Le mercredi, c'est permis ! Après la trève estivale, Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Et les événements qui ont frappé le transport aérien cet été ne lui ont pas échappé.
L’information est tombée en pleine torpeur estivale, à l’heure où les peaux blanches viraient au rouge et les strings (il paraît que ça revient à la mode !) envahissaient les plages… Après plusieurs articles parus notamment dans Le Figaro et Tour Hebdo, Aigle Azur reconnaissait faire face à des difficultés financières. Selon nos informations, elle devrait plus de 30 M€ à ses créanciers, de l’Urssaf à ADP en passant par les sociétés qui lui louent ses avions.
Pas vraiment un scoop, à vrai dire ! A force de tirer sur la ficelle, on se doutait qu’un jour, elle allait finir par céder. En juillet 2018 déjà, alors même que son patron Frantz Yvelin claironnait qu’Aigle Azur était « back in the game » (ça a plus de gueule en anglais !), je m’interrogeais dans cette même rubrique sur la stratégie du transporteur qui voulait faire du « low fare tout en montant en gamme ». Un peu comme si on demandait à KFC de cuisiner un canard laqué pour moins de 10 €...
La compagnie n’est pas menacée à court terme a précisé Frantz Yvelin dans une interview accordée à l’AFP, affirmant qu’Aigle Azur disposait de 25 M€ de trésorerie début août. De quoi, au moins, rassurer les milliers de passagers qui comptent sur la compagnie « meilleure et moins chère » pour reprendre le chemin du travail. Au Portugal mais surtout en Algérie (plus de 50% de l’activité), une défaillance estivale aurait été catastrophique…
Les inquiétudes quant à l’avenir sont toutefois suffisamment importantes pour avoir fait appel à une société spécialisée en communication de crise. « C’est pas ma faute à moi ! », semble dire Aigle Azur, qui dénonce — en vrac — le coût du travail en France ou la hausse du prix du kérosène. A juste titre. Mais le transporteur fait aussi les frais de choix stratégiques discutables : un actionnaire chinois HNA, aujourd’hui mal en point, dont on peut s’interroger s‘il était le plus compétent pour accompagner la seconde compagnie française. Avait-elle le choix ? Et une politique de diversification qualifiée « d’hasardeuse » en interne.
D'autres compagnies françaises pourraient subir le même sort
En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, Aigle Azur a ouvert des lignes pour Berlin, Milan, Beyrouth, Moscou ou Kiev mais aussi Pékin et Sao Paulo, une folle course en avant souvent opportuniste, sans réelle cohérence de réseau. Des lignes parfois fermées quelques mois plus tard seulement, sans avoir eu le temps de les installer dans le ciel, d’accompagner commercialement leur développement. De quoi dérouter les agences de voyages, et leurs clients…
Pour remplir ses caisses, Aigle Azur se prépare à céder ses activités vers le Portugal au plus-disant, comprenez le groupe IAG (British Airways/Iberia) par le biais de sa low cost Vueling, trop heureux de récupérer à bon prix de précieux slots à Orly. D’autres mesures douloureuses sont à prévoir. On devrait en savoir plus dans le courant du mois de septembre.
Suffiront-elles à éviter le pire ? Dans un ciel européen en pleine recomposition, les « seconds couteaux » (comme British Midland en Grande-Bretagne ou Air Berlin en Allemagne) ont presque tous disparu ou ont été avalés par plus gros … La France peut-elle échapper au phénomène ? Et déjà, les regards se tournent vers les autres flibustiers hexagonaux, à commencer par XL Airways dont une assemblée des actionnaires se tient aujourd’hui même. L’été a été chaud dans le ciel français, l’automne pourrait être brûlant…