip Broz Tito. Ils se souviennent surtout des guerres qui ont sonné le glas de cette fédération de républiques --Bosnie, Croatie, Macédoine, Montenegro, Serbie et Slovénie-- au prix de 130.000 morts.
Le tour s'achève au Musée de la Yougoslavie et à la maison des Fleurs où se trouve le mausolée de Tito. Jovana Stojiljkovic n'a jamais connu cette Yougoslavie. "J'ai entendu des histoires de mes parents, de leurs amis et de ma famille. Elles me font dire qu'ils ont eu du bon temps", dit-elle. Un "bon temps" symbolisé par les deux "Fica" dont elle est la fière propriétaire: "C'est important de les préserver et de montrer au monde ce qu'elles signifiaient pour nous."