Chaque année, les sites de mémoire attirent 20 millions de touristes, dont la moitié d’étrangers. On compte en France une centaine de sites mémoriels dédiés à la Seconde Guerre mondiale. Et plus d’un millier de projets ont été financés pendant les commémorations de la Grande Guerre.
En 2019, les commémorations se poursuivent: 75e anniversaire du Débarquement en Normandie, 75e anniversaire de la Libération de Paris, les 80 ans de la Retirada espagnole. Mais cet intérêt croissant pour le tourisme de mémoire est à maintenir, vaille que vaille. Avec de nouvelles approches, plus d’outils numériques, plus de thématiques sur les civils en temps de guerre et sur la construction de la paix. Les acteurs du tourisme de mémoire se disent optimistes, mais vigilants.
Était-ce la lassitude, l’ignorance ou la pluie? Le 8 mai dernier, la foule était maigre à suivre sur les Champs-Élysées les cérémonies de commémoration de la victoire sur l’Allemagne nazie. Une image bien peu en phase avec le bilan délivré par les sites mémoriels de France au terme des cinq années de commémoration de la Grande Guerre (2014-2018): une fréquentation générale en hausse de 25 % depuis 2014, une pléthore de musées inaugurés ou agrandis grâce aux investissements de la Mission du Centenaire et une offre qui s’est professionnalisée. Si les musées dédiés à la Première Guerre mondiale ont fait le plein, l’ensemble des sites de mémoire ont profité de l’aubaine. Mais comment éviter que le soufflé ne retombe?
En juin, à l’occasion du 75e anniversaire du Débarquement, la Normandie fera l’objet d’un nouveau faisceau de commémorations. En mars dernier, elle a donné à la troisième édition de ses Assises une thématique de circonstance: « Après le 75e anniversaire du D-Day, tourisme de mémoire: et demain? » Les constats sont clairs: le tourisme de mémoire est d’une légitimité sans appel alors que l’on assiste à la montée en puissance des racismes et de l’antisémitisme, la transmission familiale reste un enjeu essentiel et la conquête des « millennials » une nécessité. Il faut affirmer le fond scientifique du message mais faire évoluer les formes de transmission. D’autant plus que « la mémoire s’éloigne », s’inquiètent les historiens: avec la disparition des derniers survivants, on passera du temps de la mémoire au temps de l’histoire et les témoignages directs laisseront place au seul travail des historiens.
La Normandie représente la région mémorielle la plus visitée en France, suivie par l’Ile-de-France, les Hauts-de-France et le Grand Est. En temps normal, elle reçoit 5 millions de visiteurs, six les années de commémoration (soit tous les cinq ans). « La Normandie a su transformer l’événement en destination. Elle est sans doute LE modèle européen, voire mondial, pour ce type de tourisme », soutenait l’historien Sébastien Saur lors des Assises. Aujourd’hui, tout est prêt pour les commémorations, et au-delà! Les défilés et les bals, les parachutages en tenue et les feux d’artifices. Les sites sont sur le pied de guerre: musées, mémoriaux, centres d’interprétation, mais aussi petits lieux de pèlerinage ouverts par des particuliers dans des cafés ou des maisons privées. Le Centre Juno Beach, dans le Calvados, mise sur la jeunesse de ses médiateurs: ils ont l’âge de ces combattants canadiens auquel le Centre rend hommage. D’autres privilégient les outils technologiques les plus innovants, la réalité virtuelle sur tablette ou smartphone, les projections immersives……
La suite du dossier dans le numéro 86 de Juin 2019 de Bus&Car Tourisme de groupe