Après contretemps, retards et faux départs, le Musée privé Mer Marine (MMM), conçu et financé par un promoteur bordelais, ouvre officiellement ses portes au public vendredi dans le quartier des Bassins à flot, au nord de Bordeaux.
A deux pas de la Cité du Vin, le MMM, encore partiellement en chantier, ouvre ses salles d'exposition permanentes et temporaires, presque un an jour pour jour après l'annulation d'une exposition de célèbres marines de Claude Monet, qui devait être l'un des temps forts de l'inauguration de ce lieu dédié à la mer, le 15 juin 2018.
Pour célébrer sa mise à flot un an plus tard, le MMM a remplacé le grand maître de l'impressionnisme par le dessinateur-humoriste contemporain et bordelais, Sempé, qui depuis le 29 mai a les honneurs de la première exposition temporaire du musée jusqu'en octobre. D'autres artistes contemporains ont prêté leurs œuvres, comme Ben Thouard, photographe du surf et fervent militant de la défense des océans, ou encore la peintre et plasticienne Flore Sigrist qui transforme des poupées Barbie en sirènes.
L'entrée du musée doit accueillir une installation monumentale prêtée pour 18 mois par l'artiste Philippe Pasqua, un mégalodon - espèce éteinte de requin - métallique de sept mètres de haut "crucifié sur une arche", symbole des espèces marines menacées par les excès de l'Homme.
"C'est un nouveau concept de lieu dédié à l'art et à l'histoire maritime que l'on peut découvrir, au fil d'un parcours pédagogique et chrono-thématique de la préhistoire jusqu'à nos jours", explique à l'AFP Norbert Fradin, 67 ans, promoteur immobilier à l'origine du projet.
- Les entrailles du Titanic -
Le collectionneur charentais "passionné depuis l'enfance de mer et de bateaux", reste discret sur le coût du projet, mais assure qu'il l'a "entièrement financé" sur ses propres deniers.
L'espace d'exposition permanente propose sous une pluie de vieilles frégates suspendues au plafond, un parcours historique jalonné de modèles grandeur nature ou réduits de bateaux de pêche, de paquebots et de voiliers, témoins de l'histoire de la navigation commerciale, militaire ou à voile. Ainsi une découpe du Titanic révèle des cales jusqu'au pont supérieur, les entrailles du célèbre transatlantique britannique qui sombra au fond de l'Atlantique Nord lors de sa traversée inaugurale en 1912.
Le visiteur voyage dans le temps et l'espace sur 6 000 m2 d'exposition où cohabitent une pirogue préhistorique, le "bateau lune" des pêcheurs de la baie du Bengale, inventé il y a plus de mille ans, ou encore "le bateau de l'exil" imaginé par l'artiste camerounais Barthélémy Toguo, pour évoquer l'errance des migrants du XXIe siècle.
Dans l'espace dédié à la navigation à voile, un modèle réduit de "Vendredi 13", le trois-mâts du navigateur Jean-Yves Terlain dont Norbert Fradin a racheté l'original pour le restaurer, plus tard.
Le tout dans un bâtiment contemporain de béton blanc de 13.000 m2 signé de l'architecte bordelais Olivier Brochet, strié "comme des rides de sable" et perforé de grandes ouvertures en gouttes d'eau. "Autant d'objets qui ne sont que des prétextes pour raconter les aventures de la mer, et témoigner de la pérennité de la navigation, mais toujours en lien avec l'art de chaque époque", souligne le propriétaire du MMM.
Une toile représentant le port de Bordeaux en 1874, doit d'ailleurs enrichir prochainement la collection permanente du MMM. "C'est une marine d'Eugène Boudin, le maître de Monet", précise Norbert Fradin. Allusion à peine voilée au partenariat avorté, pour raisons d'assurances, avec le Musée Marmottan Monet, l'an dernier.