De prime abord, rares sont les images qui nous viennent à l’esprit quand nous pensons à l’Albanie, et pourtant le pays propose bien des surprises insoupçonnées. Implantée sur la péninsule balkanique, au nord de la Grèce, à l’ouest de la Macédoine, l’Albanie est encore aujourd’hui une destination inédite qui séduit par ses facettes insolites et s’apprécie pour le dépaysement qu’elle procure. Le brassage culturel qui s’y est opéré au fil des siècles a laissé derrière lui un patrimoine riche d’influences multiples.
L’Histoire tumultueuse du pays est marquée par la présence successive de colonies grecques (viie siècle avant J-C), l’occupation romaine (iiie et iie siècles avant J-C), avant d’être envahie par les Slaves (vie siècle), puis par l’Empire ottoman (xive siècle). C’est en 1443 que Skanderbeg – le héros national – parvient à lever une puissante armée et à repousser une première invasion; mais après sa mort, l’Albanie est entièrement conquise par les Ottomans en 1506. Commence alors une période d’islamisation du pays. À la fin du xixe siècle, la conscience d’appartenance nationale apparaît et secoue une influence ottomane en déclin. Il faudra attendre 1913 pour l’indépendance de l’Albanie.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays rejoint le bloc soviétique, sous l’autorité d’Enver Hoxha qui restera au pouvoir jusqu’en 1985. À cette période, la société et l’économie s’ostracisent et le régime en place est souvent présenté comme un des plus fermés d’Europe. À la chute du régime, et jusqu’en 2001, l’Albanie perd environ 50 000 personnes par an. L’émigration s’effectue alors principalement vers l’Italie et la Grèce. Aujourd’hui, l’économie du pays est dominée par les importations. Le salaire moyen est de 230 euros… Une véritable dynamique de changement tarde à être enclenchée, mais une politique touristique se met progressivement en place.
Accessible depuis Paris via l’aéroport Charles-de-Gaulle, le trajet s’effectue en deux heures et demie environ. Certains tour-opérateurs, tels que Travel Europe, misent sur le potentiel de cette destination dans les prochaines années, et initient le développement de vols charters directs depuis l’Hexagone. Depuis le ciel, l’Albanie étonne par le caractère montagneux de son paysage. Véritable terrain de jeu, les Alpes dinariques traversent le pays et occupent près du tiers du territoire. Très peu habitées, elles restent en grande partie préservées.
La plupart des visiteurs débutent leur séjour par la découverte de Tirana. Cette ville aux multiples visages n’est devenue la capitale du pays qu’en 1920. Très contrastée, ses différences s’expriment au gré de ses quartiers aux diverses influences architecturales. Elle offre une gastronomie de qualité, dont la variété traduit le brassage culturel qui s’est opéré au fil des siècles. Certaines adresses, qualifiées de « branchées », bénéficient de rooftops et d’ambiance cosy, fréquentées par la jeunesse dorée albanaise. Bien que cette facette fasse partie de l’identité de Tirana, elle ne constitue pas la règle; ici richesse et pauvreté se côtoient étroitement. Par ailleurs, la capitale reste marquée par son passé industriel; de nombreuses usines (complexes textiles notamment) et cheminées subsistent mais ne fument plus depuis 1992.
Une journée peut être consacrée à l’exploration de la vie culturelle de Tirana. Depuis la place Skanderbeg, qui surprend par sa taille démesurée, en plein cœur de ville, le visiteur peut accéder au musée national d’Histoire, reconnaissable à sa façade ornée d’une mosaïque « à la gloire de l’indépendance et du peuple albanais ». La mosquée Et’hem Bey, actuellement en cours de rénovation, est située à proximité. Elle a été construite entre 1794 et 1821 et est considérée comme une des plus belles du pays.
L’opéra et la bibliothèque nationale sont également implantés autour de cette place. Une visite du Bunk’Art 2 s’impose ensuite. Ce lieu, à la fois insolite et effroyable, est un ancien bunker antinucléaire du ministère des Affaires étrangères, qui accueille depuis 2017 un musée portant sur les crimes de la période communiste et le système policier de la dictature d’Enver Hoxha. Le site permet de comprendre aussi pourquoi le pays est parsemé de petits bunkers – même en pleine campagne – qui devaient participer à instaurer un climat de terreur dans le pays. Des centaines de tunnels existent encore dans chaque quartier.
Il est temps à présent de quitter la capitale pour d’autres horizons, et de découvrir Berat, « la ville aux mille fenêtres », à 120 km de Tirana. Sa vieille ville est classée par l’Unesco. Construite sur les rives de la rivière Osum, elle s’étale harmonieusement à flanc de colline, dans une région fertile plantée d’oliviers et de pêchers. Une visite guidée du musée ethnographique permet de comprendre le mode de vie des habitants au fil des siècles (présentation de costumes traditionnels, compréhension de l’artisanat et des particularités de la vie quotidienne). Cette visite immersive, au cœur d’une maison ottomane du xviiie siècle, est saisissante grâce au guide qui donne vie au site.
Berat offre également un autre trésor: une citadelle datant du xiiie siècle. Située sur les hauteurs de la ville, elle s’explore progressivement au fil de ses ruelles étroites, ponctuées de bâtiments pittoresques. Son charme repose aussi sur la faible présence de touristes. Le site comprend plusieurs églises byzantines et des mosquées ottomanes abritant de magnifiques fresques murales.
À présent, destination Apollonia, dont le nom évoque à lui seul évasion et poésie. Cette cité archéologique, située à proximité du village de Pojani, a été créée en 620 avant J-C par des colons venus de Corfou et de Corinthe. Sa prospérité et sa longévité de dix siècles s’expliquent par sa situation stratégique, au carrefour de routes commerciales, et par la dynamique de son port; elle a abrité jusqu’à 60 000 habitants. Au ive siècle, un tremblement de terre amorce son déclin. Cette catastrophe naturelle provoque un changement de la direction du fleuve Aoôs, et les terres jusque-là cultivables deviennent marécageuses; ce phénomène engendre la migration progressive de sa population.
Apollonia présente aujourd’hui un cadre enchanteur. Dominant le territoire, elle offre une vue remarquable sur les environs. Des oliviers centenaires participent à la beauté du site et au bien-être qui s’en dégage. Il est ici possible de déambuler au gré de vestiges grecs et romains; le bouleutérion (ou Conseil) et l’odéon témoignent de l’importance de cette ancienne cité. Le parc comprend également un musée archéologique ainsi qu’un monastère médiéval.
Pour terminer cette escapade méditerranéenne, rendez-vous à Krujë. Cette ville implantée au nord de Tirana dévale à flanc de falaise. Si son musée dédié à Skanderbeg et son marché de souvenirs aux allures de souk sont incontournables, tout l’intérêt de cette cité médiévale s’apprécie en s’éloignant de l’agitation populaire pour emprunter les ruelles adjacentes. Le charme opère alors instantanément. De petites églises, des bâtiments pittoresques et des vues étonnantes s’offrent alors aux plus curieux. Le temps semble s’être arrêté et l’Albanie révèle alors son caractère singulier voire sa douceur méditerranéenne.
L’Albanie est une destination qui offre de belles surprises. Son patrimoine archéologique, sa gastronomie, son authenticité et l’hospitalité de sa population sont d’indéniables atouts et la progression de sa fréquentation touristique semble inévitable. Pour l’heure, elle reste une destination qui s’adresse aux voyageurs désireux de vivre une expérience dépaysante, inédite tout en étant accessible. Loin du tourisme de masse qui frappe les pays proches, la volonté des autorités et les profonds changements qui se profilent laissent présager un futur prometteur pour l’Albanie, sans doute une prochaine destination phare du bassin méditerranéen dans les années à venir.
Connaissez-vous le bektachisme?
L’Albanie surprend par les différentes religions qui y cohabitent et qui participent à la richesse de son identité. Selon le dernier recensement de 2011, près de 57 % de la population est musulmane, 10 % catholique, 7 % orthodoxe, 5,5 % athée et 2,1 % bektachis. Le bektachisme est un des courants de l’Islam, qui s’est développé en Turquie au xiiie siècle et qui a contribué à l’islamisation de l’Europe de l’Est. Cet ordre religieux se distingue de l’islam fondamentaliste et se traduit par des pratiques religieuses plus modérées (absence d’heures fixes pour la prière, possibilité de consommer de l’alcool, mosquées accessibles à tous et à toutes…). Aujourd’hui, le centre mondial du bektachisme se trouve en Albanie et il existerait environ 15 millions de Bektachis dans le monde.
> Chiffres clés
> Superficie: 28 748 km2;
> 400 kilomètres de littoral;
> Nombre d’habitants: 2,9 millions en 2018;
> Nombre de touristes: 5,3 millions en 2017;
> 25 % des visiteurs sont des excursionnistes venus en voisins;
> 45 000 Français ont visité le pays en 2018;
> Volonté d’intégrer l’Union européenne à l’horizon 2024;
> 2 sites Unesco: La ville de Berat et le site de Butrint;
> 1 euro = 121 Lek.
Testés pour vous
→ Hôtel Grand Blue Fafa Resort à Golem
Cet hôtel positionné sur le segment haut de gamme est situé à proximité de Durrës (à 43 km de Tirana), face à la mer adriatique. Il comprend 360 chambres, une piscine extérieure, un restaurant, deux bars, deux salles de conférences et une salle de réunion ainsi qu’un centre de remise en forme. Cet hôtel a récemment ouvert ses portes et sa façade éclatante contraste avec ses abords qui manquent d’entretien.
→ Hôtel Diplomat Fashion à Tirana
Implanté dans la capitale albanaise, cet établissement bénéficie d’un emplacement facilement accessible depuis l’aéroport. Les chambres confortables et spacieuses sont bien équipées. Cet hôtel dispose de plusieurs salles de réunion et d’un restaurant proposant des petits-déjeuners copieux pouvant être servis en terrasse.
→ Restaurant Salt, Tirana
Située dans le quartier de Blloku, cette adresse propose une cuisine aux saveurs méditerranéennes et raffinées. Son cadre est élégant et son service attentif. Certains soirs à l’étage, un DJ participe à l’ambiance branchée du site. Un rooftop vient parfaire le tout. Une expérience à ne pas manquer.
→ Restaurant Bardhi, Krujë
C’est dans un cadre remarquable, offrant une magnifique vue sur les montagnes et la mer que s’implante ce restaurant. Situé à deux pas du musée Skanderbeg, il propose une cuisine albanaise traditionnelle. Des tables sont réservables en terrasse et permettent de s’imprégner pleinement de l’atmosphère particulière de Krujë.
Pratique…
Albania.al
Site du tourisme albanais (disponible en anglais)
Ambassade de l’Albanie en France 57, avenue Marceau, 75116 Paris
Tél.: 01 47 23 31 00
Maison de l’Albanie
26, place Denfert-Rochereau
75014 Paris
Tél.: 01 43 22 66 23
Questions à…
→ Selon vous, sur quoi repose le potentiel de l’Albanie?
Le pays est en plein essor. Le nombre de touristes français a augmenté de 30 % en 2018. La richesse de l’Albanie repose à la fois sur sa culture, son climat, ses sites archéologiques ainsi que sur ses influences orientales et occidentales qui s’expriment dans sa gastronomie.
→ Quels sont vos objectifs concernant cette destination?
Nous souhaitons attirer 3 000 personnes en Albanie en 2019 et 5 000 en 2020, d’où le développement de vols charters dès septembre 2019 et un renforcement de ces vols en 2020, depuis de nombreuses villes françaises.
→ Quels types de circuits proposez-vous pour cette nouvelle destination?
Notre offre repose sur deux circuits: « les charmes de la péninsule balkanique » un voyage parcourant l’Albanie, la Macédoine et la Grèce en huit jours. Nous proposons également une « découverte en étoile en Albanie », un voyage de 8 jours permettant de savourer l’ambiance balnéaire du pays, l’aspect médiéval du territoire, tout en séjournant au sein d’un même hôtel (quatre étoiles). Notre offre comprend également deux séjours au sein de deux établissements haut de gamme, à Golem.
Zoom sur visit europe
Visit Europe, la filiale française de l’entreprise familiale autrichienne Travel Europe a pour particularité de s’ouvrir chaque année à une nouvelle destination. Il s’agit cette année de l’Albanie, via l’ouverture d’un bureau à Tirana. Le tour-opérateur est en pleine expansion et devrait afficher un chiffre d’affaires proche de 21 millions d’euros en 2018. Il s’élèvera à près de 125 millions d’euros pour Travel Europe. 90 % des ventes du groupe reposent sur des circuits.
Leur communication est innovante et en partie tournée vers le storytelling, soit la mise en récit de destinations. Le TO travaille ainsi avec une société spécialisée en « brand content » lui permettant de se positionner comme auteur de voyages et d’histoires. Quatre romans policiers ont déjà été publiés et 20 000 exemplaires édités. À chaque parution d’un tome de la saga, un jeu-concours est organisé pour gagner un voyage sur les lieux de l’intrigue (des villes européennes desservies par le voyagiste). Le projet a été récompensé en 2019 par l’obtention du « Grand prix du Brand Content » dans la catégorie « Édition/livre de marque ».