Au Forum économique mondial, qui s'est conclu le 24 janvier à Davos en Suisse, les professionnels ont promis d'adopter des pratiques plus durables même s'ils préviennent que cela ne sera pas facile.
Face aux impacts environnementaux du tourisme de masse, l'industrie touristique est sur le qui-vive. Car entre croissance économique et écologie, il faudra choisir, estime Carsten Spohr, le président de la compagnie allemande Lufthansa. « On ne peut pas avoir les deux à la fois », s'est-il inquiété, lors d'une conférence au Forum économique de Davos, où la question climatique a occupé le devant de la scène du 21 au 24 janvier. Une partie de la population souhaite arrêter d'utiliser l'avion en raison du CO2 qu'il génère (2,8% du total mondial d'émissions).
Mais Carsten Spohr enjoint à ne pas faire de l'aviation « le vilain petit canard de la mondialisation ». D'autant que, selon le patron de la compagnie aérienne, les clients ne sont pas disposés à payer plus cher pour voler dans un avion au biocarburant. Et si prise de conscience il y a, elle se traduit peu dans les spectaculaires prévisions du secteur : plus de 1,8 milliard de voyages internationaux sont attendus en 2030, deux fois plus qu'au début du siècle.
Gaspillage d'eau, pollution au plastique...
Outre l'avion, le tourisme de masse est associé au gaspillage d'eau et aux grandes quantités de plastique à usage unique jetés chaque jour dans les grandes chaînes hôtelières. Arne Sorenson, président du groupe Marriott International, qui compte des établissements dans 130 pays, assure faire des efforts pour limiter les changements de serviettes de toilette et donc les lessives. Mais il concède que le problème du plastique est difficile à résoudre. Toutefois, cette année, le groupe arrêtera de proposer à ses clients des petites bouteilles de gel douche et shampooing. Les hôtels Marriott en distribuaient 500 millions chaque année.
« Encourager les approches régionales »
Face au changement climatique, le tourisme régional ou local sont de bonnes alternatives, vantent certains acteurs du secteur. « Il faut changer nos mentalités, arrêter de vendre constamment des nouvelles expériences touristiques et encourager des approches régionales », estime Reem Fadda, chargée de promouvoir la culture et le tourisme à Abu Dhabi.
En Amérique centrale, on cite souvent le Costa Rica comme un exemple de bon équilibre entre tourisme et écologie. « La croissance, oui, mais en prenant en compte d'autres paramètres. Quand le tourisme déferle, les populations locales deviennent les serveurs des hôtels. Est-ce cela que nous voulons ? » interroge Alicia Bárcena, responsable de la Commission économique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes (Cepal).
Quand les clients poussent à changer de destination
Pour passer à d'autres modèles, les grandes entreprises de l'industrie du tourisme comptent aussi sur leurs clients pour changer leurs habitudes. « Nous avons observé que beaucoup de nos clients n'ont pas de problème à changer de destination pour une autre plus respectueuse de l'environnement, mais souvent ils n'ont pas l'information », explique ainsi Gillian Tans, la présidente de Booking.com, l'une des principales plateformes de réservation touristique.