Le tourisme est aujourd’hui l’un des secteurs les plus impactés par la crise sanitaire mondiale. Cette situation vient accroître les nombreuses interrogations qui s’adressaient au secteur depuis déjà quelques années compte tenu des effets délétères, tant sur le plan humain qu’environnemental, que certains de ses comportements occasionnent dans de nombreux espaces de la planète.
Malgré un discours vers plus de durabilité dans les activités économiques et notamment celles du tourisme, peu de réalisations concrètes ont été mises en place. Les nécessaires évolutions et réorientations des pratiques touristiques tardent à voir le jour dans un monde où le seul indicateur qui prévaut est celui de la productivité/rentabilité alors que les deux grands enjeux de notre monde du début du XXIe siècle sont d’une part, la réduction des inégalités et, d’autre part, la prise en compte des bouleversements climatiques en cours et à venir.
Le voyage, oui
Dans une perspective post-crise, la mobilité est et restera une constante de l’Homme du XXIe siècle et le besoin de voyager, de découvrir, de rencontrer des lieux et acteurs de mondes différents, dont nous sommes submergés d’images et d’évocations, devrait perdurer sinon augmenter compte tenu de la croissance des classes moyennes des pays émergents, du vieillissement global de la population et des facilités accrues de connexion.
En complément de cette mobilité, l’aspiration à sortir des sentiers battus du tourisme industriel et de s’orienter vers un tourisme de rencontres, de partage d’expériences originales, de découvertes d’autres cultures est de plus en plus forte.
Les tendances post-Covid, telles que différents sondages et analyses peuvent le laisser présager, s’orientent vers un tourisme moins concentré, plus sécurisé, plus soucieux de solidarité entre populations hôtes et voyageurs, plus sobre en carbone et plus respectueux des équilibres naturels, marqué par un besoin renforcé de confiance dans les opérateurs.
Accompagner la mutation
Pour accompagner cette nécessaire mutation, nous, acteurs et partenaires du tourisme équitable et solidaire, demandons à ce que les pouvoirs publics, les professionnels, les institutions territoriales inscrivent le tourisme dans les objectifs suivants :
- Favoriser les échanges entre peuples et cultures, sources de compréhension mutuelle et facteur de paix.
- Préserver les cultures, le patrimoine et les territoires de destination.
- Constituer un levier de développement et de mieux-être tant pour les populations hôtes que les voyageurs.
- Pour atteindre ces objectifs et entraîner un impact positif, nous appelons chaque professionnel et acteur du tourisme à :
- Appliquer les principes du commerce équitable dans la production comme dans la vente de produits touristiques (transparence, rémunération concertée, prix juste…).
- Revendiquer une gestion guidée par les principes de l’économie sociale et solidaire (gestion démocratique, lucrativité limitée, responsabilité sociale).
- Mesurer l’impact environnemental des activités et tendre vers la neutralité carbone de leur activité.
- Irriguer les territoires le plus largement possible pour éviter les pressions liées aux flux de voyageurs et permettre une meilleure répartition et un juste partage des retombées économiques.
- Limiter la dépendance des territoires et des populations au tourisme en favorisant le maintien d’autres activités économiques, agricoles, artisanales, notamment en territoire rural et dans les pays en développement.
- Procéder à des mesures d’impact régulières permettant l’amélioration continue des pratiques.
Pour garantir la transparence sur l’application effective de ces principes, nous demandons aux pouvoirs publics de :
- Favoriser la prise en compte, la sécurisation juridique, la formation et le soutien des acteurs qui s’engagent dans cette direction.
- Soutenir les démarches d’évaluation et labels de garantie qui attestent du sérieux et de la réalité de ces pratiques.
Les premiers signataires, l’Association pour le tourisme équitable et solidaire (ATES) et ses membres, la CCAS, Commerce Équitable France, ID Territoire, le GERES, l’Organisation internationale du tourisme social (ISTO), Tetraktys, Tero. Ils ont le soutien de Coordination Sud et de l’Union Nationale des Associations de Tourisme et de plein air (UNAT) et vous appellent à rejoindre le mouvement en signant manifeste :