Mercredi, c’est permis ! Thierry Beaurepère vous fait part de son humeur du moment. Cette semaine, il revient sur les handicaps pointés du doigt par les compagnies aériennes françaises... en les appelant à se remettre en question.
Lancées au printemps, les Assises nationales du transport aérien accoucheront-elles d’un éléphant ou d’une souris ? Les conclusions - prévues pour cet été - ne seront finalement connues qu’en octobre ; sans doute pour se mettre au diapason des compagnies françaises qui naviguent à vue depuis quelques années et ne cessent d’accumuler les retards, dans les airs comme sur leurs concurrents !
Pour l’heure, dans un exercice de lobbying maîtrisé (mais c’est son rôle !) qui a réunit des dizaines de journalistes, la Fédération nationale de l’aviation marchande (Fnam) préfère dénoncer les obstacles qui pénalisent le pavillon français. A juste titre car les taxes et autres redevances hexagonales sont stratosphériques : 4,6 milliards d’euros versés chaque année. Jamais en manque d’imagination, les autorités en ont inventé une vingtaine, facturant même de la TVA... sur les taxes !
Au moins nos énarques pratiquent-ils le principe d’égalité, puisque les automobilistes sont soumis au même barème avec la célèbre TIPP... Mais à force de chanter "C’est pas ma faute à moi" comme des éméchés assoiffés d’Alizée lors d’un karaoké, rejetant la faute sur les taxes mais aussi les charges sociales, ADP, les compagnies low cost ou du Golfe, nos chers transporteurs en oublient de se remettre en question. "L’adaptation des compagnies françaises ces dernières années a été sensible", affirme néanmoins Franck Terner, le DG d’Air France, sans sourciller !
Un secteur aérien français qui se cherche
Il est vrai que le groupe ne rechigne pas à changer régulièrement de patron pour se donner un petit coup de fouet. On a même crû un instant que le prochain commandant de bord serait... une commandante. Quelle audace ! En attendant, Air France vient de fermer les portes de son agence historique de l’Avenue de l’Opéra, à Paris. Tout un symbole... Sans doute Franck Terner fait-il allusion à Joon et ses 28 avions prévus en 2020, contre 150 pour Norwegian ; à moins qu’il ne s’agisse de Transavia France. Mais qui peut croire qu’avec sa trentaine d’appareils, la compagnie verte fait le poids face à Easyjet et ses 300 joujoux orange ; ou même à Vueling, la filiale de British Airways qui sait – elle – ce que veut dire s’adapter.
En Grande-Bretagne, non seulement les low cost sont plus puissantes qu’en France, mais Emirates y assure plus de 100 vols par semaine, contre une trentaine en France. Ce qui n’empêche pas British Airways de dégager d’insolents bénéfices... Cela dit, je m’acharne sur Air France mais la stratégie opportuniste des autres compagnies métropolitaines, qui ouvrent et ferment des lignes sans qu’on ait le temps de dire ouf et signent des accords de code-share à la pelle - en attendant un éventuel (et improbable ?) regroupement qui donnerait naissance à la seconde compagnie française -, laisse tout aussi dubitatif.
Entre Corsair qui opère une montée en gamme et dont on dit qu’elle est à vendre depuis des années et XL Airways qui, le c... entre deux chaises, cible la clientèle loisirs mais refuse d’aller jusqu’au bout de la logique en basculant vers un modèle tout low cost, difficile d’y voir clair. Quant à Aigle Azur, après Berlin et Beyrouth, elle vient d’ouvrir Sao Paulo. Annoncée pour juin, Pékin se fait encore attendre. La mort récente du patron de HNA, actionnaire chinois de référence, y serait-elle pour quelque chose ? Aigle Azur est back in the game se réjouissait récemment son nouveau patron Frantz Yvelin, qui veut faire du "low fare tout en montant en gamme". Moins cher et mieux... voilà qui est audacieux !