Pour les adhérents autocaristes qui n'auraient pas pu se retrouver autour du président et de son équipe pour la traditionnelle cérémonie des voeux de bonne année 2020, nous reprenons ci-dessous l'intégralité de son discours pour que chacun y trouve matière à réflexion et action.
Chers adhérents, Chers amis, Je vous remercie d’avoir pu vous joindre à nous ce soir malgré les perturbations et les difficultés pour se déplacer. Le mouvement social lié à la réforme des retraites est emblématique de la crise que traverse notre pays aujourd’hui. Bien que les salariés de notre secteur soient peu nombreux à suivre les grèves, le quotidien des entreprises de transport de voyageurs est extrêmement perturbé depuis plusieurs semaines, en particulier en Ile-de-France. Les revendications des organisations syndicales de notre branche, que nous avons reçues en décembre suite aux préavis déposés, ont permis de partager la nécessité de redémarrer les négociations dans les prochains jours.
Je tiens à cet égard à saluer la mémoire de Christian Cottaz, l’un des éminents représentants de l’Union fédérale Route de la CFDT, qui nous a quittés la semaine dernière. Au niveau de la branche des transports routiers, la nouvelle commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation va être installée prochainement. Cette nouvelle organisation du dialogue social implique une nouvelle responsabilité des partenaires sociaux puisque nos négociations collectives ne seront plus présidées par l’Etat. A nous de prendre notre destin en main. Nous commencerons par des projets d’accords transversaux sur la promotion de l’alternance et la prise en compte de la réforme du reste à charge zéro dans les complémentaires santé des salariés.
S’agissant de l’avenir des congés de fin d’activité, il semblerait que le Gouvernement souhaite repousser de 6 mois l’échéance initialement fixée pour négocier un dispositif rénové. La FNTV est très attachée au CFA mais nous devons être capables de le transformer en un dispositif d’accompagnement des fins de carrière adapté au contexte actuel. Il nous appartient donc, dans les mois qui viennent, de trouver ensemble, avec les représentants des salariés, un système correspondant davantage à la situation de l’emploi dans notre secteur, et notamment aux difficultés de recrutement.
A-t-on autant besoin qu’il y a 20 ans d’un dispositif de départ en retraite anticipée alors que les entreprises n’arrivent plus à recruter ? Mais nous ne devons bien sûr pas oublier que le CFA est un élément d’attractivité pour les conducteurs. Et nous savons tous qu’il faut améliorer l’attractivité de nos métiers pour attirer de nouvelles vocations. Ce sera un chantier important pour la FNTV cette année, j’y reviendrai tout à l’heure. Le récent rapport annuel de l’observatoire de notre branche constate que l’emploi a progressé de 2,2% dans le transport routier de voyageurs l’année dernière pour atteindre plus de 101.000 salariés. Mais il montre aussi que l’âge moyen des salariés approche les 50 ans dans le transport de voyageurs alors qu’il est de 44 ans dans la branche. Nous devons faire en sorte que nos métiers ne soient plus uniquement des emplois de reconversion. Il faut que nous puissions aussi attirer les jeunes.
A cet égard, je mettrai tout en œuvre pour que l’engagement pris par le Gouvernement, à l’occasion de l’examen parlementaire de la LOM, de baisser l’âge d’accès au permis transport en commun à 18 ans, ne soit pas relégué au rang des promesses politiques non tenues ! 18 ans, c’est l’âge pratiqué dans de nombreux pays voisins en Europe. C’est aussi l’âge auquel un jeune a le droit de conduire un poids lourd ou un tramway. Le projet de décret fixant l’âge du permis D à 18 ans doit maintenant se concrétiser rapidement. La FNTV a donné des garanties à l’Etat pour sécuriser cette mesure et accompagner les jeunes qui feront le choix de venir travailler dans nos entreprises.
Alors qu’Elisabeth Borne et Muriel Pénicaud avaient compris dès 2018 l’urgence à intervenir sur ce levier en faveur de l’emploi, je ne comprendrais pas que l’Etat ne tienne pas ses engagements en la matière ! Par ailleurs, les négociations collectives, qui vont débuter dès le 21 janvier pour notre secteur, seront très importantes pour revaloriser nos métiers. Nous commencerons par les négociations annuelles obligatoires, la rénovation du statut de conducteur en période scolaire et la création d’un contrat de travail à temps partiel annualisé.
Nous devons également transposer dans notre convention collective le transfert de personnel automatique en cas de changement d’attributaire d’un marché désormais autorisé par la loi. Nous aurons ensuite à finaliser les discussions sur la modernisation des classifications et mettre en place un accord-type sur l’intéressement et la participation des salariés. Ces travaux sont essentiels pour fidéliser nos salariés mais ils ne suffiront malheureusement pas à attirer de nouveaux profils. Compte tenu de la crise du recrutement que vivent nos entreprises actuellement, notre Fédération doit tout mettre en œuvre pour valoriser nos métiers.
Nous avons la chance d’offrir des emplois non délocalisables et à 95% en CDI. Mettons tous les atouts de notre côté pour que les jeunes en recherche d’emploi viennent dans le transport de voyageurs. Des initiatives régionales ont été prises, je pense en particulier à la campagne de promotion de la FNTV Pays-de-la-Loire avec le lancement du site « deviensconducteurdecar.fr ». Je souhaite maintenant que la FNTV lance des actions de communication sur nos métiers. Nous l’évoquons depuis plusieurs mois, il est temps de passer à l’action. La participation de la FNTV aux finales nationales des olympiades des métiers Worldskills à Lyon en octobre sera aussi importante pour faire naître des vocations chez les jeunes.
Grâce au partenariat fructueux entre la FNTV, l’Aftral et Iveco, la nouvelle discipline de conducteur de car sera présentée en démonstration cette année. En complément, nous devons favoriser le développement de l’apprentissage afin de continuer à bénéficier de l’accompagnement de l’Etat qui en a fait l’une de ses priorités dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle. La pérennisation des prises en charge des formations en dépend. Nous avons d’ailleurs reçu une bonne nouvelle puisque les préparations opérationnelles à l’emploi seront financées à 100% par Pôle emploi en 2020. Les circuits de financements ont été un peu complexifiés mais l’engagement de l’Etat sera encore plus important cette année dans ce domaine. Je sais que nous pourrons compter sur nos partenaires au sein du nouvel opérateur de compétences, l’OPCO Mobilités, que nous avons contribué à créer l’année dernière pour remplacer l’OPCA Transports et Services. Les importants défis que nous avons à relever ne se limitent pas à l’emploi. Dans le cadre de nos relations avec les autorités organisatrices de la mobilité, plusieurs chantiers seront également ouverts ou poursuivis par la FNTV.
Après les transferts de compétences opérés aux profits des Régions par la loi NOTRe, la loi d’orientation des mobilités a fait encore évoluer la gouvernance territoriale. Les responsabilités des Régions se sont accrues puisqu’elles interviennent désormais sur l’ensemble des mobilités. Et d’ici 2021, tous les territoires seront couverts par une autorité organisatrice, ce qui devrait modifier encore certaines frontières entre nos différents donneurs d’ordre publics. C’est pourquoi, les travaux menés par la FNTV avec Régions de France, sur le guide des bonnes pratiques des contrats publics entre opérateurs de transport et autorités organisatrices, sont si importants. Je sais que vous êtes nombreux à l’attendre, il sera publié dans les prochains jours. En matière de marchés publics, je tiens particulièrement à ce que nous disposions d’un indice salaire spécifique au TRV afin que les entreprises puissent répercuter les revalorisations salariales annuelles dans leurs contrats avec les collectivités. Nous y travaillons depuis quelques mois avec le Comité National Routier. Il sera disponible dans les prochaines semaines.
Les échéances électorales à venir sont plus que jamais sources d’inquiétudes pour nos activités. La FNTV a pris position en 2019 contre la gratuité des transports publics. Les FNTV régionales auront sans doute des discussions vives avec certains élus pour tenter de les convaincre que les tarifs solidaires sont une meilleure solution que la tentation démagogique de rendre gratuit des réseaux. Les élections municipales du mois de mars vont mettre notre profession à rude épreuve en ce qui concerne l’accueil des autocars de tourisme dans les villes. Bien que l’autocar, en tant que transport collectif, soit intrinsèquement vertueux, nous devons prouver que notre importante contribution à l’économie touristique n’est pas remplaçable aussi facilement que certains pourraient le croire. La suppression des autocars des centres villes n’est pas la solution miracle pour faire baisser la pollution dans les agglomérations !
Ma rencontre avec Benjamin Griveaux en juillet dernier avait permis de faire évoluer ses prises de parole médiatiques au sujet de l’autocar dans Paris. Mais tous les candidats, quelles que soient leurs orientations, rivalisent d’imagination en ce qui nous concerne. Notre engagement concret dans la transition énergétique ne fait aucun doute mais nous ne pouvons pas continuer à être pris en étau entre les attentes légitimes des élus et des populations, sur les motorisations alternatives, et une offre industrielle insuffisante. Je n’ai cessé, au cours des derniers mois, de demander aux ministres de l’économie, de la transition écologique et des transports, la création d’un comité de filière pour les autocars. La proposition de l’Etat de signer avec nous dans les prochaines semaines un contrat de transition énergétique du transport routier de marchandises et de voyageurs constitue l’opportunité que nous attendions afin que l’Etat se porte garant d’engagements tangibles de la part des acteurs de la filière, et en particulier des constructeurs.
Cette démarche trouvera également une continuité au niveau européen grâce au soutien de Karima Delli, Présidente de la Commission Transport du Parlement européen, qui est déterminée à faire en sorte que notre filière industrielle se développe. Les Régions attendent, elles aussi, davantage de la part des industriels pour que le transport interurbain ne soit pas le dernier secteur à bénéficier d’une offre industrielle correspondant aux attentes de tous.
A cet égard, le groupe de travail en cours au sein de l’association Régions de France me permet d’affirmer que nos autorités organisatrices seront à nos côtés pour faire émerger l’offre tant attendue, qu’il s’agisse de GNV ou d’électrique, et demain, de GNL et d’hydrogène. Nous allons d’ailleurs engager, avec nos partenaires des Régions, l’actualisation du guide sur les filières énergétiques, édité il y a deux ans, avec Régions de France et l’ADEME. Un guide sur les stations GNV est en cours de réalisation grâce à l’impulsion de la FNTV PACA ; et la cartographie nationale des stations GNV concernera de nouvelles régions cette année.
Le programme d’engagements volontaires pour l’environnement (EVE), suite du dispositif Objectif CO2, entre dans sa dernière année. Pour compléter les chartes CO2 dans lesquelles s’engagent de très nombreuses entreprises, le label TRV va pouvoir leur être proposé très prochainement. La FNTV, en tant que porteur associé du programme, va poursuivre les actions de sensibilisations individuelles et collectives auprès des entreprises. Nous travaillerons en outre activement à la pérennisation du dispositif sous une autre forme après 2020. Nous avons remporté une belle victoire en 2019 en faisant exclure le transport routier de voyageurs de la baisse du remboursement de TICPE que n’ont pas pu éviter les transports de marchandises.
Je continuerai à veiller à ce que l’évolution de la fiscalité environnementale ne soit pas pénalisante pour notre profession. Les équipes de la FNTV ont travaillé pendant plus de deux ans sur la préparation de la LOM et vont continuer à être mises à contribution par l’Etat pour rédiger les nombreux textes d’application nécessaires à l’entrée en vigueur des dispositions qui intéressent le transport routier de voyageurs. Les premiers travaux ont commencé. Nous mettrons à la disposition de nos adhérents des notes explicatives et des outils pratiques pour leur permettre de remplir leurs nouvelles obligations. Je pense en particulier à l’obligation d’information des passagers sur les règles de sécurité et les consignes d’évacuation pour laquelle nous éditerons un kit de sécurité clé en mains, composé d’affiches à apposer dans les véhicules, de stickers, de vidéos et de messages sonores à diffuser dans les autocars. Cette démarche permettra aux entreprises de renforcer la sensibilisation des passagers au port de la ceinture de sécurité. La rédaction des décrets relatifs à l’obligation de disposer de systèmes signalant les passages à niveau et à celle des porte-vélos fera l’objet d’une attention particulière de notre part. En matière d’innovation, je me félicite des travaux menés en 2019 par la FNTV Nouvelles Mobilités, au sein de laquelle nous avons accueilli les entreprises de covoiturage et les plateformes.
Je voudrais également saluer des actions de la commission économie, numérique et prospective, notamment le guide sur l’ouverture des données de transport élaboré avec la Direction interministérielle du numérique. Il offre aux entreprises un outil concret et clair de mise à disposition de leurs données de transport. L’open data est engagé dans notre secteur, de nombreuses entreprises y ont déjà pris part. Et l’ensemble des entreprises est tenu d’ouvrir leurs données d’ici 2021. La réalisation de ce guide, comme celui sur la gestion de crise, a été très utile aux entreprises qui ont salué ces outils concrets, opérationnels et pédagogiques.
Je suis donc heureux de constater aujourd’hui que l’évolution de la FNTV que je souhaitais impulser au début de mon mandat commence à prendre forme. Il me semblait en effet essentiel de transformer la FNTV pour aider notre profession à affronter les nombreux défis qui l’attendent. Je n’oublie pas que je n’y parviens que grâce aux excellents professionnels qui m’entourent au sein du Conseil exécutif et aux Présidents des commissions thématiques nationales, mais aussi à la force de notre réseau territorial, Présidents des régions FNTV et délégués régionaux, ainsi qu’à tous les collaborateurs du siège de la FNTV, dont notre Déléguée générale. Je vais continuer à compter sur vous cette année pour poursuivre le développement de la FNTV sur les territoires, en métropole comme en Outre-mer, sur les métiers, en accueillant de nouveaux acteurs des mobilités mais aussi d’autres secteurs d’activité.
En effet, la Chambre Nationale des Services d’Ambulance et la Fédération des Entreprises de la Sécurité Fiduciaire ont rejoint la FNTV en 2019, comme je vous l’annonçais l’année dernière. Ces nouvelles alliances vont permettre à la FNTV d’être candidate à la représentativité patronale en lieu et place de la Confédération nationale de la mobilité. C’est un dossier important pour nous. La fin de l’année sera également marquée par deux autres moments importants : le déménagement de notre siège social rue Daru, d’une part, et l’élection du futur Président de la FNTV pour trois ans, d’autre part. Je suis fier de voir tout ce qui a déjà été accompli en deux ans et je sais pouvoir compter sur toutes les énergies pour atteindre les objectifs que nous nous sommes assignés.
Je terminerai en vous souhaitant, à toutes et à tous, très sincèrement une bonne et heureuse année 2020. Je vous remercie.