Agrandissement de l'aéroport d'Heathrow, nouvelle ligne de métro pour Londres, train à grande vitesse... Le pays a lancé ces dernières années plusieurs projets d'infrastructures pharaoniques qui suscitent la controverse.
Entre retards, flambée des coûts et problèmes, environnementaux, les nuages s'amoncellent pour les dirigeants britanniques qui ont annoncé ces dernières années de grands projets dans les transports. On parle de l'agrandissement de l'aéroport d'Heathrow, de la nouvelle ligne de métro pour Londres et d'une ligne de train à grande vitesse...
Ces projets sont une épine dans le pied du Premier ministre Boris Johnson, qui n'a pas caché ses doutes sur certains chantiers, tout en promettant une nouvelle ère pour les infrastructures afin de réduire les inégalités territoriales.
Le ministre des Finances Sajid Javid a rappelé mardi 7 janvier sur la BBC vouloir mener "une révolution des infrastructures" avec 100 milliards de livres de nouveaux investissements dans les prochaines années. Le gouvernement se prépare toutefois "à prendre des décisions difficiles" lors du budget prévu le 11 mars, a prévenu mardi un porte-parole du Premier ministre, laissant entendre que des projets pourraient être abandonnés.
Quels projets posent problème ? En voici un tour d'horizon.
Ligne de metro Elizabeth
Ce projet baptisé Crossrail doit permettre de relier plus rapidement l'aéroport d'Heathrow dans l'ouest de la capitale à sa banlieue est, via le quartier des affaires de la City. Cette ligne devrait être utilisée par 200 millions de voyageurs par an et décongestionner un réseau de trains, métros et bus qui a souffert d'un manque cruel d'investissements depuis des décennies, avec à la clé de nombreux retards pour les voyageurs qui les empruntent quotidiennement. Ses promoteurs le présentent comme "le plus vaste projet de construction en Europe" dans le secteur du ferroviaire, mobilisant jusqu'à 15 000 personnes.
Mais son ouverture, qui était prévue au départ fin 2018, vient une nouvelle fois d'être repoussée à l'automne 2021, avec un budget qui a dérapé de quelques milliards pour atteindre 18 milliards de livres.
Agrandissement de l’aéroport d'Heathrow
Le premier aéroport d'Europe, avec 78 millions de voyageurs par an, prévoit de construire à partir de 2021 une troisième piste qui sera opérationnelle pour 2026. Son ambition est d'accueillir à terme 130 millions de passagers par an.
Le projet, qui suscite de nombreuses critiques quant à son impact sur l'environnement ou la qualité de vie des riverains, doit être financé par les fonds propriétaires de l'aéroport. L'agrandissement a reçu le feu vert du précédent gouvernement conservateur en juin 2018 puis celui du Parlement britannique mais le nouvel exécutif dirigé par Boris Johnson n'a pas caché ses interrogations et entend avoir son mot à dire sur cette extension et notamment son financement.
Boris Johnson, qui avait par le passé dit qu'il n'hésiterait pas à se mettre en travers des bulldozers pour empêcher la construction de la piste, a aussi exprimé début décembre des "doutes" sur la capacité des promoteurs à préserver la qualité de l'air et limiter la pollution sonore.
Ligne de train à grande vitesse HS2
Très ambitieux mais aussi très contesté, le projet High Speed 2 doit donner naissance à la première ligne au nord de Londres en 150 ans, en reliant la capitale britannique à Birmingham puis à Manchester et Leeds. Il s'agira de la deuxième ligne à grande vitesse après HS1, celle empruntée dans le sud de l'Angleterre par l'Eurostar.
Le budget a déjà gonflé pour atteindre 88 milliards de livres et pourrait même dépasser 100 milliards, soit le double du coût avancé initialement, selon le rapport dissident d'un ancien membre du comité d'évaluation parlementaire du projet et qui s'y oppose désormais, Anthony Berkeley, déplorant aussi ses conséquences pour l'environnement.
Le premier tronçon vers Birmingham pourrait ne pas voir le jour avant 2031 et il faudra peut-être attendre 2040 pour que la deuxième phase soit opérationnelle. Compte tenu des critiques et inquiétudes, le gouvernement de Boris Johnson est pressé de publier rapidement le rapport d'évaluation commandé fin août pour décider si HS2 doit se poursuivre, être modifié ou arrêté.
Le Premier ministre avait évoqué cet été l'option d'une ligne rapide dans le nord du pays mais qui se bornerait à relier Leeds et Manchester, pour donner un coup de pouce à ces régions souvent oubliées par rapport à la capitale. Son gouvernement pourrait même en parallèle nationaliser l'exploitation des lignes ferroviaires actuelles dans le nord de l'Angleterre pour pallier une série de dysfonctionnements.
Anthony Berkeley suggère pour sa part de stopper HS2 et d'investir à la place dans la modernisation des lignes régionales existantes.