Prenant appui sur une enquête menée par l’historienne Annie Cohen-Solal, la nouvelle exposition du Musée porte un regard radicalement nouveau sur l’un des plus grands artistes du XXe siècle : Pablo Picasso.
Picasso est un mythe national en France. Depuis l’ouverture du Musée Picasso au cœur de Paris (1985), son œuvre a été pleinement intégrée à notre patrimoine. Pourtant il n’en pas toujours été ainsi. Peu de gens savent qu’il n’est jamais devenu Français : le 3 avril 1940, il déposa une demande de naturalisation qui lui fut refusée et qu’il ne renouvela jamais.
Dès 1901, par erreur, Picasso avait été fiché par la police comme « anarchiste surveillé ». Pendant quarante ans, il fut considéré avec suspicion comme étranger, homme de gauche, artiste d’avant-garde. Jusqu’en 1949, son œuvre, pourtant célébrée dans le monde occidental, ne comprenait que deux tableaux dans les collections françaises. Mais son sens politique lui permit de naviguer avec aplomb dans un pays aux institutions obsolètes, il s’installa pour toujours dans le Midi, choisissant le Sud contre le Nord, les artisans contre les beaux-arts, la région contre la capitale.